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Une crypte pas comme les autres

Photo: Josie Desmarais

Pour une très rare fois, les Montréalais ont l’occasion de visiter la crypte où reposent la fondatrice de Montréal, Jeanne Mance, mais aussi les 599 sœurs Hospitalières qui ont contribué à façonner la métropole québécoise et à administrer jusqu’à récemment l’Hôtel-Dieu. Visite guidée à saveur historique, religieuse, culturelle, mais surtout humaine.

À première vue, la crypte des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, située sous la chapelle de leur couvent de l’avenue des Pins, au pied du mont Royal, frappe par sa grande sobriété. C’est un endroit plutôt sombre, avec des tuyaux qui courent le long d’un plafond très bas, où le principal son qui arrive à vos oreilles est celui de la chaufferie toute proche.

Mais sur les côtés de la salle, cachés derrière leurs épitaphes respectives, se trouvent les corps des 599 sœurs de la congrégation qui ont donné leur vie à Dieu et consacré leurs journées à guérir les malades de l’hôpital, fondé en 1642 par Jeanne Mance, et que les sœurs ont administré après sa mort.

Les Hospitalières sont arrivées en Nouvelle-France il y a 360 ans cette année. Les premières, dont la plus jeune est entrée au couvent à l’âge de 13 ans, ont connu la neige qui s’infiltrait par les fissures dans les murs de l’hôpital. D’autres ont vécu les grandes épidémies, comme le typhus (1847) ou la variole qui a pris la vie de 3164 Montréalais en 1885.  La plus jeune des 48 sœurs encore vivantes a oeuvré en orthopédie jusqu’en 1997.

«Ici, le silence est plus important que la parole», confie sœur Denise Lafond qui a rejoint la congrégation en 1957.

«C’est ce qu’on appelle un cimetière ad sanctos, ce qui signifie : près des saints. C’est la foi en la résurrection des corps qui est à l’origine de cette pratique», indique Charlotte Moreau de la Fuente, agente à l’éducation et à la programmation culturelle au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. C’est pourquoi, à l’époque de la Nouvelle-France, les sépultures étaient enterrées directement sous le plancher de la nef de l’église. Dans la crypte, afin d’éviter les odeurs et la propagation des maladies, chaque cercueil est scellé dans une niche de 350 briques jointes avec du ciment, du plâtre et de la chaux.

Visiter la crypte et le Musée des Hospitalières peut aussi se faire sous l’angle de l’art religieux. «Que ce soit le tabernacle serti de feuilles d’or créé par Antoine Cirier ou les sculptures en bois de Paul Jourdain datant de 1755, les quelque 22 000 objets appartenant aux Sœurs Hospitalières sont incroyables et on en expose à peine 10%», confie Paul Labonne, directeur du musée.

La Ville prendra possession du couvent et de la chapelle à la fin du mois et la congrégation de 48 sœurs déménagera dans une aile excentrée du site, ce que Sœur Lafond appelle «la traversée». Maintenant délestées de ces immeubles trop grands pour leurs besoins, les religieuses pourront se tourner avec fierté vers l’immense héritage qu’elles ont contribué à bâtir : environ 60 édifices dans les domaines de la santé et de l’éducation, principalement en Amérique du Nord, qui perpétueront en quelque sorte leur devise : libre pour aimer et servir.

Visite de la crypte : Les dimanches à 13h30 jusqu’au 19 mai 2019 (réservation obligatoire sur museedeshospitalieres.qc.ca ou au 514 849-2919).  Reprise à l’automne.

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