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Massacre des Rohingyas: des élus montréalais somment Ottawa de faire pression sur le Myanmar

Lionel Perez
Lionel Perez Photo: Archives | Métro

Soutenus par des organismes locaux, des élus de l’opposition à la Ville de Montréal somment Ottawa d’exercer «des pressions plus fortes» sur le Myanmar pour enquêter sur les crimes internationaux commis dans l’État de Rakhine contre les Rohingyas.

«On parle de dizaines de milliers de morts, de plus de 725 000 réfugiés. C’est un génocide, ça se poursuit et ça a un impact majeur au niveau planétaire», a plaidé le chef de l’opposition officielle, Lionel Perez, en point de presse.

Pour forcer le gouvernement Trudeau à agir et se préoccuper de la situation, il entend former un blocus de villes à travers le Canada, l’administration de Toronto ayant déjà annoncé son intention de déposer le même genre de motion à la mi-avril.

«Il y aura un effet d’entraînement avec les deux plus grandes villes du Canada qui se positionnement. On est persuadés que d’autres municipalités suivront», a expliqué M. Perez. Son collègue – le conseiller indépendant Marvin Rotrand – dit avoir «bon espoir» que les villes de Calgary, Halifax et Vancouver s’impliquent à leur tour.

«Les gens doivent reconnaître à l’échelle du Canada qu’il y a toujours une grave zone de conflit au Myanmar. C’est l’une des pires crises humanitaires au monde, et ça prend une solution politique.» -Marvin Rotrand, conseiller de Snowdon.

Le directeur exécutif de l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne, Carl Matthews, appuie lui aussi la démarche, soulignant qu’il est temps pour la métropole de démontrer son leadership en matière de droits humains.

«On est l’une des seules villes au monde avec une marche pour l’humanité et contre les génocides, a-t-il soulevé. Montréal est une ville qui a produit des leaders mondiaux en droits de la personne comme Roméo Dallaire, Irwin Cotler ou Louise Arbour.»

Plusieurs membres de la société montréalaise font partie de groupes culturels importants qui ont fui des génocides, d’après M. Matthews. «Les communautés arméniennes, juives, rwandaises ou encore cambodgiennes de Montréal font partie de notre ADN, de notre histoire», a-t-il observé.

Selon lui, le fait est que «malheureusement, nos élus fédéraux oublient trop souvent de prendre des actions concrètes quand il s’agit de génocides». «Ottawa est responsable de prendre des actions beaucoup plus fortes», a-t-il indiqué.

«Question d’humanisme»
Dans sa motion déposée mercredi, le regroupement réclame «sans délai» que le gouvernement canadien invoque la Convention sur le génocide pour porter la cause du Myanmar «devant la Cour international de Justice». À terme, des mesures provisoires ainsi que «des réparations au peuple Rohingya» doivent être mises sur pied, d’après les élus.

Les membres de la coalition demandent également à Ottawa de «participer aux efforts d’aide multilatérale dirigés vers le gouvernement du Bangladesh», afin de soutenir celui-ci dans l’aide humanitaire et éducative qu’il fournit aux réfugiés Rohingya.

«En octobre, le Canada a été parmi les premiers au monde à reconnaître l’existence d’un génocide au Myanmar, et c’est très bien ainsi, a constaté Marvin Rotrand. Sauf que des mois après, c’est le temps de prendre des actions, de passer à la prochaine étape. C’est une question d’humanisme.»

Ensemble Montréal ainsi que l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne demandent au greffier municipal de la Ville de Montréal de fournir une copie de leur motion à la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et au ministre de la Justice, David Lametti.

Rappelons qu’au Canada, le Centre Raoul-Wallenberg pour les droits de la personne et le Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne de l’Université d’Ottawa ont déjà demandé au gouvernement fédéral il y a quelques mois d’invoquer la Convention sur le génocide dans le cas du Myanmar.

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