Un cadeau de 3,3 milliards
22 mars 2017. Deuxième journée où les Canadiens goûtent à l’arrivée tant attendue du printemps, mais aussi jour attendu par les contribuables. Le ministre des Finances, Bill Morneau, dépose son budget 2017, budget qui «créera des emplois et investira dans les communautés». Et assurera du même coup le «succès» du Canada «dans l’économie de l’avenir.
Que de belles nouvelles alors! Ou presque, car depuis plusieurs années, les gouvernements fédéral et provinciaux continuent à remettre 3,3 milliards de dollars en subventions directes et indirectes aux sociétés pétrolières et gazières. 2017 sera-t-elle différente?
Selon le Fonds monétaire international, le FMI, notre dépendance aux énergies fossiles nous coûte cher. Très cher même. Selon l’institution, c’est 60 milliards $ que le Canada paie réellement pour les «dommages» causés par nos choix énergétiques actuels, si on calcule les impacts des bouleversements climatiques, les coûts de santé, les problèmes de congestion et de pollution de l’air.
Oui, vous avez bien lu: on donne 60 milliards de dollars aux pétrolières et en retour ils nous donnent pour 60 milliards de dollars de problèmes. Un bon échange n’est-ce pas?
Dans les termes bien aimés des économistes, ceci n’est pas un bon investissement contrairement à ceux en éducation, par exemple.
Et si on prenait les 3,3G$ pour les mettre dans des projets qui nous tiennent à cœur et qui favorisent un développement économique plus durable, au lieu d’alimenter une dépendance aux énergies fossiles, à coup de subventions qui profitent principalement à une poignée de multinationales?
On pourrait par exemple financer le prolongement tant rêvé de la ligne bleue du métro, projet qui fait et refait la manchette depuis… 1997.
Chiffré justement à près de 3 milliards de dollars, cette infrastructure desservirait 80 000 usagers par jour, en plus d’aider au développement du secteur. Et ce projet majeur de transport public sera là pour plusieurs générations. Lors des derniers budgets, les deux paliers du gouvernement ont d’ailleurs confirmé que le projet sera prioritaire dans le nouveau programme fédéral d’infrastructures… tout en le mettant sur la glace pour une année de plus!
Pour ce montant, on pourrait aussi payer 44 000 lits d’hôpital de plus par année, ou encore l’éducation de 260 000 élèves du secondaire.
Et que dire des énergies renouvelables? Depuis 2015, les énergies propres ont dépassé les énergies fossiles en termes de nouvelles installations dans le monde. Même si elles sont 4 fois moins subventionnées que les fossiles, les énergies renouvelables livrent leurs promesses et sont déjà plus compétitives.
Imaginez ce qu’on pourrait faire en y investissant un peu plus. On aurait enfin une offre énergétique digne de «l’économie de l’avenir».
Peu se souviennent que dans sa plateforme électorale, Justin Trudeau promettait d’accomplir l’engagement du G20 et d’éliminer les subventions aux énergies fossiles puis de rediriger cet argent dans les énergies et les technologies propres.
Pour 2017, les Canadiens n’en demandent pas moins.