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Nouvelle application InfoNeige: les Montréalais plus actifs lors d’opérations de déneigement

Photo: Josie Desmarais

L’hiver prochain, la Ville de Montréal souhaite que ses citoyens puissent recevoir des alertes en temps réel sur les opérations de déneigement, et même avertir les déneigeurs en cas de problème. Mais cela vaut-il vraiment la peine de faire une nouvelle application, se questionnent des observateurs.

Les véhicules de déneigement étant désormais équipés de GPS, la Ville est en mesure d’observer la progression des opérations en temps réel. Elle souhaite en faire profiter les Montréalais en les informant par messagerie texte ou courriel de l’arrivée des déneigeurs à proximité de leur demeure, ce que ne permettait pas jusqu’à présent l’application InfoNeige Mtl.

Celle-ci est utilisée par environ 40 000 citoyens à chaque tempête, avec un succès mitigé. «L’application actuelle est bonne, mais ça manque d’interactions et d’informations en temps réel, car ce n’est pas dans son mandat», confie François William Croteau, l’élu responsable de la Ville intelligente au comité exécutif.

En trois hivers, l’application mobile InfoNeige Mtl n’a pas permis de diminuer les remorquages. À chaque tempête, environ 6000 véhicules doivent être déplacés pour permettre aux déneigeurs de faire leur travail, selon les statistiques de la Ville.

La nouvelle version de l’application InfoNeige Mtl permettra de «désamorcer la frustration» des citoyens, croit M. Croteau. «Si pour des raisons techniques, l’interdiction de stationner est reportée au lendemain, on veut pouvoir les avertir», donne-t-il comme exemple. Les citoyens pourront aussi contribuer à l’accélération du déneigement, en informant les employés de déneigement via la nouvelle application de la présence d’entraves sur la rue ou de débris dans les bancs de neige.

Pour Sidekick Interactive, la startup qui a gagné en 2014 le droit de concevoir l’application mobile Info Neige Mtl, la décision de la Ville suscite des interrogations. «On a travaillé fort à améliorer l’application et les utilisateurs sont déjà capable de recevoir des notifications poussées les avertissant d’une opération de déneigement ou de son report. Une notification, c’est plus efficace que les SMS ou les courriels et bien plus sécuritaire en matière de protection des données personnelles, car ça ne nécessite pas forcément d’inscription», souligne Grégory Cerallo, le cofondateur de Sidekick.

Si M. Cerallo indique que permettre aux citoyens de fournir des renseignements aux contremaitres municipaux est une bonne idée, il ajoute que cela pourrait très bien se faire à partir de l’application actuelle qui compte déjà plusieurs centaines de milliers d’abonnés. «Les commentaires négatifs que l’on recevait venaient essentiellement de la fiabilité des données fournies par la Ville. Mais c’est normal, [car] il s’agit d’un flux énorme d’informations qui changent en temps réel. Maintenant que c’est automatisé du côté de la Ville, le taux d’erreur est relativement faible», dit-il.

Une nouvelle application pour les déplacements actifs
Suivant la même approche, la Ville mettra en chantier l’été prochain une nouvelle application qui visera à améliorer les déplacements actifs sur son territoire. En la téléchargeant, les cyclistes et les piétons transmettront des informations à la Ville sur leurs déplacements, ce qui lui permettra de connaître les axes les plus achalandés. Les Montréalais pourront aussi alerter les autorités municipales à propos d’un trottoir mal déglacé ou de la présence d’un nid-de-poule sur une piste cyclable.

Contacté par Métro, un des citoyens fortement engagé dans le mouvement des données ouvertes s’interroge sur la nécessité de cette démarche. «Si la Ville veut avoir des interactions avec les citoyens, il y a déjà le 311 qui est actuellement testé en phase numérique dans huit arrondissements. Là, on risque d’avoir trois applications pour envoyer des plaintes ou des requêtes», réagit Pascal Robichaud, le citoyen derrière le compte Twitter DO101Mtl. Ce dernier croit que la Ville ne devrait pas créer de nouvelle applications mobile.

Dans les huit arrondissements, qui testent actuellement le 311 numérique, près de 2884 requêtes ont été envoyées depuis septembre 2017, principalement pour des lampadaires défectueux, des nids-de-poule et la présence ce déchets. Commenter les opérations de déneigement ne peut se faire aujourd’hui qu’au téléphone.

«Les fonctionnalités de prise de photo et de géolocalisation [par les citoyens] dans les requêtes numériques 311 ont permis aux équipes des travaux publics d’intervenir plus rapidement, a indiqué le porte-parole de la Ville de Montréal, Jules Chamberland-Lajoie. De plus, l’implantation du projet GDT Mobile, [les employés sont équipés de tablettes connectées au 311 afin d’être informés rapidement des problèmes] a grandement amélioré l’efficacité des équipes, qui n’ont plus à retourner à leurs bureaux pour fermer les requêtes.»

Devant ces interrogations, M. Croteau assure «qu’il n’y aura pas d’effet de cannibalisation» entre les applications et que la Ville «travaillera avec la communauté pour développer les meilleures applications». L’élu responsable de la ville intelligente confirme en outre que la conception de la nouvelle application de transport actif ne devra pas mettre de côté les plus vulnérables – les enfants et les aînés – et contribuer ainsi à la fracture numérique. Comme les enfants et les aînés ne possèdent pas forcément de téléphone intelligent, leurs trajets risquent de ne pas être pris en compte.

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