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Montréal se souvient du génocide du Rwanda, il y a 25 ans

La 25e cérémonie de commémoration s'est déroulée dans l'émotion dimanche à Montréal. Photo: Pablo A Ortiz/Métro

Des élus municipaux, provinciaux et fédéraux ont rendu hommage dimanche à la mémoire des 800 000 hommes, femmes et enfants qui ont péri dans le génocide des Tutsi il y a maintenant 25 ans, en 1994.

Une cérémonie s’est déroulée cet après-midi «en souvenir de ces pertes de vie et en solidarité aux proches des victimes» à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), tel que l’ont souhaité les organismes Page Rwanda et l’Alliance for Génocide Awareness and Remembrance (AGAR). Organisateurs, citoyens et élus ont marché jusqu’au quai de l’horloge, dans le Vieux-Montréal, où ils y ont déposé une gerbe de fleurs.

D’après la responsable de la diversité sociale au comité exécutif Madga Popeanu – qui était sur place –, il s’agit de contribuer «au devoir de mémoire et à l’expression de notre solidarité envers le peuple rwandais et les survivants», surtout au nom «de ces hommes et de ces femmes du Rwanda qui ont choisi» de s’installer à Montréal. «C’est extrêmement significatif pour eux», a-t-elle fait savoir.

«J’admire les Rwandais pour leur résilience dans ces moments très difficiles. C’est tout un processus de réconciliation, et on ne sort pas indemnes d’un traumatisme social aussi profond. Ils servent de modèles pour moi», a-t-elle expliqué en entrevue à Métro.

La Roumaine d’origine, qui s’est installée à Montréal alors qu’elle avait 28 ans, dit vouloir mettre l’accent sur l’ouverture et la tolérance. «Je trouve que le Québec, que Montréal, je l’ai dis et je le répète: c’est le meilleur endroit pour vivre, dans une société où le respect des droits et la dignité humaine est valorisée. Ici, nos débats se font démocratiquement, et tout le monde peut s’exprimer», a-t-elle ajouté, plaidant pour l’inclusion du plus grand nombre à ce système de valeurs.

En cette journée de commémoration, la vice-présidente du comité exécutif invite d’ailleurs les Montréalais à regarder le documentaire «Rwanda, après le sang, l’espoir», d’Alain Stanké. «Hier soir, ce court-métrage était présenté dans le cadre des Nuits d’Afrique. Personne n’est sorti de la salle sans avoir les larmes aux yeux. On était tous très ébranlés. C’est très touchant. Et c’est à voir», a-t-elle avancé en entrevue.

«Il faut combattre toutes formes de racisme, de discrimination, d’intolérance et de violence. À la Ville de Montréal, on mise sur l’accueil, l’intégration et la sécurité pour toute personne immigrante […] en faisant la promotion et l’éducation des valeurs telles que l’inclusion, l’harmonie et le respect des droits de la personne.» -Magda Popeanu

Vers l’inclusion
Pour la coordonatrice des projets à l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne, Marie Lamensch, cette 25e commémoration est toute spéciale. «On oeuvre sur le sujet depuis tellement longtemps, avec l’ancien général Roméo Dallaire notamment, a-t-elle envisagé en entrevue à Métro. Le Rwanda est un exemple flagrant de manque de prévention et du manque d’intérêt pour certaines communautés.»

Celle qui a déjà voyagé dans ce pays de l’Afrique de l’Est croit qu’il faut continuer de travailler à «mettre en place des recommandations et valoriser la doctrine de responsabilité de protéger pour prévenir les génocides».

«En 1993, on avait tous remarqué les signes avant-coureurs, on savait exactement ce qui se passait. Il y avait des discours de haine à la radio, des armes qui s’achetaient, des conflits qui se préparaient. Et pourtant, malgré des demandes de renforts, les pays de l’ONU ont tous décidé de partir, laissant les Rwandais à leur sort.» -Marie Lamensch

«Les massacres avaient lieu dans les rues, les corps étaient laissés sur place», a renchéri la coordonatrice, soulignant que cette réalité, cette version des faits, «elle n’est peu connue, peu mentionnée à la télé» encore aujourd’hui même.

Heureusement, poursuit-elle, le Canada est l’un des pays à travers l’histoire qui a fait le plus pour la prévention de génocides. «Le gouvernement fait sa part et ça paraît. On a accueilli beaucoup de Rwandais ici à Montréal par exemple», s’est-elle réjouie.

Selon les données de la Ville de Montréal, quelque 5000 Rwandais et Rwandaises d’origine vivent effectivement au Québec, dont plus de 3000 d’entre eux sur le territoire de Montréal. Environ 50% de ce nombre est né au Rwanda.

L’administration municipale dit avoir déjà posé «plusieurs en gestes» pour favoriser la cohabitation et l’inclusion sociale dans les dernières décennies, tout en luttant contre le racisme et la discrimination. Au cœur de ces efforts : l’adoption de la Déclaration contre la discrimination raciale, en 1989, et la mise sur pied des déclarations de Montréal pour la diversité culturelle ainsi que sur le vivre-ensemble, respectivement en 2004 et en 2015.

En plus d’appuyer financièrement des initiatives concrètes comme la Semaine d’actions contre le racisme, la Ville ajoute dans un communiqué qu’elle «exerce un leadership» à l’international sur les enjeux de droits humains et migratoires, estimant avoir joué un rôle important «dans la mobilisation des villes» pour faire adopter le Pacte mondial sur les migrations.

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