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Élus et candidats déplorent le manque de diversité en politique municipale

Photo: Josie Desmarais / Métro

Le système politique municipal est-il véritablement représentatif de la diversité montréalaise? Alors que les membres des minorités visibles forment environ 32% de la population montréalaise, seulement 7 des 103 élus municipaux en sont issus. Une situation inquiétante et injuste, ont déploré les participants à un panel non partisan regroupant élus et ex-candidats tenu à l’initiative du conseiller Frantz Benjamin, ce week-end.

Dur constat
Le comité exécutif présenté la semaine dernière par la nouvelle mairesse de Montréal, Valérie Plante, ne compte aucun individu issu des minorités visibles parmi ses 17 membres. Même chose pour ses 34 représentants au conseil municipal.

En fait, des 51 élus de Projet Montréal le 5 novembre dernier, un seul, Younes Boukala, conseiller d’arrondissement à Lachine, n’a pas la peau blanche. Équipe Coderre fait un peu mieux, avec six représentants issus de la diversité: Natalie Pierre-Antoine (conseillère d’arrondissement dans Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles), Abdelhaq Sari (conseiller de la Ville dans Montréal-Nord), Alan DeSousa (maire de l’arrondissement Saint-Laurent), Renée-Chantal Belinga (conseillère d’arrondissement dans Montréal-Nord), Frantz Benjamin (conseiller de la Ville Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension) et Cathy Wong (conseillère de la Ville dans Ville-Marie). Cette dernière a été appelée par l’administration Plante à présider le conseil municipal.

«Le conseil municipal ne reflète pas bien Montréal. Il est blanc, blanc, blanc, a clamé Marvin Rotrand, chef de Coalition Montréal et conseiller de la Ville dans Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. En nommant Cathy Wong à la présidence du conseil exécutif, on enlève en plus une voix forte issue des minorités visibles, puisque le président se doit d’être non partisan et de ne pas faire de vague au conseil. Je regrette cette situation, puisqu’on va vivre avec le manque de compréhension de la diversité montréalaise au cours des quatre prochaines années.»

Avant l’élection, cinq élus municipaux, tous dans Équipe Coderre, étaient issus de minorités visibles.

La faute aux partis?
Projet Montréal comptait pourtant 23,3% de minorités visibles dans son équipe de candidats, contre 19,4% pour Équipe Coderre. Les partis ont-ils fait ce qu’il fallait pour que ces aspirants soient élus ou les ont-ils simplement utilisés pour leur image? La question fait débat.

«Valérie Plante a fait croître sa notoriété, mais le parti n’était pas très bien organisé ou assez solide à Montréal-Nord pour nous offrir le soutien dont on avait besoin, a reconnu Stéphanie Casimir, qui a brigué le poste de conseillère d’arrondissement dans le district Ovide-Clermont. Ils ont fait ce qu’ils ont pu, mais il y a eu un manque à ce niveau.»

«On n’était pas supportés par la machine politique qu’on aurait pu avoir. On n’avait même pas de pancarte sur le boulevard Gouin», a déploré Balarama Holness, qui défendait les couleurs de Projet Montréal à la mairie de Montréal-Nord.

Selon plusieurs intervenants du panel, les partis auraient tout intérêt à mieux appuyer leurs candidats issus de la diversité, voire à les présenter dans leurs «châteaux forts» électoraux pour assurer un conseil municipal plus représentatif.

«Je ne crois pas au système des partis en politique municipale, mais ils ont tout de même un avantage: ils peuvent agir rapidement pour résoudre le problème en recrutant des candidats de talent, en les plaçant dans un quartier où ils ont de réelles chances de gagner et en les appuyant avec leur machine politique», a estimé Marvin Rotrand. En ce moment, ils attendent la dernière minute avant de choisir leurs candidats et nomment des personnes de couleurs dans des quartiers moins gagnables pour remplir leur équipe. C’est un problème.»

«Les partis ont la responsabilité de placer des candidats valables dans des quartiers gagnables, mais hors des partis, la communauté peut aussi avoir un pouvoir si elle comprend ce qu’est la politique et comment elle peut se mobiliser, a nuancé Tiffany Callender, qui s’est présentée pour Équipe Coderre dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Il y a une éducation qui doit se faire au sein de nos communautés sur ce qu’est la politique et pourquoi s’y intéresser.»

Meilleure chance la prochaine fois?
Malgré le peu de progrès enregistré lors de la dernière élection, la majorité des participants avait bon espoir de voir la situation s’améliorer au cours des prochaines années.

«C’est un processus. Un château fort ne se démolit pas lors d’une seule élection, a illustré Balarama Holness. Montréal-Nord ne sera pas indéfiniment le château fort de Denis Coderre. Ayons confiance dans notre communauté, dans nos élus. On a fait beaucoup d’avancées qui ne sont pas encore concrètement visibles à l’hôtel de ville, mais il y en a eu. […] Il faut d’abord que la communauté se voie en politique. C’est très difficile lorsque la représentativité n’existe pas».

«La victoire était à notre portée et j’ai la certitude qu’on aurait pu gagner cette campagne, a ajouté Stéphanie Casimir, qui dit avoir été approchée par Projet Montréal pour occuper un poste au sein du parti. La femme de 47 ans compte également présenter ses doléances sur le manque de diversité à la chef Valérie Plante.

«Ce n’est pas seulement aux quatre ans que les partis doivent se rappeler que la diversité existe, a rappelé Sacha-Wilky Merazil, qui sollicitait un poste de conseiller d’arrondissement dans Montréal-Nord pour Projet Montréal. Les élus doivent mettre en place des lois, des balises pour qu’on ne se retrouve pas à chaque quatre ans à parler du problème de la diversité.»

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