Trottinettes électriques: Lime voit grand pour Montréal
Le service de trottinettes électriques en libre-service de Lime n’est offert à Montréal que depuis mardi que l’entreprise envisage déjà d’étendre son offre à l’ensemble des arrondissements de la métropole. Mais saura-t-elle répondre aux exigences de la Ville?
«On commence d’abord à Ville-Marie et à Westmount […] On va voir comment les gens les utilisent, puis on va mettre des trottinettes pour combler la demande», a indiqué mardi le gérant d’expansion pour Lime au Canada, Mathiew Lobraico.
Ce dernier a donné une conférence de presse mardi dans un parc de Westmount à côté de quelques trottinettes électriques de Lime. Depuis ce midi, 430 de ces engins, qui pèsent quelque 15 kg et ont une autonomie de 40 km, peuvent circuler dans les routes et les pistes cyclables de la métropole.
Actuellement, les 239 aires de stationnement réservées aux trottinettes électriques sont situées principalement au centre-ville ainsi que dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Les élus de Rosemont–La Petite-Patrie ont par ailleurs approuvé lundi soir une demande au comité exécutif pour que des tels espaces de stationnement soient aménagés sur leur territoire.
«Ce serait très bien d’avoir des trottinettes dans tous les arrondissements», a ajouté M. Lobraico. Ce dernier n’a par ailleurs pas exclu la possibilité de gonfler le nombre de trottinettes électriques présentes dans la métropole si la demande est au rendez-vous.
Appliquer le règlement
Les ambitions de l’entreprise pourraient toutefois être freinées par la Ville. Cette dernière, qui a adopté un règlement le printemps dernier pour encadrer ce mode de transport, se réserve le droit de suspendre le permis de l’opérateur, qui est valide jusqu’au 15 novembre. Elle pourrait également ne pas renouveler celui-ci l’an prochain.
«On va s’assurer que les gens les utilisent de façon sécuritaire et se stationnent bien dans les espaces dédiés avec les marquages, [qui sont] montrés en bleu dans l’application», a assuré M. Lobraico.
En vertu du règlement de la Ville, l’opérateur doit déplacer dans un délai de deux heures les trottinettes mal garées lui ayant été signalées, sous peine d’écoper d’une amende. Afin de respecter cette exigence, des camions et une «équipe à pied» sillonnera donc les rues de la métropole pour déplacer les engins garés à l’extérieur des zones permises, comme sur les trottoirs. Ces bolides sont d’ailleurs munis d’un GPS afin de pouvoir être retracés rapidement.
«C’est assez facile pour nous de savoir si quelqu’un utilise [une trottinette] de manière délinquante», a fait valoir le gérant d’expansion de l’entreprise.
Les utilisateurs, qui devront obligatoirement porter un casque et être âgés d’au moins 18 ans, pourraient aussi recevoir des amendes de la part de Lime s’ils circulent ou immobilisent une trottinette sur un trottoir. L’entreprise n’a toutefois pas voulu s’avancer sur le montant qui pourrait être associé à celles-ci.
«C’est sûr qu’il va y avoir des amendes, mais comme c’est là, on ne les a pas encore déterminées. Ça va être du cas par cas», a souligné M. Lobraico.
Enjeux de sécurité
Questionné par Métro au sujet des enjeux de sécurité que pourrait poser la présence de nombreux nids-de-poule sur certaines routes et pistes cyclables de la métropole, M. Lobraico a appelé les utilisateurs du service de Lime à «être prudents».
«Je pense que c’est une opportunité pour que les gens s’y prennent un peu plus calmement avec les trottinettes».
Les utilisateurs des trottinettes en libre-service seraient d’ailleurs plus vulnérables que les cyclistes à la piètre qualité du réseau routier en raison de la taille beaucoup plus petite des roues de ces engins électriques.
«C’est un engin qui est très vulnérable aux nids-de-poule. C’est très vulnérable aux accidents», a affirmé à Métro la présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau.
Cette dernière presse par ailleurs la Ville à élargir et à augmenter le nombre de kilomètres de pistes cyclables afin de pallier à la surcharge du réseau actuel. Une situation que risque d’aggraver l’arrivée de nouvelles formes de micro-mobilité, comme Lime et les vélos JUMP, craint-elle.
Une alternative à la voiture
Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de la Caroline du Sud, les trottinettes électriques en libre-service seraient moins écologiques que le transport en commun. Une situation notamment attribuable à la courte durée de vie de ces engins, qui font souvent l’objet de vols ou de vandalisme.
«Il y a aussi beaucoup d’études qui démontrent que les trottinettes enlèvent des autos des routes», a toutefois rétorqué M. Lobraico.