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Vers une Église «plus inclusive» envers les femmes

Photo: Archives Métro
Henri Ouellette-Vézina - Métro

La religion doit-elle faire sa part pour briser le plafond de verre? Le clergé doit-il favoriser la présence des femmes au sein des postes-cadres de l’Église? Ces enjeux fondamentaux, qui font débat un peu partout au Québec et dans le monde actuellement, intéressent le Grand Séminaire de Montréal.

«L’Église fait partie de la société. Tout comme ces entreprises qui ont de la difficulté à avoir une bonne représentation des femmes sur leur conseil d’administration, on se dit qu’il y a une nécessité d’avoir un regard différent», constate le recteur de l’organisation cléricale, Guy Guindon, en entrevue à Métro.

Dans plusieurs paroisses, dit-il, «la parité est déjà arrivée depuis longtemps». «Quand on regarde les comités de prise de décisions, on voit que la présence des femmes est très importante, poursuit le recteur. Elles sont l’Église, elles en font partie intégrante.»

Malgré tout, le principal intéressé reconnaît que «la réflexion doit être poussée plus loin» et qu’il y a encore beaucoup à faire. Impliquer les femmes au même niveau que des diacres, des prêtres par exemple, «c’est notre défi actuellement», illustre M. Guindon.

Au-delà de l’égalité hommes-femmes, le recteur estime essentiel de démocratiser les structures cléricales. «Comment on peut permettre à des gens, laïcs ou non, de participer à l’exercice du pouvoir religieux, d’avoir un poids dans les décisions? C’est aussi ça le défi, d’amener l’Église et le reste de la société à travailler ensemble», entrevoit-il.

Défi constant
Le directeur général de la Fondation du Grand Séminaire de Montréal, Sébastien Froidevaux, abonde relativement dans le même sens. «C’est le grand défi de l’Église catholique. Pour l’instant, les femmes ne peuvent qu’être religieuses au sein des corps de métiers», illustre-t-il.

M. Froidevaux dit être de l’avis de Mgr Paul-André Durocher, un évêque qui avait affirmé début mars à Tout le monde en parle (TLMEP) qu’il faut envisager «sérieusement» l’embauche de femmes comme diacres, «qui auraient ainsi le pouvoir de marier, de baptiser». «C’est une première étape, je pense», avait-il dit.

Avant de pouvoir y arriver, nuance le directeur général, «il faudra toutefois changer les mentalités du Vatican». «C’est une opération qui prendra beaucoup de temps. Ça va prendre un conseil général sur la question, peut-être même deux, et il faudra y aller par étapes. Ça dépend de la volonté de l’Église, mais c’est clair que la place des femmes doit être abordée», explique-t-il.

«J’ai ces discussions-là avec des femmes qui s’engagent dans l’Église. Elles trouvent dommage de ne pas avoir plus de place. Devenir religieuses n’est pas nécessairement leur vocation. Il y a ce questionnement-là que j’entends de plus en plus dans les paroisses.» -Sébastien Froidevaux, directeur général de la Fondation du Grand Séminaire de Montréal

D’après Sébastien Froidevaux, il faut aussi évaluer la possibilité «que les évêques canadiens s’unissent et innovent, en demandant une exception pour le Canada à Rome». Une dérogation pourrait permettre au clergé canadien de fonctionner selon ses propres règles, en matière d’intégration de la femme.

La situation est d’autant plus pertinente que «les femmes interviennent déjà dans la formation de plusieurs prêtres», avance Guy Guindon, qui dit reconnaître le «regard féminin» est «très intéressant et bénéfique» au fonctionnement et à l’évolution des structures cléricales «modernes».

Le recteur rappelle que, comme dans plusieurs autres domaines, la pénurie de personnel est un phénomène bien présent dans l’Église. Un élément «qui pourrait bloquer l’Église» dans un éventuel changement de paradigme, croit-il.

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