La moitié des profs de la CSDM songent à quitter d’ici cinq ans
La moitié des enseignants (50%) de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) songent à quitter les écoles montréalaises d’ici cinq ans. Ils sont autant à estimer que leurs conditions de travail se sont détériorées depuis le début de leur carrière.
C’est ce qu’indique un sondage du Bureau d’intervieweurs professionnels (BIP) réalisé auprès de 1202 membres de l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal (APPM), dont les résultats sont dévoilés lundi.
«La pénurie qui sévit actuellement nous préoccupe au plus haut point et elle n’est certainement pas désincarnée des conditions de travail qui se sont nettement détériorées au cours des dernières années», a lancé la présidente de l’APPM, Catherine Renaud.
Un départ de la CSDM pour aller enseigner dans une autre commission scolaire, la retraite anticipée et même une réorientation de carrière font partie des raisons pour lesquelles près de 44% des enseignants membres de l’APPM quitteraient les bancs d’école de la plus grande commission scolaire de Montréal.
«En transposant ces résultats à l’ensemble des enseignants de la CSDM, c’est 4500 postes qui seraient à combler dans les cinq prochaines années. C’est énorme», a ajouté la présidente du syndicat.
Pour la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, si ce sondage reflète les «défis» indéniables, il n’apporte aucune solution et pourrait même décourager certains à se lancer dans l’enseignement.
«Je lance un appel au syndicat pour travailler avec nous à trouver des solutions. Envoyer un sondage comme ça en période de recrutement, ce n’est pas très encourageant et ça ne vient pas aider les enseignants déjà en besoin», a-t-elle commenté.
Pour la présidente du syndicat, la CSDM et le ministère de l’Éducation devront prendre rapidement des mesures pour attirer et retenir les professeurs dans les cinq prochaines années.
Parmi les raisons invoquées par les enseignants pour demeurer à l’emploi de la CSDM, il y a l’offre de services «suffisants et adéquats» pour les élèves handicapés et en difficulté (61%), une diminution de la ration maître/élèves (46%) et l’ajout de temps alloué pour des tâches pédagogiques (préparation de cours, correction et suivi auprès des élèves).
Mme Harel Bourdon s’est avancée sur plusieurs solutions, notamment l’ajout de personnel éducatif, comme des orthopédagogues, des psychologues, ou du mentorat entre les professeurs. Selon elle, diminuer le nombre d’élèves par classe serait techniquement impossible en pleine pénurie d’enseignants, puisqu’une telle mesure impliquerait plus de classes et plus de professeurs.
«Si on veut garder nos professeurs, il faut leur porter une attention particulière et les écouter. Ce n’est pas nouveaux qu’on dit que ça va mal dans les écoles. La première étape, c’est de reconnaître ce fait et de ne pas banaliser cette situation», a décrié Mme Renaud.
Mme Harel Bourdon souhaiterait aussi que des faits plus positifs soient mis de l’avant, comme l’entrée lundi matin d’une école montréalaise pour adulte dans le réseau des écoles associées de l’UNESCO. «[Il s’agit d’]une école qui va former l’an prochain plus de 1000 personnes à apprendre le français», a-t-elle souligné.
En pleine pénurie de main-d’œuvre, la CSDM a dû recruter d’urgence plus de 50 enseignants pour la rentrée 2018. Quelques semaines après la rentrée, elle a publié plusieurs offres d’emplois invitant les détenteurs d’un baccalauréat en lien avec les disciplines du tronc commun (histoire, français, mathématique, littérature) à postuler pour effectuer des suppléances. Actuellement, il manque 69 postes à équivalent temps plein dans les écoles de la CSDM. Actuellement, 69 postes d’enseignants équivalents temps plein sont encore à combler à la CSDM, deux semaines après la rentrée scolaire.