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Un syndicat exige une politique pour soutenir les élèves transgenres

Transgender Sign, Gray and White Sign with a woman, male and transgender symbol Photo: Archives-TC Media

Un syndicat d’employés de soutien en éducation demande à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPÎ) d’adopter une ligne directrice pour soutenir les enfants transgenres au sein de ses écoles, et ainsi éviter des situations inconfortables pour les élèves et le personnel.

Il est impossible de savoir combien d’enfants transgenres fréquentent des écoles de la CSPÎ puisqu’ils ne sont pas recensés par les administrations scolaires. Mais selon la SSEPÎ, il ne fait aucun doute qu’il y en a dans les salles de classe de la pointe de l’île.

«Personne à la commission scolaire ne veut parler des élèves transgenres, parce que personne ne veut reconnaitre qu’il y a des trans dans son établissement», affirme Stéphane Soumis, président du Syndicat du soutien en éducation de la Pointe-de-l’Île (SSEPÎ), à l’origine de la démarche auprès de la CSPÎ.

La mise en place d’une politique permettrait de les reconnaitre et de les aider, de manière uniforme.

«Aujourd’hui, chaque membre du personnel y va de sa propre interprétation, selon son niveau d’ouverture aux sujets des élèves transgenres. Il n’y a donc aucune cohérence», explique M. Soumis.

Des situations gênantes
«Les formulaires dans les écoles sont genrés, les enfants trans ne savent pas quelle case cocher entre Féminin ou Masculin. Dans l’établissement, ils ne savent pas quel vestiaire, quelle salle de bain ils peuvent utiliser», détaille Jacques Pétrin, membre du comité pour la diversité et l’identité de genre à la Centrale des syndicats du Québec.

Face à ces situations, le personnel de soutien ne sait pas quel comportement adopter. «Nous avons besoin de lignes directrices pour travailler avec ces jeunes. Nous avons besoin de nommer les choses, qu’il y ait des gens dans les établissements pour accueillir les enfants transgenres», réclame Annie Bertrand, qui siège au comité diversité sexuelle et identité de genre du SSEPÎ.

«Les institutions devraient se plier à l’autodétermination du jeune. Elles doivent respecter cela», Jacques Pétrin, membre du comité pour la diversité et l’identité de genre à la Centrale des syndicats du Québec.

La CSDM à l’avant-garde
La demande du SSEPÎ s’inspire de ce qui se fait déjà chez sa voisine, la Commission Scolaire de Montréal (CSDM). En 2016, la CSDM s’est dotée d’une politique pour «outiller les intervenants scolaires sur la réalité des élèves transgenres» et «garantir à ces élèves un accès équitable à la vie scolaire», selon ce qui est écrit dans un rapport du Bureau des affaires juridiques de la CSDM.

Dans un document de 15 pages, les membres du comité sur les élèves transgenres, supervisés par des experts des domaines médical et légal, donne des définitions, des pistes d’actions et des conseils pour les soutenir. Il est notamment indiqué qu’il faut «permettre à l’élève de porter des vêtements qui cadrent avec l’expression de son identité de genre» ou encore qu’il est important «d’utiliser le prénom et le pronom choisis par l’élève».

De son côté, la CSPÎ indique avoir formé un comité de réflexion sur la question. Composé de membres de la commission, de membres des directions des écoles ainsi que de professionnels de la santé, il travaille depuis plusieurs mois sur ce sujet. Toutefois, la CSPÎ n’est pas en mesure de préciser pour l’instant quelle forme, ni à quel moment, les fruits de son travail seront communiqués.

Même chose du côté de la Commission scolaire Marguerite Bourgeoys. La commission a également demandé à une consultante extérieure de rencontrer les directeurs d’école pour les sensibiliser à la question des enfants transgenres. Des ateliers à destination des élèves seront aussi organisés dans certains établissements.

Le Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île (SEPÎ), lui ne se prononce pas. «À prime abord, le SEPÎ soutient ce genre de démarche, mais il faudrait d’abord qu’il ait pris connaissance de la demande et qu’il puisse étudier la possibilité de, peut-être, se joindre au SSEPÎ dans sa requête», détaille le syndicat dans un courriel envoyé à TC Media.

Selon une experte sur la question des jeunes et des enfants transgenres
Se doter de lignes directrices à suivre au sein des établissements scolaires permet d’éviter les situations discriminatoires. «Cela permet de guider le personnel des écoles sur les meilleures pratiques à adopter, plutôt qu’il se fie à ce qu’il croit, à ces valeurs personnelles», opine Annie Pullen-Sansfaçon, professeure à l’École de travail social de l’Université de Montréal et vice-présidente d’Enfants transgenres Canada.
Selon elle, ce ne sont même pas les commissions scolaires qui devraient se pencher tour à tour sur la question des enfants transgenres. «Actuellement les hautes directions des établissements scolaire ne sont peut-être pas en accord sur ce qu’il faut faire. Je serai heureuse de voir des lignes directrices qui viennent directement du Ministère de l’Éducation».   

Dans la loi

  • Le 10 juin 2016, l’Assemblée nationale adopte la loi 103, qui permet aux enfants québécois, dès l’âge de 14 ans, de faire modifier la mention de sexe, masculin ou féminin, de leur acte de naissance sans devoir subir de chirurgie. Depuis, un jeune homme peut légalement prendre un nom de fille et inversement.
  • Dans le même temps, la Charte des droits et libertés de la personne est modifiée, de manière à interdire de façon explicite toute forme de discrimination fondée sur l’identité de genre.

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