La CSDM interpelle les arrondissements pour préserver les élus scolaires
La Commission scolaire de Montréal (CSDM) presse des arrondissements d’adopter une résolution en faveur des élus scolaires alors que le projet de loi 40 du gouvernement Legault soulève des inquiétudes, a appris Métro.
Le projet de loi présenté au début du mois par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, propose d’abolir les postes des élus scolaires. Ceux-ci seraient remplacés par des conseils d’administration composés de parents, de membres de la communauté et de représentants scolaires, tous bénévoles.
«Je prédis un chaos très grand», prévient à Métro la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon. Cette dernière, dont le poste est menacé, se demande comment des parents pourront «gérer des milliers d’employés». À elle seule, la CSDM compte plus de 16 300 employés et quelque 113 700 élèves montréalais.
«On est vraiment un palier local qui permet d’être des chiens de garde de nos enjeux locaux», ajoute Mme Harel Bourdon.
Grâce à cette réforme, Québec s’attend à économiser 45 M$ en quatre ans.
Défis montréalais
Actuellement, le conseil des commissaires est composé de membres élus et rémunérés. Il se réunit chaque mois pour prendre des décisions concernant, entre autres, le transport scolaire et les services de garde en milieu scolaire. Les membres s’occupent aussi de la mise en place de projets spéciaux visant à contrer le décrochage scolaire et à faciliter l’intégration des élèves immigrants.
«À Ville-Marie, mes consoeurs sont inquiètes parce que dans nos quartiers respectifs, on a l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire et des problèmes au niveau de la promotion des saines habitudes alimentaires», énumère la commissaire de la CSDM dans Ville-Marie, Stéphanie Bellenger-Heng.
Cette dernière craint ainsi que ce brassage administratif ne nuise à la défense des droits des parents d’élèves à «statut particulier».
«Des tensions»
Le document législatif, qui fera l’objet d’une commission parlementaire, prévoit une exemption pour les commissions scolaire anglophones. Ces dernières pourront avoir un conseil d’administration composé de membres élus au suffrage universel.
Cette situation pourrait notamment poser problème à l’école primaire et secondaire FACE, située au centre-ville. L’établissement bilingue, géré par la CSDM, accueille tant des enfants francophones qu’anglophones.
«Ça va créer des tensions au sein des écoles», prédit Mme Bellenger-Heng.
Ce brassage administratif survient alors que les écoles rencontrent plusieurs difficultés, notamment le manque d’enseignants et la surpopulation des classes.
«Sincèrement, est-ce que c’était vraiment le moment de déposer un projet de loi qui réforme de bord en bord le système de gouvernance? Poser la question, c’est y répondre», lance Mme Harel Bourdon.
«On parle de l’avenir de nos enfants et je suis vraiment inquiète pour le futur.» -Catherine Harel Bourdon
Les arrondissements interpellés
La CSDM a entamé des démarches dans les dernières semaines pour demander à divers arrondissements d’adopter une résolution. Celle-ci leur propose de réitérer «l’importance de maintenir les commissaires scolaires élus».
«Une motion de la part d’arrondissements ne fera pas bouger le gouvernement. Par contre, si la Ville appuie cette résolution, ça pourrait envoyer un message fort à Québec», soulève le conseiller du district de Snowdon, Marvin Rotrand. Ce dernier craint que l’administration municipale n’ose appuyer une telle motion par peur de froisser le gouvernement de François Legault.
«Nous n’avons pas de position à ce sujet», a indiqué l’attachée de presse de la mairesse de Montréal, Geneviève Jutras. Elle a toutefois assuré que cette possibilité fera l’objet de discussions.
Mobilisation
Le 23 octobre, La CSDM déposera un rapport sur la gouvernance scolaire en séance du conseil des commissaires. Ce rapport sera ensuite déposé dans le cadre de la commission parlementaire à venir sur le projet de loi 40.
La CSDM n’est pas la seule organisation à interpeller Québec sur ce dossier. La semaine dernière, plusieurs syndicats ainsi que la Fédération autonome de l’enseignement ont fortement critiqué ce projet de loi.
«Les dés ne sont pas joués parce qu’on sent qu’il y a une mobilisation tant des citoyens que des commissaires scolaires», assure Stéphanie Bellenger-Heng.