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Nouvelle offensive contre les accidents avec des poids lourds à Montréal

Les angles morts des camions lourds créent beaucoup de problèmes entre leurs conducteurs et les cyclistes. Photo: Josie Desmarais/Métro

Une nouvelle offensive est lancée à Montréal pour sensibiliser les conducteurs de véhicules lourds à l’importance de demeurer vigilants «en tout temps» sur la route, particulièrement dans les quartiers où la présence d’usagers vulnérables est plus importante.

«C’est aux intersections en milieu urbain que la situation est la plus préoccupante, puisque c’est là qu’ont lieu la majorité des accidents impliquant un piéton ou un cycliste, constate la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), dans un document rendu public lundi, dans le cadre de la campagne Partagez la route.

Lancé en collaboration avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et Contrôle routier Québec (CRQ), l’exercice s’attaque entre autres à la distraction au volant et aux angles morts des camions «particulièrement problématiques».

Selon des données du SPVM, le nombre de blessures graves survenues à la suite d’une collision avec un véhicule lourd est passé de 14 à 21 entre 2017 et 2018, alors que les blessures mortelles ont légèrement diminué, de 11 à 10. Jusqu’ici, en 2019, on dénombre deux collisions mortelles, six blessures graves et quelque 89 blessures légères, pour un total de 97 incidents en 4 mois. Dans les dernières années, ce total oscillait généralement autour de 480.

«Il est important de mentionner que ce n’est parce que les véhicules lourds sont impliqués dans la collision qu’ils en sont la cause», nuance une porte-parole du SPVM, Sandrine Lapointe. Chaque année, dit-elle, les statistiques rappellent toutefois «l’importance de responsabiliser chaque type d’usagers quant aux comportements qu’ils doivent adopter pour leur sécurité et celle des autres».

Réalité devenue flagrante
Pour le porte-parole de Vélo Fantôme Montréal, Alain Deschamps, «les collisions de véhicules lourds avec des piétons et des cyclistes sont malheureusement devenues quelque chose de commun» dans la métropole.

Selon des données que l’organisme recense depuis cinq ans maintenant, les poids lourds sont impliqués dans 38% des accidents routiers avec des cyclistes et dans 33% des cas avec des piétons. «C’est énorme, surtout sachant que les camions représentent de 3 à 4% des véhicules sur nos routes», soutient M. Deschamps.

Il plaide que ces véhicules «ne sont en réalité pas du tout adaptés à la réalité urbaine de Montréal», particulièrement pendant l’heure de pointe. «Les conducteurs ont un manque de visibilité. Ils ont des angles morts épouvantables qui ne leur permettent pas de voir venir les cyclistes ou les piétons», témoigne-t-il.

L’organisme dit toutefois se réjouir «qu’enfin une campagne vise les acteurs vraiment sous-représentés dans les collisions frontales».

«On voit souvent des messages visant les cyclistes et les piétons pour leur dire d’user de prudence, mais on ne voit pas souvent des campagnes visant directement les conducteurs de poids lourds. Ça devrait se faire plus souvent.» -Alain Deschamps

Appel au changement
Pour Vélo Fantôme Montréal, il urge que les différents paliers politiques investissent et prennent des actions concrètes pour renverser la tendance. Alain Deschamps suggère de s’inspirer du modèle mis en place au Royaume-Uni.

Il y a quelques années, les autorités londoniennes ont implanté un programme recensant tous les poids lourds en circulation, en leur attribuant une «cote de visibilité», basée entre autres sur la qualité des angles morts. Tous les camions qui ont une note trop faible (moins de trois étoiles sur cinq) seront ensuite progressivement bannis des routes de Londres d’ici 2024. Potentiellement, cette décision pourrait toucher jusqu’à 190 000 camions.

«On trouve que c’est une mesure très innovatrice. Ça, c’est une ville qui prend vraiment l’enjeu de la sécurité des usagers vulnérables au sérieux», poursuit M. Deschamps. Son collectif avait d’ailleurs proposé, en marge d’une consultation sur la cohabitation entre cyclistes, piétons et poids lourds en 2017, d’adopter le même genre de protocole dans la métropole québécoise. Adoptée à l’unanimité par la commission, la recommandation de Vélo Fantôme devait faire l’objet d’une politique ou d’un plan formel, mais le processus est tombé dans l’oubli.

«On n’a pas de signes aujourd’hui que la Ville entend poursuivre dans cette avenue. On continue de dire que ça aurait été une excellente option», souligne le porte-parole.

Vélo Fantôme Montréal a déjà installé neuf vélo blancs, afin de commémorer le décès d’un cycliste dans un accident.

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