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Un règlement anti-pitbull qui coûte cher

Photo: Chantal Levesque

Pour se conformer au nouveau règlement anti-pitbull, des arrondissements montréalais ont fait le choix d’offrir un contrat à long terme au Berger Blanc, malgré des tarifs nettement plus élevés par rapport aux derniers services proposés.

Trois contrats de 27 mois pour des services de contrôle animalier ont été accordés ces dernières semaines à la société privée du Berger Blanc, seul soumissionnaire conforme en lice dans le cadre d’un appel d’offres lancé courant mai, par les élus de Villeray–Saint-Michel–Parc Extension (VSMPE), Ahuntsic-Cartierville et Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Déjà engagé par le passé avec cette firme, ce dernier a vu sa facture augmenter de 58%, passant d’environ 9 770$ mensuels à 15 520$.

Du côté de VSMPE, qui accueillera le prochain centre animalier de Montréal d’ici fin 2019 ou 2020, la hausse a été de 16%. «Les normes et exigences ont augmenté, on comprend cette petite augmentation et nous sommes satisfaits des services du Berger Blanc», confie à Métro Frantz Benjamin, conseiller de Saint-Michel et président du conseil municipal.

À Ahuntsic-Cartierville, qui opérait pourtant depuis 2002 avec la SPCA, les élus ont également opté pour le Berger Blanc malgré une augmentation de 23% par rapport aux factures précédentes.

Jusquà 60% de hausse
Enfin, à Montréal-Nord, cette soumission serait, selon l’arrondissement, 60% plus élevée par rapport au contrat actuel avec la SPCA. Ce contrat n’a cependant pas encore été conclu. «L’arrondissement est en train d’évaluer ses différentes options en vue d’établir un contrat à long terme avec un organisme», indique Véronik Aubry, porte-parole de Montréal-Nord. Les élus devront faire un choix au cours d’une prochaine séance du conseil d’arrondissement, d’ici la fin de l’été.

«Les prix sont plus chers, mais c’est en raison de nouveaux services que l’on nous demande», explique le patron du Berger Blanc, Pierre Couture. Ce dernier évoque notamment l’euthanasie éventuelle des pitbulls, désormais interdits sur le territoire montréalais si ceux-ci n’ont pas été enregistrés avant le 31 mars. «On peut imaginer que les propriétaires illégaux ne paieront pas si on doit mettre l’animal en pension et la Ville n’a rien prévu pour nous rembourser ces coûts. Il faut bien prévoir», reprend le dirigeant.

«Ces prix assurent à la ville un service de qualité. Nous avons une responsabilité civile et de sécurité.» – Pierre Couture, patron du Berger Blanc

De prix déjà dénoncés
Après l’adoption du règlement anti-pitbull en décembre 2016 auquel elle s’opposait, la SPCA avait décidé de stopper ses contrats avec une dizaine d’arrondissements, tout en attaquant la Ville devant les tribunaux. Début avril, un premier appel d’offres avait cependant été annulé à la demande de nombreux arrondissements, qui dénonçaient alors les tarifs jugés prohibitifs du Berger Blanc. Ce dernier tentait de récupérer ces ententes de la SPCA.

Afin de réaliser les services animaliers nécessaires, plusieurs arrondissements avaient pris la décision de prolonger, provisoirement, leur entente avec la SPCA, confiant notamment les dispositions liées aux chiens de type pitbulls à des vétérinaires ou des services externes.

Contrairement à Ahuntsic-Cartierville, qui a finalement opté pour le Berger Blanc malgré cette hausse notoire, plusieurs arrondissements ont préféré privilégier «le meilleur rapport économique», assure Christine Gosselin, conseillère du Plateau–Mont-Royal (PMR). Refusant une soumission deux fois plus élevée de la part du Berger Blanc, le PMR s’est engagé à nouveau avec la SPCA. «Avec l’argent qu’on épargne, on est largement gagnant, même si on devra faire appel à des vétérinaires pour des cas de pitbulls qui ne présentent pas de problèmes de comportement. On fait du sur-mesure, mais c’est le bon sens», reprend l’élue.

Les arrondissements de Rosemont–La Petite-Patrie et du Sud-Ouest, ont eux-aussi décidé de poursuivre leur entente avec l’organisme à but non lucratif, tout en excluant les services en lien avec les chiens de type pitbull. Anjou, Lachine, Verdun et Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce sont dans le même cas, même si ce dernier prévoit un vote des élus à la mi-août pour conclure un nouveau contrat à long terme avec un organisme à définir.

 «Je suis plus à l’aise avec la SPCA, qui ne cherche pas le profit et qui répond bien aux exigences. Mais on sait que le maire [Denis Coderre] est capable d’harmoniser pour que les arrondissements fassent ce qu’il veut, même s’ils ne le veulent pas.» – Marvin Rotrand, conseiller de CDN-NDG

«Gestion épouvantable»
Seule élue de l’opposition dans Ahuntsic-Cartierville à s’être opposée à ce contrat, Émilie Thuillier dénonce «une ligne à suivre pour les élus attachés à Denis Coderre». «C’est la conséquence d’une gestion épouvantable de la Ville dans ce dossier, assure celle qui briguera avec Projet Montréal la mairie de l’arrondissement en novembre. Ce règlement anti-pitbull ne tient pas la route et l’entêtement du maire, on le voit, coûte cher aux citoyens».

Contactée par Métro, la Ville de Montréal indique ne pas avoir «de position» face à ces hausses. «L’octroi de ces contrats [relève] des arrondissements» qui souhaitaient «un clé en main», a écrit par courriel Marie-Eve Courchesne, relationniste de la Ville. Le cabinet du maire Coderre n’a pas souhaité réagir.

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