Le casse-tête de la rentrée scolaire
Pas évident de gérer une rentrée des classes entre les restrictions budgétaires, le découragement de certains professeurs, les locaux vétustes et l’intégration des enfants en difficulté. Voici l’exemple du casse-tête de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), mais certains éléments du portrait peuvent aussi s’appliquer à d’autres commissions scolaires.
Difficultés croissantes. Selon le dernier rapport annuel de la CSDM, 18% de ses 74 000 élèves du primaire et du secondaire sont en situation d’handicap ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. Et 51% de ces 14 000 élèves en difficulté sont graduellement intégrés à des classes ordinaires. La politique ministérielle instaurée en 2000 vise en effet à privilégier l’intégration de ces jeunes dans des classes ordinaires plutôt que dans des classes spécialisées, au grand dam de plusieurs professeurs qui ne sont souvent pas suffisamment épaulés.
Manque de ressources. En avril dernier, la directrice de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal Catherine Renaud déclarait qu’il manquait actuellement 270 postes de spécialistes (orthopédagogues, psychologues orthophonistes, infirmières etc) pour soutenir les enfants ayant des besoins particuliers. Actuellement seulement 75% des postes nécessaires sont pourvus, selon l’Alliance des professeurs. Les conditions salariales offertes y sont souvent pour beaucoup. Mais les compressions budgétaires exigées par Québec ont aussi fait mal, selon les syndicats car les écoles ont dû couper dans les services. Les besoins en spécialistes ont ainsi augmenté de 20% en 3 ans. De son côté la CSDM a indiqué à Métro avoir des besoins bien moins élevés.
Profs sur la brèche. Selon une étude du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante, 25% des jeunes enseignants québécois songeaient quitter le métier en 2015 (contre 17% en 2003). Pour la rentrée de lundi, 5 professeurs titulaires manquaient à l’appel pour accueillir les élèves dans les 8000 classes de la CSDM. Ceux qui tiennent le fort doivent composer avec une hausse croissante des élèves qui maitrisent mal le français. Même si 6% d’entre eux sont passés par des classes d’accueil ou reçoivent du soutien linguistique, l’apprentissage de la langue est parfois long et seulement 49% parlent le français à la maison. Et d’ici le mois d’octobre, les trois commissions scolaires de l’île estiment que de 800 à 1000 enfants de demandeurs d’asile s’ajouteront à la liste.
Bâtiments vétustes. Un audit des 226 bâtiments scolaires de la CSDM révélait en 2012 que 27 étaient en état de dégradation trop avancé et que 53 nécessitaient des travaux de rénovation majeurs. Seulement 10 étaient en bon état. La CSDM indique avoir depuis dépensé 70M$ pour la rénovation de ses bâtiments auxquels s’ajoute 280M$ pour l’ajout d’espaces. Mais selon un représentant syndical interrogé par Métro qui préfère garder l’anonymat c’est trop peu. «Il y avait 10 écoles fermées pour cause de moisissures et en sept ans on n’a été capables d’en rénover que trois, bientôt quatre», souligne-t-il. Faute de locaux, des élèves de l’École des Nations dans le quartier Côte-des-Neiges on ainsi dû faire une heure de trajet chaque matin en 2014 et 2015 pour aller étudier à l’école Champlain, proche du pont Jacques-Cartier à 15km de chez eux, faute de places disponibles ailleurs.