Logement: un règlement d’inclusion qui ne prévoit rien en matière d’accessibilité universelle
Alors que les femmes en situation de handicap font face à de multiples obstacles dans leur quête pour un logement adapté et abordable, la Ville de Montréal n’a prévu aucune exigence en matière d’accessibilité universelle dans son nouveau règlement d’inclusion.
C’est ce que constate le Conseil des Montréalaises dans un récent avis portant sur la discrimination à laquelle font face les femmes en situation de handicap qui cherchent un logement dans la métropole.
L’organisme, qui a consulté plusieurs groupes dans le cadre de cette étude, constate entre autres que les logements adaptés sont rares et que les coûts des loyers «augmentent de façon constante».
«Elles vont se retrouver dans des logements qui ne sont pas abordables et qui ne sont pas salubres», a déploré à Métro la leader de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Karine Boivin Roy. Celle-ci a d’ailleurs qualifié de «désespérants» les constats de ce rapport, adopté lundi par le conseil municipal.
Discrimination
Les femmes en situation de handicap vivent aussi beaucoup de discrimination de la part des propriétaires.
«Quand on pense aux logements locatifs privés, elles vont faire face aux préjugés des propriétaires», soulève à Métro la présidente du Conseil des Montréalaises, Dorothy Alexandre. Certains propriétaires vont notamment craindre que ces femmes ne soient pas en mesure de payer le loyer en raison de leur «grande précarité financière». D’autres vont refuser de réaliser des rénovations pour adapter leurs logements.
Mme Alexandre a par ailleurs soulevé le manque de logements sociaux et communautaires disponibles. Elle a aussi noté le processus administratif long et complexe qui attend les femmes en situation de handicap qui veulent bénéficier d’une aide financière, notamment par le biais du Programme de supplément au loyer ou du Programme d’adaptation de domicile.
«La spéculation fait en sorte que des personnes [en situation de handicap] doivent quitter leur quartier.» -Dorothy Alexandre, présidente du Conseil des Montréalaises
Règlement d’inclusion
Le rapport, qui fait 34 recommandations à la Ville, montre par ailleurs du doigt une lacune du Règlement pour une métropole mixte, actuellement à l’étude. Celui-ci vise l’inclusion de 20% de logements sociaux, 20% de logements abordables et 20% de logements de trois chambres et plus dans les projets immobiliers de plus de cinq unités.
Or, il n’y a «aucune mention, dans le nouveau Règlement pour une métropole mixte, de normes exigées ou de cibles d’accessibilité universelle», constate l’organisme.
«C’est comme un angle mort dans ce règlement-là. […] Toute la notion d’accessibilité universelle, on veut que ça fasse partie des démarches de la Ville en amont », soulève Mme Alexandre.
L’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy, affirme toutefois qu’il serait impossible d’inclure une clause d’accessibilité universelle dans ce règlement. Une telle initiative aurait permis d’obliger les promoteurs à inclure un certain pourcentage de logements adaptés dans leurs projets immobiliers.
«Le règlement pour une métropole mixte est issu de nouveaux pouvoirs des municipalités, expressément au sujet de l’inclusion de logements sociaux, abordables et familiaux. La question de la construction de logements universellement accessibles ne peut donc se traiter dans le cadre de cette réglementation», a-t-elle indiqué par écrit.
Mme Houde-Roy a toutefois précisé que la Ville entend adopter, «dans les prochains mois», une mise à jour de son règlement en matière de construction de bâtiments. Celui-ci intégrera alors «les plus récentes modifications du Code de la construction du Québec en lien avec l’accessibilité universelle», a-t-elle ajouté.