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Ottawa injecte 32 M$ pour la recherche à l’Université de Montréal

Photo: Josie Desmarais/Métro

Pas moins de 32 équipes de chercheurs de l’Université de Montréal (UdeM) et de ses centres affiliés ont reçu lundi des subventions totalisant plus de 32M$ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), dont les résultats des concours de financement «très compétitifs» étaient dévoilés lundi matin.

L’octroi immédiat de ces montants a été annoncé par la ministre de la Santé du Canada, Ginette Petitpas Taylor, en début d’avant-midi, dans l’Atrium du pavillon Jean-Coutu de l’UdeM. Financés dans le cadre du concours «Fondation» des IRSC, trois de ces projets majeurs seront dirigés par les chercheurs montréalais Marc Therrien, Christopher E. Rudd et Michel Cayouette. Les 29 autres initiatives entrent pour leur part dans le cadre du concours «Projets». Ils seront pilotés par plusieurs chercheurs provenant de diverses facultés sur le campus.

À l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC), le chercheur Marc Therrien et son équipe ont reçu 3,2 M$ pour étudier les mécanismes de signalisation impliqués dans la prolifération et la différenciation cellulaire. Le dérèglement de ces mécanismes est concrètement à la base du développement de plusieurs types de cancers.

«Ces recherches permettront d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques ou d’ouvrir de nouvelles avenues de recherche dans le traitement du cancer. Il est vraisemblable que l’élucidation des mécanismes conduira à l’élaboration de nouvelles méthodes d’interventions», note celui qui est également professeur au Département de pathologie et biologie cellulaire à l’UdeM.

La ministre Taylor, elle, s’est dite fière de pouvoir compter sur un savoir-faire aussi important pour prendre des décisions cruciales, un peu partout au Canada. «C’est votre recherche qui fournit l’évidence dont nous avons besoin pour s’attaquer à des enjeux de santé publique essentiels, comme la légalisation du cannabis», a-t-elle avoué.

«La santé, c’est l’un de nos biens les plus précieux, a pour sa part expliqué le recteur de l’UdeM, Guy Breton. C’est par la recherche qu’on la fait fructifier, en termes de qualité de vie rehaussée, d’espoirs renouvelés, de bien-être collectif. Tout ça nécessite une mobilisation continue du talent, et le rôle des IRSC est fondamental pour rester dans la course.»

Des changements de paradigmes en santé?

Les Instituts de la recherche en santé au Canada transforment progressivement leurs méthodes, depuis quelques années, pour aller vers des stratégies d’abord et avant tout axées vers le patient.

«Pendant trop longtemps, on a vu la chaîne comme étant segmentée, et les patients étaient cantonnés dans le rôle de bénéficiaires des découvertes, a expliqué là-dessus le recteur. Mais aujourd’hui, on voit cette chaîne comme étant circulaire. Autrement dit, on réalise le rôle crucial des patients dès le début du processus. C’est un grand changement.»

La directrice scientifique de l’Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC, Cara Tannenbaum, a abondé dans le même sens. Elle a notamment souligné l’attention dorénavant accordée, en science, à l’étude des minorités de genre et de sexe.

«On a fait des changements dans l’inclusion du sexe et du genre, au niveau de l’évaluation des pairs par exemple, pour évaluer si nos recherches profitent vraiment à tout le monde, a-t-elle expliqué. La maladie n’est pas égale après tout, et ça se voit dans nos pratiques aujourd’hui.»

Aux dires de la chercheure, il reste aussi beaucoup de travail à faire à l’interne pour soutenir l’arrivée de la relève, pour favoriser l’interdisciplinarité et aussi pour s’attarder plus concrètement à la question des peuples autochtones et de leur indicateur de santé globale.

«Tout le monde est très satisfait de notre travail, mais je pense qu’il reste encore beaucoup à faire sur plusieurs thématiques, a-t-elle indiqué. Par exemple, on sait que les hommes ont une meilleure réponse a l’immunothérapie que les femmes. Mais pourquoi? On l’ignore encore précisément. Donc il faut continuer de chercher.»

«Vous êtes toujours la bienvenue ici, sur le campus qui offre le plus large éventail de programmes en santé au pays», a renchéri M. Breton. L’UdeM demeure jusqu’ici la seule université canadienne à offrir toute la gamme de formation des spécialités en santé.

Hommage à un quotidien difficile

En fin d’allocution, la ministre fédérale de la Santé a tenu à honorer les défis parfois «très difficiles» du quotidien des chercheurs, de manière générale. «C’est une carrière qui est souvent semée d’embûches. Votre dévouement, celui des stagiaires et des patients aussi, c’est une immense fierté pour moi.»

«Votre travail permet de changer la vie des Canadiens, et je pense qu’on peut dire qu’on l’admire tous», a-t-elle ajouté.

L’élue libérale de Moncton-Riverview-Dieppe en a du même coup profité pour louanger son équipe pour le renouveau qu’elle a créé dans le milieu scientifique depuis 2015. «Je suis fière d’être dans un gouvernement qui se soucie vraiment de la science, qui travaille à l’investissement dans les laboratoires, dans la recherche internationale et les programmes de formation», a-t-elle lancé à ce sujet.

«Merci à vous aussi de passer des nuits blanches au Parlement à Ottawa et de travailler fort pour nos investissements», lui a répondu Cara Tannenbaum, avant d’être applaudie par la foule réunie sur place.

Au total, c’est une somme de 378M$ qui a été attribuée pour 400 projets de recherche un peu partout à l’échelle du Canada.

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