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«Être à la fois New York et Copenhague, c’est le destin de Montréal» – Richard Bergeron

Photo: Josie Desmarais/Métro

Il ne faut pas avoir peur de construire en hauteur au centre-ville, selon l’ancien élu Richard Bergeron, qui espère que l’administration de Valérie Plante ne tournera pas le dos à la Stratégie centre-ville qu’il avait élaborée lors de son passage dans l’Équipe Coderre. La mairesse se fait rassurante.

M. Bergeron craint que l’entourage de la mairesse ne soit trop imprégné de la philosophie de l’architecte Jan Gehl et de sa théorie des villes à échelle humaine. «En tant que Danois de Copenhague, M. Gehl ne vit pas dans une ville construite en hauteur et ne comprend donc pas bien cet aspect-là du sujet. On peut très bien rendre des villes conviviales, tout en construisant des édifices de plus de dix étages», affirme l’urbaniste, en citant en exemple le nouveau CHUM et le réaménagement du quartier autour de l’hôpital.

«Construire au centre-ville, à proximité d’une station de métro, aura indirectement permis le financement du recouvrement de l’autoroute Ville-Marie, la rénovation du square Viger. Et la qualité des aménagements publics autour (trottoir et mobilier urbain) vont faire renaître le quartier», mentionne celui qui habite à deux pas de ce secteur du centre-ville de Montréal.

Alors que Montréal a perdu 4 000 habitants de 2005 à 2007, la Ville a réussi à redresser la barre, notamment en favorisant la construction de tours d’habitations au centre-ville. Depuis 2009, la croissance globale est de 18 000 nouveaux habitants chaque année. «J’aime beaucoup les six tours à condos autour du Centre Bell, c’est notre petit Manhattan», illustre M. Bergeron.

Il affirme toutefois que ce type de développement ultra dense ne doit pas être forcément reproduit à la grandeur du centre-ville, mais qu’il est nécessaire dans une perspective de développement durable. «Ces 6 tours hébergent 2500 personnes sur deux hectares; c’est proche de la densité de Hong Kong». À Mirabel, il faudrait sacrifier 65 hectares de terres agricoles pour loger autant de personnes, selon ses calculs présentés récemment lors d’une conférence du Forum Urba 2015.

Même s’il trouve que l’urbanisme montréalais va dans la bonne direction, l’ancien élu note des ratés, notamment au chapitre de la construction de nouvelles écoles. Si deux projets ont été récemment annoncés, ils se trouvent à l’ouest du centre-ville. «Il manque une école dans Griffintown et une dans l’est, quand le futur quartier autour de Radio-Canada aura émergé», croit M. Bergeron. Ce denrnier souligne par ailleurs qu’il faudra aussi construire une école secondaire.

Afin que Montréal poursuive sur sa lancée, l’ancien chef de Projet Montréal cite trois autres chantiers importants: construire des condos de 3 chambres à moins de 400 000$ pour concurrencer la banlieue, assurer la mixité sociale au centre-ville et, finalement, réaliser le projet de tramway pour relier enfin le Vieux-Montréal et le centre-ville.

Quand elle était dans l’opposition, Valérie Plante, s’est parfois opposé à des projets immobiliers comme le Bourbon, notamment à cause des hauteurs autorisées par l’administration Coderre. Malgré cela, son administration réitère son adhésion à la Stratégie centre-ville dans un message envoyé à Métro.

M. Bergeron compte néanmoins surveiller de près l’orientation de l’administration Plante dans les dossiers de requalification des sites de Radio-Canada et de l’usine Molson. «C’est important de continuer à voir grand : être à la fois New York et Copenhague, c’est le destin de Montréal», avance l’ancien élu.

 

Montréal vs Toronto

De 2001 à 2011, Montréal a connu un fort étalement urbain.

  • Grand-Montréal : Le territoire bâti (+11,4%) croit plus vite que la population (+10%)
  • Grand-Toronto : Le territoire bâti (+4,9%) croit moins vite que la population (+18,2%)
  • Selon M. Bergeron, la métropole n’a pas rencontré ses objectifs de construction TOD (Transit-Oriented Development), car il manque souvent d’écoles, d’institutions ou de commerces de proximité

 

Sources d’inspiration 

Voici quelques projets montréalais qui ont retenu l’intention de Métro car ils portent en eux à la fois l’aspect humain, écologique et convivial.

Jardins de pluie
Situées sur la rue Papineau, au nord de l’autoroute 40, la quarantaine de fosses verdies permettent de capter et de retenir plusieurs m3 de pluie pendant quelques heures afin d’alléger la pression sur le réseau d’égouts, le temps que l’averse passe. Un mélange de sable et de terreau, au fond des fosses, permet de filtrer l’eau qui a ruisselé au préalable sur la chaussée et de diminuer ensuite le travail de l’usine d’épuration, située en aval.

 

Musée à ciel ouvert
Depuis 10 ans, l’organisme MU a tapissé 16 arrondissements de près de 120 murales, grâce notamment à la Ville de Montréal qui subventionne les 2/3 du coût. Ajoutez-y les 80 murales qui ont contribué à la renaissance de la Main, gracieuseté du Festival Mural, et on obtient une masse critique pour des ballades touristico-culturelles, tout en pimpant les quartiers et en donnant du travail à une centaine d’artistes.

 

Béton fleuri
Depuis 2010, le Plateau-Mont-Royal a créé près de 300 saillies de trottoir végétalisées à une centaines d’intersections. Même si une fosse fleurie coûte 65 000$ (86 000$ pour une saillie double), la température ambiante diminue de 1 degrés Celsius si elle accueille un arbre, selon une étude de Polytechnique commandée par l’arrondissement, en plus de sécuriser l’intersection. Pas étonnant que le concept ait fait des petits partout à Montréal.

 

Corridor de biodiversité. Entre 2021 et 2023, l’arrondissement de Saint-Laurent transformera, entre autres, l’emprise sous une ligne à haute tension d’Hydro-Québec et des terrains le long d’un grand boulevards pour créer un parc quasi linéaire de 450 hectares étalé sur 5km. Il sera fleuri et aménagé pour favoriser la promenade. Sa connexion avec le bois de Liesse favorisera en outre les déplacements de différentes espèces animales, tout en servant de laboratoire pour la reconversion de terrains en friche.

 

Place transitoires. Le Programme des rues piétonnes et partagés a déjà permis de créer une quinzaine de ces placettes qui offrent la possibilité aux piétons de regagner un peu d’espace public, jusqu’ici dévolu à l’auto. L’une des plus abouties est probablement Les Quais Masson, pour la qualité de sa programmation. Même si elle n’a ouvert que le 23 août, il s’y est déjà organisé des activités de lecture de conte, des projections de films, un atelier de décoration de citrouille sans parler des séances de yoga ou des activités de consultation.

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