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167 M$ pour un centre de transformation des matières organiques dans Montréal-Est

Valérie Plante et Jean-François Parenteau Photo: Josie Desmarais/Métro

Afin de se rapprocher de la cible fixée par Québec en matière de récupération des matières organiques, la Ville de Montréal a signé un contrat de 167 M$ avec le seul soumissionnaire ayant signifié son intérêt pour construire et opérer un centre de biométhanisation dans l’est de l’île.

Le contrat, accordé à huis clos mercredi par le comité exécutif, prévoit une dépense totale de près de 130 M$ pour la construction d’un centre de traitement des matières organiques qui devrait entrer en opération en 2022 dans Montréal-Est. Une somme d’environ 37 M$ est également prévue pour permettre à l’entreprise SUEZ Canada d’opérer le bâtiment pendant cinq ans.

Ce centre, qui sera construit sur une ancienne carrière située dans un secteur industriel, traitera annuellement quelque 60 000 tonnes de matières organiques. Celles-ci comprennent entre autres les restants de table et les résidus de jardinage.

Selon la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ce nouveau centre permettra à la Ville de «se rapprocher» de la cible mise de l’avant par Québec selon laquelle 60% des matières organiques devraient être récupérées et non enfouies. Cette cible, qui avait d’abord été fixée pour 2015, a été repoussée à 2020 dans les dernières années.

«C’est un objectif ambitieux que nous devons atteindre si nous voulons véritablement améliorer notre bilan environnemental», a déclaré Mme Plante lors d’une conférence de presse jeudi à l’hôtel de ville de Montréal.

L’an dernier, 26% des matières organiques ont été récupérées dans l’agglomération de Montréal, ce qui représente un peu plus de 95 000 tonnes de déchets. 

Ce centre s’ajoutera au centre de compostage de Saint-Laurent, pour lequel un contrat de construction de 175 M$ qui inclut la destruction d’un bâtiment existant sur le site a été octroyé l’hiver dernier. Ce dernier devrait transformer 50 000 tonnes de matières organiques en compost annuellement.

Les trois autres centres prévus sous l’ancienne administration dans d’autres secteurs de l’île de Montréal ont pour leur part été mis sur la glace.

Sensibilisation

Afin d’inciter plus de Montréalais à remplir leur bac brun, la Ville entend miser sur des «campagnes de sensibilisation» auprès des citoyens.

«On parle de communication et de sensibilisation pour s’assurer que les gens participent à la collecte sélective», a indiqué le responsable de l’environnement au sein du comité exécutif, Jean-François Parenteau.

La Ville s’est déjà engagée à instaurer la collecte des matières organiques dans l’ensemble des immeubles de huit logements et moins. Elle compte maintenant étendre celle-ci aux immeubles de plus de neuf logements, comme les «tours à condos», a indiqué M. Parenteau.

«On est présentement à élaborer une stratégie de déploiement dans certains endroits», a-t-il précisé.  

«Les effets des changements climatiques se font de plus en plus sentir. L’urgence d’agir, ce n’est pas une rhétorique, c’est une réalité.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Gaz naturel 

Contrairement au centre de Saint-Laurent, celui situé dans Montréal-Est, qui desservira 1,5 million de personnes dans l’est de l’île et les quartiers centraux, transformera les matières organiques en gaz naturel renouvelable et non en compost. Une situation attribuable au manque de résidus verts nécessaires à la confection du compost dans les matières organiques des résidants de l’est de l’île.

Le gaz naturel ainsi produit servira à l’alimentation d’une usine d’épuration d’eau du secteur. Cela permettra à la Ville d’économiser 2M$ par année en n’ayant plus à alimenter ce bâtiment avec du gaz naturel «conçu à l’aide d’énergies fossiles», a indiqué Mme Plante.

Moins de transport

La construction des centres de Saint-Laurent et de Montréal-Est permettront à la Ville de ne plus avoir à transporter par camion ses matières résiduelles jusqu’à Lachute et Joliette, où elles sont actuellement traitées par des entreprises privées.

«Cela va nous permettre d’éliminer 15 000 tonnes de GES, ce qui est l’équivalent de 3000 voitures», a soulevé Mme Plante. 

Le maire de Montréal-Est, Robert Coutu, appréhende néanmoins les répercussions que la construction d’un centre de traitement des matières organiques dans la ville-liée aura sur la congestion routière dans ce secteur.

«On en a déjà pleinement des camions chez nous», a dit M. Coutu, qui entend élaborer un «plan de camionnage» afin de s’assurer que ces véhicules lourds nuisent «le moins possible» à la circulation locale. 

Le contrat pour le centre de Montréal-Est aura coûté 30% plus cher que l’évaluation initiale de la Ville, selon un fonctionnaire de la Ville consulté par Métro«C’est sûr qu’on n’est pas content. Quand on parle de 30% au-dessus des estimés, bien il faudrait savoir pourquoi», a réagi M. Coutu. 

Cette situation serait notamment attribuable au fait qu’un seul soumissionnaire a pris part à l’appel d’offres de la Ville. «On a demandé au gouvernement de pouvoir ouvrir le marché pour avoir plus de compétitivité», a évoqué M. Parenteau. 

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