La CMM demande à Québec d’élargir la consigne aux bouteilles de plastique et de verre
À moins de deux mois de la tenue d’une commission parlementaire à Québec sur le recyclage du verre, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) presse le gouvernement Legault d’élargir la consigne à toutes les bouteilles, qu’elles soient faites de verre, de plastique ou de métal. Une prise de position qui récolte des réactions mitigées.
Les élus de la CMM, qui représente les 82 municipalités du Grand Montréal, ont adopté jeudi un projet de modification du Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles qui demande notamment à Québec d’élargir le système de consigne à l’ensemble des bouteilles de plastique, de verre et de métal, peu importe leur contenu.
Depuis sa mise en place au Québec dans les années 1980, la consigne ne s’applique qu’aux contenants de bière et de boissons gazeuses en verre ou en métal.
«On sait, aujourd’hui, avec toutes les études qu’on a et suite à la consultation publique, qu’il n’y a pas de meilleur moyen de récupérer ces bouteilles que par la consigne. Il n’y en a pas. C’est prouvé dans le monde», a martelé en entrevue à Métro jeudi la mairesse de Lachine, Maja Vodanovic, qui est également responsable des dossiers environnementaux au sein du conseil d’administration de la CMM.
Cette prise de position de la CMM fait suite à une consultation publique tenue du 17 au 27 mai tant sur l’île de Montréal que dans les rives nord et sud de la métropole au cours de laquelle 182 mémoires ont été présentés.
La CMM, dans un rapport portant sur les conclusions de cette consultation, souligne que la mise en place d’une consigne sur le verre permettrait d’augmenter la quantité de ce matériau pouvant être recyclé en évitant que celui-ci soit contaminé par d’autres matières après avoir été déposé dans le bac de recyclage.
«Le verre consigné permettrait une meilleure réutilisation du verre recyclé, notamment pour fabriquer d’autres contenants de verre», souligne le rapport, qui note que cela permettrait ainsi d’éviter d’avoir à «puiser de nouvelles ressources naturelles» pour confisquer des bouteilles de verre.
«Je salue cette formidable initiative de la CMM parce que c’est vraiment la chose qu’il faut faire au Québec pour qu’on sorte de la crise de nos matières recyclables», a réagi Denis Blaquière, porte-parole du mouvement SAQ consigne, un regroupement de citoyens qui militent depuis plusieurs mois pour la mise en place d’une consigne pour les bouteilles de vin et de spiritueux de la Société des alcools du Québec.
Source de revenus
La CMM propose par ailleurs de mettre en place un programme d’aide financière qui serait destiné aux centres de tri afin de «palier les impacts potentiels» de l’élargissement de la consigne, qui pourrait faire fondre leurs revenus.
«Si on enlève des matières payantes du bac, ce sont les revenus de l’ensemble du système qui sont débalancés», a réagi la porte-parole d’Éco Entreprises Québec, Yourianne Plante, qui estime qu’«en investissant dans les centres de tri, on peut avoir du verre de très grande qualité».
Dans un rapport publié en février, l’organisme affirme que l’entièreté du verre de la collecte sélective pourrait être recyclé d’ici quatre ans, à condition que Québec investisse 50 M$ pour moderniser ses centres de tri.
«Mais pourquoi dépenser 50 M$ quand seulement en récupérant une bouteille [par la consigne], on peut refaire du verre? Et c’est ça qui est le mieux pour lutter contre les GES», a répliqué Mme Vodanovic.
Lobby
La mairesse de Lachine demande d’ailleurs au gouvernement de «distinguer le lobby de la science», particulièrement en ce qui a trait à la mise en place d’une consigne sur les bouteilles en plastique.
«Il y a un lobby énorme contre [la consigne des bouteilles de plastique] parce qu’une bouteille d’eau, ça ne coûte pas cher. Si on met une consigne de 10 sous sur chaque bouteille, selon les études, la vente de bouteilles va diminuer de 25% […] C’est certain que les compagnies ne veulent pas perdre ce marché-là», a-t-elle soulevé.
«C’est polarisant, effectivement, mais on a des recommandations qui essaient de moderniser la consigne, d’un côté, mais aussi d’offrir de l’aide financière aux centres de tri pour les aider à s’adapter.» -Michel Allaire, coordonnateur en environnement à la CMM
Les propositions de la CMM ne pourront être mises en place sans l’accord de Québec, qui gère le système de consigne. C’est pourquoi les propositions de la CMM seront soumises à Recyc-Québec, qui devrait répondre à celles-ci d’ici le mois d’octobre.