Disquaires: Ensemble Montréal réclame des heures d’ouverture prolongées
L’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal presse l’administration de Valérie Plante de prolonger les heures d’ouverture des disquaires du quartier Mile End, qui font face à des amendes salées.
«Il en va de la survie des commerces dans certains quartiers», affirme à Métro le conseiller d’Ensemble Montréal Aref Salem. Ce dernier est l’auteur d’une motion qui sera débattue pendant la prochaine séance du conseil municipal, qui aura lieu lundi prochain.
En décembre dernier, plusieurs disquaires du quartier Mile End, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, ont reçu des amendes pouvant aller jusqu’à près 3000$ pour avoir gardé leurs portes ouvertes au-delà de l’heure obligatoire de 17h, le weekend. Ceux-ci avaient précédemment reçu en avril dernier la visite surprise d’un inspecteur du ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui leur avait alors remis un avis pour avoir gardé leur commerce ouvert plus tard que la limite permise.
«Les gens viennent chez nous le weekend. Donc, si [la Ville] ne trouve pas une solution rapidement, ça va être très difficile pour les disquaires comme nous», souligne à Métro le copropriétaire du Phonopolis, Jordan Robson-Cramer. Le commerçant de la rue Bernard Ouest fait face à une amende de 2900$, qu’il refuse de payer.
La Loi québécoise sur les heures et les jours d’admission dans les établissements commerciaux prévoit que la fermeture des commerces de détail ne peut avoir lieu plus tard que 17h le weekend. Une exemption s’applique toutefois à plusieurs commerces, dont les restaurants, les boutiques d’artisanat et les galeries d’art, qui peuvent garder leurs portes ouvertes plus tard.
La situation varie d’ailleurs d’un secteur à l’autre de la métropole. Les commerces peuvent déjà demeurer ouverts jusqu’à 20 :00 la fin de semaine sur plusieurs artères commerciales du Plateau-Mont-Royal, par exemple, tandis que ceux du centre-ville ne font face à aucune contrainte d’horaire depuis 2015.
«C’est tout à fait un non-sens. Ça aurait déjà pu être réglé il y a longtemps», estime le cofondateur de l’organisme MTL 24/24 Montréal, Alexis Simoneau. Selon lui, l’élargissement des heures d’ouverture des commerçants indépendants pourrait faire partie des solutions à la problématique des locaux commerciaux vacants à Montréal.
«La Ville de Montréal doit offrir un environnement concurrentiel aux commerces locaux qui subissent une forte pression des géants du web.» -Extrait de la motion d’Ensemble Montréal
Statut de métropole
L’opposition officielle demande ainsi à la Ville d’utiliser son statut de métropole pour remédier à cette situation. En 2017, le gouvernement du Québec a accordé à Montréal des pouvoirs supplémentaires, dont celui de créer sa propre réglementation concernant les heures d’exploitation des commerces situés sur son territoire.
«La Loi sur le statut de la métropole est claire. Il faut juste créer cette réglementation. Ça fait deux ans et demi qu’on attend ce règlement», martèle M. Salem.
Le parti presse par ailleurs la Ville de trouver une «solution temporaire» auprès du ministère québécois de l’Économie et de l’innovation afin que les commerçants du Mile End reçoivent l’autorisation d’ouvrir leurs portes jusqu’à 20h, «comme c’est déjà le cas pour certains secteurs de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal».
En décembre dernier, la mairesse de Montréal s’était dite «très sensible à la situation des disquaires». Elle a notamment affirmé qu’elle allait «examiner le cadre légal» concernant les heures d’ouverture des commerces «dans les prochains mois». Le ministère de l’Économie s’était pour sa part montré ouvert à revoir les heures de fermeture des disquaires, si ceux-ci en font la demande.
Depuis, 14 commerçants montréalais ont uni leurs voix dans une lettre envoyée au ministre Pierre Fitzgibbon pour lui faire une demande en ce sens.
Interpellé par Métro, le ministère de l’Économie et de l’innovation a rappelé que la Ville dispose des pouvoirs pour décider elle-même des heures d’ouverture des commerces sur son territoire. Il suffit qu’elle crée un règlement.
«La Ville de Montréal a donc tous les pouvoirs pour donner suite à cette motion, notamment si elle souhaite permettre l’ouverture jusqu’à 20 h les samedis et dimanches aux commerçants du Mile-Ex», souligne-t-on par courriel.