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Conseils municipaux: Projet Montréal «manque de respect envers les citoyens», déplore l’opposition

Lionel Perez
Lionel Perez Photo: Archives | Métro

Des élus de l’opposition officielle condamnent que l’administration Plante «manque de respect envers les citoyens» pendant le conseil municipal, et lancent un cri du cœur pour que les choses changent, alors même qu’une commission se penche sur la question d’accessibilité aux institutions politiques de proximité.

«On a vécu un profond malaise en début de semaine, quand un citoyen est venu poser une question et qu’il a reçu un éclat de rire de l’administration, a déploré mardi la conseillère du district d’Ovide-Clermont, Chantal Rossi. Mettez-vous à la place de ce citoyen.»

Ensemble Montréal s’en est aussi pris plus durement mardi à la mairesse de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce Sue Montgomery, qui fait du tricot pendant le conseil municipal. «Si un citoyen voit qu’une mairesse tricote pendant le conseil, je ne suis pas sûre qu’il va trouver ça drôle. C’est une insulte à l’institution», a laissé entendre Mme Rossi.

«Ce qui me choque, c’est le fait qu’elle se tare d’être payée par les citoyens pour venir tricoter au conseil. Notre rôle, c’est d’être présent, de participer au débat.» -Chantal Rossi

Rien de scandaleux pour la principale intéressée, qui dit tricoter pour faire passer un message aux élus. «Je tricote en rouge lorsque les hommes parlent et en vert quand les femmes parlent, a-t-elle expliqué. Depuis que je suis élue, j’ai remarqué que les hommes parlent beaucoup et se répètent, alors que les femmes sont plus efficaces. Je fais ça pour montrer cette différence.»

Mme Montgomery, dont le français n’est pas la langue maternelle, avoue «que de me concentrer pendant des heures me prend beaucoup d’énergie». «Le tricot, ça m’aide à me concentrer», a-t-elle plaidé.

La mairesse d’arrondissement s’en prend plus largement à l’ambiance morne qui règne pendant les conseils municipaux. «C’est plate. C’est une partie de notre travail, alors il faut le faire, mais c’est beaucoup de temps pour faire quoi exactement, je l’ignore. Apparemment, c’est de la démocratie», a-t-elle ajouté.

«Il n’y a même pas beaucoup de citoyens qui viennent. J’aimerais savoir combien de citoyens écoutent le conseil municipal, ou le regardent sur Internet. C’est trop formel, trop intimidant et un peu plate oui.» -Sue Montgomery

Valérie Plante a qualifié l’initiative de Mme Montgomery «d’intéressante». «J’aime le fait d’utiliser l’art pour adresser quelque chose qu’on observe dans la société. C’est intéressant, surtout qu’elle a toujours été une conseillère impliquée sur la parité des genres», a constaté la mairesse.

«Je ne vois pas de problème, a-t-elle répondu lorsque questionnée sur son tricot pendant le conseil. C’est long parfois de rester focus tout le temps. Si c’est plus facile pour elle, tant mieux.»

Commentaires jugés sexistes
Le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, qualifie les propos de Mme Montgomery sur l’égalité hommes-femmes au conseil municipal de «sexistes». «Si un homme avait tenu ce genre de propos, on serait tous là pour le dénoncer. Où est la mairesse pour dénoncer ces commentaires sexistes?», a-t-il déploré.

«La question la plus importante, c’est: pourquoi Mme Montgomery ne parle pas? Pourquoi on ne l’a entendu que quelques minutes dans la dernière année? Sa contribution la plus importante au conseil, dans la dernière année, c’est son habilité à tricoter par couleurs.» -Lionel Perez

Visiblement indignée, Chantal Rossi s’en est aussi prise au maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, et au «What the f**k» qu’il a lâché lundi lors d’un échange sur le taux d’inoccupation de la rue Saint-Denis. «Voir un élu blasphémer pendant la conseil, je ne suis pas sûre que le citoyen trouve ça respectueux. Je ne comprends plus où on est sinon», a-t-elle insisté.

Appelé à réagir, le leader de la majorité à Projet Montréal, François Limoges, s’est dit «surpris» de toute cette controverse «qui n’en est pas une et qui est une sorte de procès d’intention sur ce que les gens font au conseil».

«On a une administration très décente dans son comportement envers les citoyens et l’institution. Moi, je n’ai pas vu de franchissement de lignes éthiques ou déontologiques», a-t-il envisagé.

Même son de cloche pour président du comité exécutif, Benoit Dorais, qui a rétorqué que «notre administration est généralement très respectueuse».

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