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Uber contribue-t-elle à la congestion routière à Montréal?

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Photo: (Photo: IDS/Verdun Hebdo - Archives)

Alors que les études se multiplient sur les impacts des services comme Uber sur la congestion routière, des experts préviennent que la situation est sans doute similaire à Montréal, tandis que la multinationale refuse de dévoiler ses données opérationnelles.

«C’est certain que la croissance d’Uber à Montréal est phénoménale. Il suffit de se baser sur le nombre de véhicules identifiés Uber qu’on peut voir dans les rues de la métropole», soulève à Métro l’expert en planification des transports et chargé de cours dans plusieurs universités, Pierre Barrieau.

Dans les dernières années, plusieurs études ont fait état des impacts des entreprises comme Uber et Lyft sur la congestion routière et le délaissement du transport en commun. En 2018, la firme Schaller Consulting a analysé ce phénomène dans plusieurs villes américaines, dont Boston, Chicago et New York. Son constat: environ 60% des utilisateurs de ces applications auraient opté pour le transport en commun, la marche ou le vélo si celles-ci n’existaient pas. 

Une étude réalisée à San Francisco a ensuite dévoilé l’an dernier que les services de covoiturage commercial ont contribué à la croissance de la congestion routière à San Francisco dans les dernières années «en ajoutant des voitures sur les routes».

Cette situation ne concerne d’ailleurs pas que les États-Unis. À Toronto, le nombre de courses réalisées par les chauffeurs d’Uber et de Lyft a atteint une moyenne de 176 000 courses par jour, en croissance de 180% en deux ans et demi, selon un récent rapport commandé par la Ville-Reine.

«C’est une situation qu’on regarde de près, entre autres dans la contexte de la réforme de l’industrie du taxi par le gouvernement du Québec», a commenté à Métro l’attachée de presse de la mairesse de Montréal, Geneviève Jutras. 

Manque de transparence

Contactée par Métro, la multinationale Uber a refusé de dévoiler les données dont elle dispose sur le nombre de courses effectuées à Montréal. L’Autorité régionale de transport métropolitain a par ailleurs confirmé que les résultats de l’enquête Origine-Destination de 2018, qui sont attendus ce printemps, n’incluront pas d’informations sur les trajets effectués par les Québécois par le biais de cette application.

Selon le président de Trajectoire Québec, François Pepin, le manque de transparence d’Uber risque de nuire à la «planification des transports» dans la région métropolitaine. L’ARTM, rappelle-t-il, planche actuellement sur la création d’un abonnement unique à divers modes de transport, un projet qui intéresse aussi Uber.

«Il faut que le gouvernement du Québec mette son pied à terre pour réclamer des données [d’Uber]», martèle également M. Barrieau.

Au moment d’écrire ces lignes, le ministère des Transports du Québec n’avait pas répondu aux requêtes de Métro.

«Uber réduit l’achalandage du transport en commun et augmente la congestion routière -Pierre Barrieau, expert en planification des transports

Transport en commun

L’étude menée par Toronto indique que 49% des utilisateurs d’Uber et de Lyft auraient opté pour le transport en commun si ces options avec chauffeur étaient inexistantes. Le rapport note par ailleurs une croissance des courses effectuées par le biais de ces applications pendant la période de pointe matinale.

«C’est sûr qu’Uber est un des facteurs principaux des déplacements réalisés par les autobus. Uber a moins d’impacts sur le métro», analyse Pierre Barrieau.

Selon des données obtenues par Métro, le réseau d’autobus de Montréal a perdu près de 34 millions de passages individuels de 2012 à 2018, soit une moyenne d’environ 5 millions par année.

La Société de transport de Montréal (STM), qui constate les «effets négatifs» qu’a eu Uber dans plusieurs villes, ne croit toutefois pas que l’entreprise représente une compétition sérieuse à son réseau.

«Les services actuellement offerts [par Uber] à Montréal ont une tarification plus élevée que celle du transport collectif, et répondent donc à des besoins ciblés de certaines clientèles à certaines occasions», a indiqué la STM par courriel. 

Plus de sécurité

L’entreprise Uber a annoncé mardi qu’une nouvelle fonction de sécurité sera accessible dans l’application de l’ensemble de ses clients canadiens et américains d’ici la fin de la semaine. Les utilisateurs qui activeront cette fonction pourront recevoir un code de sécurité à quatre chiffres avant chaque course. Ils devront ensuite fournir ce code à leur chauffeur, qui devra entrer le bon code dans son application avant que la course puisse commencer.

La multinationale a été montrée du doigt à plusieurs reprises dans les dernières années pour les mésaventures vécues par nombre de ses clients. En décembre 2019, l’entreprise a dévoilé avoir reçu près de 6000 plaintes pour agressions sexuelles aux États-Unis en 2017 et 2018. Le rapport fait aussi état de 19 homicides commis pendant cette période.

Cette nouvelle fonction s’ajoute à plusieurs mesures prises par l’entreprise pour assurer la sécurité des usagers. Les utilisateurs de l’application peuvent notamment partager leur itinéraire en direct avec leurs proches. Les chauffeurs d’Uber doivent par ailleurs, de façon aléatoire, prendre une photo d’eux-mêmes afin de confirmer leur identité dans l’application grâce à un mécanisme de reconnaissance faciale.

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