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Les loteries vidéo plus fréquentes dans les quartiers vulnérables

Photo: TC Media - Archives

Les Montréalais les plus susceptibles de développer une dépendance aux jeux du hasard sont six fois plus exposés aux appareils de loterie vidéo, selon une étude de la Direction de la Santé Publique (DSP).

Plusieurs quartiers de Montréal, comme le Centre-Sud, Parc-Extension, Saint-Michel, Hochelaga-Maisonneuve, mais aussi Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, présentent à la fois une forte accessibilité aux appareils de loterie vidéo (ALV) et une vulnérabilité élevée à la dépendance aux jeux.

Carte - Vulnérabilité aux problèmes de jeu et accessibilité des ALV

L’étude indique que «ces territoires sont plus propices aux impacts préjudiciables liés aux jeux de hasard et d’argent», comme les problèmes financiers, la détérioration des relations et le développement de problèmes de santé mentale.

Méthode en trois étapes
Cette conclusion est le fruit d’un travail amorcé il y a plusieurs mois par la DSP. En octobre, la DSP avait publié la distribution spatiale du risque associé aux jeux de hasard et d’argent à Montréal. On y remarquait que l’Est et le centre-ville étaient particulièrement vulnérables à la dépendance aux jeux, compte tenu, entre autres, du nombre élevé de personnes sans diplôme, d’hommes âgés de 18 à 44 ans, de personnes vivant sous le seuil de faible revenu ou encore de personnes vivant seules.

Ils ont ensuite cartographié l’accessibilité aux ALV à Montréal. On remarque qu’à certains endroits – de Rivière-des-Prairies, Montréal-Nord, Saint-Léonard, Parc-Extension, Saint-Michel, Ville-Marie ou encore LaSalle – la distance moyenne à parcourir pour se rendre à un site qui possède un ALV n’est que de 394 mètres, soit environ trois minutes de marche.

Enfin, les chercheurs de la DSP ont croisé les deux cartes pour mettre en lumière les secteurs où il existe un lien significatif entre la grande accessibilité aux ALV et l’indice de vulnérabilité aux problèmes de jeux.

Ils ont aussi ajouté à ces données, la présence de points de vente de loterie. Toutefois, puisque ce type de jeu ne débouche que rarement sur des cas de problèmes de dépendance, il a été traité à part des données sur la loterie vidéo.

«Notre volonté était de fournir une information éclairée sur la situation de la dépendance aux jeux à Montréal avec des méthodes de pointe. Le but est d’amener des données aux décideurs pour diminuer les risques en travaillant sur une prévention plus ciblée.» Jean-François Biron, chercheur à la Direction de la Santé Publique.

Recommandations
Au-delà des simples résultats, les trois chercheurs de la Direction de la Santé Publique – Jean-François Biron, Eric Robitaille et Maryam Bazargani – ont souhaité adresser quelques recommandations à l’intention du gouvernement québécois, dont tenir compte de la présente étude dans l’application du plan de retrait d’appareils de loterie vidéo annoncé par le gouvernement Couillard. Ils recommandent aussi la mise en place d’un monitorat pour contrer le jeu illégal.

De son côté, Loto-Québec n’a pas encore consulté l’étude de la DSP. «Nous allons lire avec attention les conclusions de la DSP et continuer à collaborer avec eux. Pour l’instant nous sommes au début de la mise en place de notre plan d’action», explique Patrice Lavoie, responsable des relations presse.

Ce plan prévoit notamment un programme de retrait volontaire dans lequel les exploitants d’ALV qui s’engagent à retirer leurs appareils recevront une compensation. «Nous allons aussi assurer un point d’équilibre entre l’offre d’appareils et la population pour éviter les « déserts » et la possible apparition d’appareils illégaux», précise M. Lavoie.

«Nous sommes très contents de la décision du gouvernement de retirer des appareils de loterie vidéo. Selon nous, c’est une orientation de santé publique qui était nécessaire», affirme Jean-François Biron, chercheur à la DSP.

Le chercheur ajoute que l’étude devrait être reconduite dans plusieurs années afin d’observer l’évolution du jeu à Montréal.

Les Jeux de hasard et d’argent (JHA) en chiffres

  • 4% – Proportion de la population québécoise qui parie de l’argent sur les appareils à loterie vidéo
  • 61% – Proportion de la population québécoise qui joue à la loterie (6-49, jeux à gratter…)
  • 50% – La moitié des profits tirés des JHA proviennent de la loterie vidéo
  • 3200 – Appareils de loterie vidéo sont répartis dans environ 450 sites dans la région montréalaise (sans compter le Casino)
  • 13 000 – Visiteurs par jour au Casino de Montréal
  • 1100 – Appareils de loterie vidéo vont être retirés par le Gouvernement dans l’ensemble de la province d’ici deux ans
  • 1 200 000 000 – Dollars en moins qui ont été dépensé par les Québécois en JHA en 2016 par rapport à l’année 2006
  • 45% – Baisse de participation aux JHA chez les jeunes de niveau secondaire entre 2004 et 2013

Sources: Enquête ENHJEU Québec : portrait du jeu au Québec : prévalence, incidence et trajectoires sur quatre ans. Rapports annuels de Loto-Québec. Banque de données de l’Enquête sur le tabac, l’alcool, les drogues et le jeu chez les élèves du secondaire.

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