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Le «Fashiontech»: le premier festival de mode techno à Montréal

Montréal aura son premier festival de mode technologique, créé par une femme, Valérie Lamontagne, qui oeuvre depuis 10 ans dans une industrie qui a du mal à communiquer et à coordonner ses efforts entre ses membres. Entretien avec une fashionista mordue de techno.

«J’ai toujours fait partie de plusieurs groupes. Je ne suis pas du genre à être dans une seule clique. J’aime mettre en relation les gens qui ont des intérêts communs, le côté humain de la chose me passionne.» – Valérie Lamontagne, créatrice du festival Fashiontech

Qu’est-ce que le Fashiontech?
Il y a trois grands domaines:
1. Le concept des «wearables»est, à la base, consiste à porter un ordinateur sur soi en tout temps. Les produits les plus connus sont l’Apple watch ou la Fitbit. Ce sont des accessoires qui enregistrent des données permettant à l’utilisateur de tirer des conclusions sur son état de santé, par exemple.
2. Les textiles intelligents sont un produit de la technologie. On les rend biodégrables ou hydrofuges, pour les utilisations les plus communes. On peut aussi les programmer. Ils sont utilisés dans le domaine de l’automobile, de l’aérospaciale et évidemment de la mode.
3. Le fashiontech c’est l’utilisation de la technologie au service de la mode. L’esthétisme y est important.

«Ce sont des fermetures éclairs qui conduisent l’électricité, l’insertion d’un circuit électrique dans un chandail, coudre des écouteurs à l’intérieur d’un pull ou, au contraire, enregistrer le son ambiant, etc.» – Valérie Lamontagne

Que va-t-on trouver au festival Fashiontech?
Le but est de rejoindre les acteurs des domaines de la technologie et de la mode à Montréal afin qu’ils puissent échanger leurs idées et leur savoir-faire. Le festival est divisé en deux parties: des conférences d’un côté, et un hackathon de l’autre.

On y trouve des gens qui travaillent en wearables, dans l’industrie de la mode, en textile intelligent, des artisans, etc. La journée de conférences a pour but d’expliquer comment la technologie est mise en pratique, mais également ce dont on a besoin pour innover davantage dans l’industrie. Il y a beaucoup de travail à faire. Il faut se rassembler et avoir un plan d’actions commun cohérent.


Création de Joanna Berzowska

Pourquoi un tel festival est essentiel?
Le grand défi que nous avons est le manque d’occasions de nous rencontrer. À l’Université Concordia, il n’y a pas de département de mode et l’école de mode de l’UQAM ne communique que très peu avec les écoles d’ingénierie. À Montréal, on a besoin d’échanger et de partager nos connaissances. Je veux stimuler la communauté afin que les intervenants utilisent les ressources existantes et lancent de plus en plus de projets.

S’il ne fallait assister qu’à trois conférences?
«La mode à Montréal: une industrie innovante» avec mmode [note: la grappe métropolitaine de la mode]: on se demande comment l’ecommerce a transformé la relation client ou comment des marques de vêtements comme Portfranc brise les codes en transportant sa marchandise par voilier.

«Le futur des métiers d’arts»: les artisans ont toutes les compétences pour développer les produits de demain, car ils possèdent les pratiques ancestrales, mais comment faire cohabiter les deux?

«Collaboration comme moteur créatif»: on y parlera de branding et de visualisation, comment la mode est devenue un produit culturel à travers la photo et la vidéo.


Créations de Valérie Lamontagne

Qui sont les acteurs majeurs de la mode technologique à Montréal?
Il n’y a pas de grosses marques populaires, mais plutôt des designers émergents qui travaillent en impression 3D, avec des micro panneaux solaires intégrés au vêtement ou de la luminothérapie. Il s’agit d’une zone expérimentale, artistique et inspirante qui ne produit pas des vêtements pour la masse. Il faut l’imaginer comme un morceau unique, comme du Yves Saint-Laurent.

À Montréal, on est seulement cinq experts. C’est ce manque de personnes qui a largement inspiré la tenue du festival. Il y a Joanna Berzowska, qui est la directrice textiles intelligents de OMsignal, une startup montréalaise qui a développé une collection de vêtements intelligents permettant de mesurer les biosignaux du corps. À Concordia, il y a Barbara Layne, qui s’intéresse aux recherches sur la fibre et qui a créé des interfaces interactives. À l’école de mode supérieure, il y a Yin Gao qui crée de véritables oeuvres d’art destinées aux défilés et aux expositions, mais ce ne sont pas des vêtements qui sont sur le marché. Danielle Martin est designer et imprime des vêtements en 3D, et elle est en train de faire un doctorat et sera mentor pour le hackathon. Et il y a moi!

Ce ne sont que des femmes?
Ce qui est le fun, c’est que c’est un des rares univers où il y a majoritairement des femmes même si c’est dans le domaine de la technologie. C’est une gang de filles! À Concordia, c’est équilibré femmes/hommes, ce qui stimule l’innovation et la créativité.

En quoi consiste le hackathon?
Il se déroule sur deux jours et la thématique est «Le vêtement en mouvement». On propose aux gens de créer un vêtement interactif, un prototype, en mettant à leur disposition autant de l’électronique que des éléments de couture. Des mentors, qui viennent de l’industrie de la mode, sont là pour encadrer les participants.  Le but premier est de faire se rencontrer les ingénieurs et les créateurs de mode. Je ne m’attends pas à ce qu’un vêtement fini soit fabriqué à la fin des deux jours, mais je veux que les participants aient eu le temps de réfléchir au potentiel de cette industrie de façon concrète. C’est accessible à tous les niveaux.

Valérie Lamontagne est une artiste-designer en mode technologique. Elle est chargée de cours à l’Université Concordia au département de design et arts numériques et elle a également créé 3lectromode, une agence de wearables à Montréal.

Fashiontech Festival
26 au 28 mai 2017
Conférences: 26 mai au Musée McCord – En français
Hackathon: 27 et 28 mai à l’Espace Infopresse


Robe imprimée en 3D, créée par Danielle Martin – Crédit photo: MITHRYAN

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