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Rendre les autochtones visibles

Manon Barbeau, cinéaste. Photo: TC Media - Isabelle Bergeron

Près de 1000 films plus tard, la réalisatrice Manon Barbeau peut dire mission accomplie. Son organisme Wapikoni, basé à Outremont, a réussi à transformer des centaines de vies dans les communautés autochtones et donner une voix à de nombreuses femmes grâce au cinéma.

Retour aux études, nouvel emploi, reconnaissance à l’international, la productrice a en tête de nombreuses histoires à succès d’autochtones chez qui la réalisation d’un court-métrage avec Wapikoni a eu un impact majeur dans leur parcours, dont le rappeur Samian.

Mis sur pied en 2004, l’organisme de l’avenue Atlantic développe des compétences artistiques et cinématographiques chez les jeunes des Premières Nations. À bord de l’un des cinq studios ambulants, les formateurs de Wapikoni voyagent dans les différentes communautés, principalement au Québec, mais aussi en Amérique du Sud. Cette année, Wapikoni atteindra la réalisation d’un millième film.

«L’objectif est aussi de faire connaître les Premières Nations qui sont trop peu connues», mentionne Mme Barbeau, directrice générale de l’organisme.

«On ne veut pas que tout le monde devienne cinéaste, mais le but est de développer de la fierté identitaire, des compétences techniques et le goût à la vie parce qu’il y a un taux de suicide important dans certaines communautés.»-Manon Barbeau

Journée des femmes

L’organisme porte le nom d’une jeune Atikamekw de Wemotaci, Wapikoni Awashish, avec qui Manon Barbeau a planché sur un scénario de long métrage. En mai 2002, cette femme de 20 ans est décédée dans une collision impliquant sa voiture et un camion chargé de bois.

Un accident tragique qui a mené la fille de l’artiste-peintre Marcel Barbeau à concevoir son projet de studio mobile en création audiovisuelle et musicale.

À ses débuts, Wapikoni attirait peu les femmes. Treize ans plus tard, elles représentent 50% des quelques milliers de participants impliqués avec l’organisme.

«Beaucoup d’entre elles sont prises par la famille. Elles ont des enfants assez jeunes.  Mais un moment donné, une s’est présentée avec son bébé dans la roulotte et ça s’est multiplié. La confiance s’est aussi gagnée», expose la mère de la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette.

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, quelques-unes de ces réalisatrices seront à l’honneur. Jusqu’au 11 mars, Wapikoni diffuse sur les réseaux sociaux des courts-métrages de cinéastes autochtones.

«On veut donner le plus de visibilité à ces femmes qui méritent vraiment d’être plus entendues parce qu’elles ont beaucoup à dire et elles ont beaucoup de talents pour le dire», soutient Mme Barbeau.

Selon elle, le 8 mars est le moment de célébrer le chemin parcouru en matière de droits des femmes. «Mais aussi pour ne pas oublier de se serrer les coudes, toutes nationalités confondues, afin de continuer de lutter pour l’égalité des femmes et leur épanouissement», précise la productrice, qui a souligné cette journée à la résidence pour personnes âgées, L’image d’Outremont, où elle a donné une conférence.

Double sous-représentation

La productrice constate l’émergence d’une génération de jeunes cinéastes amérindiennes. Toutefois, leur présence demeure marginale alors que de façon générale les femmes réalisent entre 39% et 41% des projets de longs métrages et documentaires au Québec, selon un rapport de Réalisatrices équitables.

«Les autochtones sont déjà sous-représentés. Donc, être femme et autochtone, c’est une double sous-représentation», avance celle qui compte des dizaines de documentaires et productions télé à son actif.

Wapikoni pourra poursuivre sa mission de rendre visible les Premières Nations ailleurs au Canada. L’organisme obtenu du financement d’Ottawa pour visiter les communautés d’un océan à l’autre.

En juin, Wapikoni prévoit aussi distribuer dans les musées, les bibliothèques et les écoles un coffret contenant au moins 200 films produits au cours des 12 dernières années.

 

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