Itinérance: Montréal et Québec bouclent le financement du «wet shelter» et d’autres ressources
La Ville de Montréal et Québec investiront près de 5,5 M$ en quatre ans pour aider les femmes et les Autochtones en situation d’itinérance en plus d’aménager un centre de consommation contrôlée d’alcool dans la métropole, a appris Métro.
Depuis plus d’un an, la Ville négocie avec Québec pour mettre en place un fonds dédié à des projets d’aide aux personnes en situation d’itinérance dans la métropole. Vendredi après-midi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, rencontrera la ministre de la Santé et des services sociaux, Danielle McCann, afin de signer cette entente.
Par le biais de cette dernière, Québec et Montréal s’engage à créer le fonds Réflexe Montréal en itinérance. Le gouvernement Legault s’est engagé à déposer 5,25 M$ dans celui-ci, un montant auquel s’ajoute 200 000$ fourni par la Ville.
Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal s’engage quant à lui à fournir les ressources humaines nécessaires pour réaliser les projets liés à ce fonds, qui prévoit une répartition des investissements jusqu’en 2023.
Dépendance
Plus de la moitié de ce fonds, soit environ 3 M$, sera investi dans la réalisation d’un projet pilote de centre de consommation contrôlée d’alcool d’une durée de trois ans. Ce centre, communément appelé wet shelter, devrait ouvrir ses portes le printemps prochain.
«Les personnes qui vivent de la grande toxicomanie n’ont pas accès aux refuges […] On sentait l’urgence de faire quelque chose le plus rapidement possible pour ces personnes-là», a indiqué à Métro le commissaire aux personnes en situation d’itinérance à la Ville, Serge Lareault.
«Il faut leur donner un lieu où ils peuvent consommer et où ce sera sécuritaire. Ça leur évite d’avoir à voler pour pouvoir consommer», a soulevé le directeur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, Pierre Gaudreau.
Autochtones
Québec et la Ville investiront également environ 450 000$ dans le refuge de jour Résilience Montréal. Cet établissement, qui comptera trois étages et un sous-sol, sera situé à proximité du Square Cabot et offrira notamment des repas et des activités de bien-être.
Depuis le déménagement du refuge Open Door, l’an dernier, plus d’une dizaine d’itinérants autochtones ont trouvé la mort dans ce parc urbain.
«Je suis confiante qu’on peut aider les gens et leur offrir plus qu’on ne leur a jamais offert», a déclaré à Métro Nakuset, la directrice exécutive du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, qui est à l’origine de ce nouveau refuge. Cette dernière s’attend à accueillir principalement des femmes autochtones et inuites entre les murs de cet établissement.
«C’est un pas dans la bonne direction, mais ça ne répondra pas à tous les besoins.» -Pierre Gaudreau, au sujet de l’entente de financement qui sera annoncée vendredi
Itinérance au féminin
Le fonds entend aussi prioriser des projets d’aide aux femmes en situation d’itinérance. Souvent, plusieurs d’entre elles sont refoulées à la porte de refuges leur étant dédiés, faute de places disponibles.
«On veut voir quel projet d’urgence on peut créer pour les femmes parce que les ressources existantes débordent», a souligné M. Lareault. Des fonds pourraient par exemple être dédiés au refuge de 22 lits qu’entend réaliser l’organisme Chez Doris dans le quartier Peter-McGill.
La directrice des services cliniques à La rue des femmes, Suzanne Bourret, doute cependant que ces fonds seront suffisants pour «couvrir tous les besoins».
«Il y a toute la dangerosité pour les femmes si elles doivent dormir dehors. Il y a une grande quantité de femmes qu’on doit refuser chaque soir parce qu’on n’a pas assez de places», martèle-t-elle. Selon elle, des sommes considérables seront nécessaires pour ajouter des lits et offrir plus de services psychosociaux dans les refuges.