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Leadership féminin: briser le plafond de verre à C2

Sophie Grégoire-Trudeau entourée de jeunes entrepreneures Photo: Josie Desmarais/Métro

La semaine dernière, la conférence d’affaires C2 Montréal a rassemblé les entrepreneurs les plus prospères de la ville. Métro a profité de l’occasion pour discuter de leadership féminin avec des femmes qui prennent de la place.

«On nous apprend que les filles ne pensent pas et que les garçons ne ressentent rien», a martelé la porte-parole de plusieurs organismes à la défense du droit des femmes, Sophie Grégoire-Trudeau, lors de sa conférence sur l’inclusion vendredi dernier à C2 Montréal. Elle souhaite aider les jeunes femmes à s’éloigner de cette lignée de pensée. «Il faut briser le moule et enlever le masque qu’on nous a enseigné à porter en tant que femmes, a-t-elle confié à Métro, on vit dans un système qui nous dit comment paraître et agir et, des fois, ça va à l’encontre de qui on est en tant que femmes, on est fortes, on est magnifiques.» 

Selon la professeure de l’École de gestion John Molson Ana Marinescu, les femmes entrepreneures ne reçoivent pas le même traitement que les hommes lorsqu’elles approchent des investisseurs. «Plusieurs études démontrent que les questions que les investisseurs demandent aux femmes sont basées sur l’échec alors que les questions qu’on pose aux hommes sont basées sur le succès», explique-t-elle. Mme Marinescu a fondé l’initiative WE pour aider les femmes entrepreneures à s’émanciper grâce au mentorat et à la sororité.

Vendredi, elle est venue à C2 Montréal avec un groupe de dix étudiantes qu’elle a recrutées dans quatre facultés de l’Université Concordia. «Il n’y a pas de limites pour les femmes entrepreneures, on les casse», a-t-elle lancé devant le groupe de femmes. Les entrepreneures ont eu une rencontre intime avec la «première dame» du Canada, durant laquelle elles ont discutés de solidarité entre femmes, de pouvoir et de vulnérabilité.

Le plafond de verre psychologique

L’étudiante en sociologie Paula Rueda remarque qu’elle a tendance à agir différemment avec les dirigeants masculins – qui l’intimident davantage – que féminins. «Avec les femmes, j’ai plus l’impression d’être au même niveau et c’est plus facile d’interagir», estime-t-elle. Pendant ses rencontres de réseautage professionnel, elle remarque que certains hommes ont tendance à poser des questions qui tournent autour de sa vie privé au lieu de la guider dans sa carrière.

C’est aussi un sentiment que partage Maria Stawnichy, qui étudie en sciences humaines appliquées. «Je trouve qu’il y a beaucoup d’hommes desquels je voulais apprendre qui essaient de tourner ces rencontres professionnelles en rencontres romantiques… même ici [à C2], plusieurs hommes que j’ai rencontré m’ont demandé si j’étais fiancée.»

L’artiste Sarah Givens, qui a une maîtrise en arts, remarque aussi ces relations toxiques dans son domaine: «il y a certainement une dynamique de pouvoir dans la perception de la jeune femme impressionnable et l’homme qui peut la conseiller». La jeune artiste croit que les difficultés que les femmes en affaires vivent sont ancrées dans la société.

«Le plafond de verre est encore présent mais il est plutôt présent au sens psychologique, nous sommes encore en train de nous battre avec le syndrome de l’imposteur» –Sarah Givens, artiste

«Prendre moins de place»

Pour Nadeen Rayan, les femmes qui ont des aspirations peuvent être perçues comme des menaces pour certains hommes. «Parfois les femmes cachent leur confiance en elle pour perdurer dans le monde des affaires, c’est comme si on n’est pas supposées prendre trop de lumière».

C’est aussi ce qu’a vécu l’entrepreneure Ana Marinescu. Alors qu’elle travaillait 70 heures par semaine et excellait dans son domaine, certains hommes lui ont demandé de «déplacer moins d’air». Son dynamisme et sa confiance dérangeait. Mme Marinescu explique qu’elle n’avait pas le réseau de soutien à l’époque pour comprendre le sens réel de cette phrase.

Aujourd’hui, elle a décidé de déplacer beaucoup d’air et d’aborder le système selon sa propre démarche entrepreneuriale. Elle espère accompagner d’autres femmes dans le même cheminement.

«C’est à nous d’avoir la confiance de prendre notre place, mais je pense que si on vit ces souffrances seules et bien, ça ne marchera pas. Nous devons apprendre à partager nos peurs et nos souffrances pour pouvoir avancer» –Ana Marinescu, professeure de l’École de gestion John Molson 

Lors de leurs rencontres avec des entrepreneures et dirigeantes à C2 Montréal, les jeunes femmes ont appris à naviguer dans le monde des affaires avec fermeté et pouvoir.

Pour la co-fondatrice de la startup montréalaise Aquantix, Seynabou Ndiaye, cette expérience lui a donné plus de confiance en rencontrant des femmes qui lui ressemble. «Si vous êtes une femme qui aspire et que vous êtes entourée d’hommes qui ne vous ressemblent pas, c’est difficile, explique-t-elle. Vivre une expérience comme ça nous permet de bâtir notre confiance en soit.» 

C’est exactement ce que Sophie Grégoire-Trudeau voulait léguer aux femmes qu’elle a rencontré. Elle estime que c’est par le partage d’expériences que les femmes peuvent réussir à percer le plafond de verre. «Je pense que, en tant que femmes, il faut s’allier pour trouver un équilibre. Le succès ne peut s’exprimer que si l’on s’ouvre à l’autre en toute authenticité. Alors continuons à élever nos voix et à prendre notre place.» 

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