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Montréal: repenser et se remémorer le patrimoine industriel

Joëlle Perron-Oddo, d'ArchitecTours Photo: Josie Desmarais/Métro

Le patrimoine industriel de Montréal se transforme. À mesure que les enseignes de ces géants d’acier s’éteignent, les habitants de l’Île sont appelés à les «requalifier» pour qu’ils occupent pour toujours l’horizon de la métropole.

Dans la ville, des sites désaffectés attirent l’intérêt des promoteurs: des projets de développement ont pour objectif de métamorphoser des secteurs de briques et de béton comme la brasserie Molson, le Technopôle Angus et le Silo no 5.

Mais ces lieux font partie du quotidien montréalais depuis plus d’un siècle. Le mode de vie montréalais a d’ailleurs mené à l’éclosion de la plupart de ces sites, observe Joëlle Perron-Oddo, une coordonnatrice aux activités éducatives à l’organisme Héritage Montréal.

«Le port de Montréal a joué un rôle majeur, et je pense qu’on l’oublie parce que le Vieux-Port est considéré aujourd’hui comme un site très récréo-touristique.» – Joëlle Perron-Oddo.

Celle-ci participera, cet été, à des visites guidées du Montréal ouvrier organisées par son organisation dans le cadre de la 31e édition des ArchitecTours

Le Vieux-Port, «qui était abandonné dans les années 1960», rappelle la coordonnatrice, est donc devenu l’un des premiers exemples d’une reconstruction totale du patrimoine industriel sur l’Île de Montréal. 

«Le Vieux-Montréal a une partie historique protégée où c’est pas mal réglé, mais il y a encore de grosses infrastructures comme le Silo no 5, pour lesquelles on cherche de nouvelles vocations», dit-elle.

Hideux géants?
Joëlle Perron-Oddo en convient: les anciens sites industriels ont un aspect visuel «plus hétéroclite», mais le patrimoine ouvrier trouve sa valeur au-delà du regard des gens, selon elle.

«Il y a des éléments immatériels qui font en sorte qu’on accorde en tant que société de l’importance à un lieu. La brasserie Molson en est un exemple probant: c’est le site d’une des premières entreprises montréalaises qui sont encore là.» – Joëlle Perron-Oddo

Avec le temps, les Montréalais ont aussi appris à apprécier des symboles au sein de leur «paysage urbain», affirme Mme Perron-Oddo. «L’horloge de Molson, ils la voient depuis toujours, ils ont travaillé devant», dit-elle.

Un caractère unique
La ville de Montréal s’est illustrée au cours des années avec sa gestion d’ex-sites commerciaux et industriels, avance la guide patrimoniale.

«C’est super rare en Amérique du Nord que des villes conservent leurs magasins-entrepôts. Montréal l’a fait, et c’est quelque chose d’exceptionnel», constate-t-elle.

D’après Mme Perron-Oddo, toutefois, ce n’est pas un hasard si on retrouve tout de même des sites industriels laissés à eux-mêmes sur le territoire montréalais.

«Il y a eu une désindustrialisation assez concrète dans plusieurs grandes villes: Pittsburgh, New York… Ça s’est fait assez récemment à Montréal. Les shops Angus ont fermé dans les dernières décennies, Molson a annoncé qu’elle déménageait en 2018», remarque-t-elle.

«On est amené à se questionner sur une requalification», ajoute-t-elle.

Selon l’experte, les habitants du Grand Montréal «redécouvrent les qualités architecturales de ces bâtiments», ce qui les pousse à revoir leurs fonctions. La mixité d’usages devient, selon elle, un objectif à atteindre lorsqu’on repense le patrimoine industriel. 

«C’est toujours un peu des compromis, et c’est rare qu’on garde tout intact. […] C’est sûr que c’est moins agréable quand on détruit tout et qu’on garde une petite plaque commémorative», souligne-t-elle.

Les visites guidées ArchitecTours auront lieu du 3 août au 22 septembre.

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