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Mort de Clément Ouimet: le coroner réclame des aménagements sécuritaires

Fleurs déposés sur le chemin Camilien-Houde en mémoire du cycliste Clément Ouimet Photo: Josie Desmarais/Métro

La Ville de Montréal doit «mettre en place les mesures appropriées» afin d’assurer la sécurité des «utilisateurs vulnérables» des voies de circulation du mont Royal, statue le coroner Jean E. Brochu, qui s’est penché sur la mort du cycliste Clément Ouimet.

«L’intensité du débat public auquel on assiste depuis les jours qui ont suivi le décès de Clément Ouimet témoigne du fait que la solution la plus adéquate pour assurer la sécurité des cyclistes et piétons qui fréquentent le parc du mont Royal n’est pas facile à trouver», écrit le coroner dans son rapport daté du 28 mai, rendu public lundi. Lui-même ne s’avance pas sur des solutions précises, mais pose plusieurs questions sur les aménagements de la montagne.

Dans la matinée du 4 octobre 2017, Clément Ouimet s’entraînait sur la voie Camillien-Houde, comme il avait l’habitude de le faire presque tous les jours.

«Le conducteur du VUS, [un touriste américain], a dirigé son véhicule vers l’accotement, pour se donner l’espace nécessaire pour effectuer son virage en U, écrit le coroner dans son rapport. (…) Le cycliste a probablement pensé que le véhicule allait s’immobiliser vers l’accotement, bien qu’il soit clairement indiqué qu’il est interdit d’y stationner, et il a dirigé son vélo quelque peu vers la gauche de la voie de circulation, probablement en pensant qu’il devait dépasser le VUS par sa gauche. On ignore si le conducteur du VUS a actionné son clignotant pour indiquer son intention ou s’il a vu le cycliste derrière lui.»

Clément Ouimet a tenté de freiner lorsqu’il a vu le VUS effectuer le virage en U. Une marque de freinage au sol a été remarquée à moins d’un mètre du lieu de la collision. «Le cycliste a heurté la portière arrière gauche du VUS et a été éjecté un peu plus loin sur la chaussée», rapporte le coroner.

M. Brochu mentionne dans son rapport la difficulté pour les automobilistes d’effectuer un changement de direction sur la montagne. L’aménagement du belvédère fait en sorte que cette manœuvre est ardue à réaliser. Les automobilistes provenant de l’ouest puissent accéder au belvédère, mais après, ils ne peuvent pas revenir sur leurs pas. Quant à ceux qui viennent de l’est, ils doivent aller dans le stationnement de la Maison Smith pour changer de direction et ensuite accéder au belvédère. «Il est plus simple et plus rapide d’effectuer un virage en U sur la voie Camillien-Houde», note-t-il.

Le coroner demande dans son rapport si le belvédère devrait être réaménagé et s’il devrait être accessible qu’aux piétons ou cyclistes. Selon les réponses de la Ville de Montréal à ces questions, d’autres mesures devront être mises de l’avant, telles que le réaménagement du belvédère ou même la création d’une navette de bus, explique M. Brochu.

«Tout est envisagé à ce stade-ci, c’est pour cela qu’on consulte», a répondu lundi, dans la foulée, Marianne Giguère, l’élue responsable du vélo au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal. «Si après à la lumière de la consultation et des études de nos ingénieurs en circulation, on se rend compte que ça permet d’avoir un bon accès, tout en respectant la sécurité et l’esprit du lieu. Alors, on pourrait envisager une navette dédiée », a-t-elle ajouté.

Le projet pilote proposé par l’administration de la mairesse Valérie Plante est souligné par le coroner. Depuis le 2 juin, les automobilistes ne peuvent plus traverser la montagne en empruntant successivement la voie Camillien-Houde et le chemin Remembrance, ou vice-versa, puisque la circulation de transit est interdite. Seuls les piétons, les cyclistes, les autobus et les véhicules d’urgence peuvent parcourir le mont Royal d’est en ouest sur ces voies. Des aménagements temporaires ont été mis en place au sommet.

Dans son rapport le coroner conclut que la mort du jeune cycliste est «accidentelle». Il rapporte que ce dernier a succombé à «traumatisme craniocérébrale».

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a annoncé en mars dernier qu’aucune accusation ne sera portée contre le touriste américain qui conduisait le VUS. Il a expliqué qu’il n’était pas en mesure d’établir la culpabilité de l’automobiliste. «L’expert conclut que le cycliste a manqué de temps et de distance pour être en mesure d’éviter la collision», avait indiqué le DPCP par voie de communiqué.

À la lecture du rapport du coroner, la présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau, a dit mieux comprendre les circonstances entourant la collision qui a coûté la vie à Clément Ouimet, mais elle demeure persuadée que l’automobiliste aurait dû être poursuivi.

«La logique du DPCP a été de dire que le comportement de l’automobiliste était illégal, mais une personne avec du jugement aurait pu agir [de la sorte]. Ça envoie le message qu’un U-turn, c’est interdit, mais ce n’est pas plus grave. Je ne trouve pas que c’est un bon message à envoyer.»

Mme Lareau croit par ailleurs que le réaménagement des accès au belvédère permettra de réduire le nombre de manœuvres illégales effectuées par les automobiliste sur la montagne.

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