Logement: des organismes s’inquiètent des hausses de prix projetées par la Régie
Des organismes communautaires réitèrent leurs inquiétudes à l’égard des locataires les plus vulnérables, alors que la Régie du logement a publié mercredi ses projections moyennes des augmentations de loyer en 2020. Ils pressent Québec d’intervenir pour éviter le pire.
«Les estimations atteignent carrément le double de l’année passée dans presque toutes les catégories, alors qu’on est déjà dans un contexte de flambée des prix», explique à Métro la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.
Pour un logement non chauffé, la Régie calcule à 1,2% l’augmentation moyenne du loyer mensuel. L’an passé, ce chiffre se situait autour de 0,5%. Idem pour les logements chauffés à l’électricité et au gaz, qui subiront en moyenne des hausses de 1% et de 1,4% en 2020.
Les bâtiments chauffés au mazout, eux, feront l’objet d’une augmentation de 0,6%. La Régie prévient par ailleurs que ces chiffres demeurent relatifs, car ils ne prennent «pas en compte les spécificités de chaque immeuble et de chaque logement».
À Montréal, le FRAPRU dénonce que «le loyer augmente de manière beaucoup plus importante que ces indices». «L’abordabilité des logements locatifs est en danger, surtout que les gens qui y habitent n’ont pas des revenus qui augmentent, alors que leur loyer bondit en flèche», lâche Mme Laflamme.
Des indices «facultatifs»
Au Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le porte-parole Maxime Roy-Allard déplore que l’utilisation des indices d’augmentation de loyer de la Régie soit «facultative» pour les propriétaires.
Son groupe somme la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, d’instaurer un «contrôle obligatoire et universel» des loyers. Ce registre serait, d’après lui, «la solution aux abus répétés du marché privé».
«C’est plus que jamais le temps d’agir. On est en situation de pénurie et les propriétaires savent qu’ils ont le gros bout du bâton. Clairement, il faut s’attendre à des hausses plus salées cette année.» -Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ
L’organisme invite les locataires à «user de prudence» avant d’accepter une augmentation de loyer. «C’est important de bien calculer sa hausse, et ne pas hésiter à la refuser si on croit qu’elle est abusive», rappelle-t-il.
Plus de rareté, craignent les proprios
Appelée à réagir, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) estime que ces nouveaux critères de la Régie «accentueront les problèmes de disponibilité et de qualité» du logement.
«Si le gouvernement du Québec avait appliqué le coût d’usage pour déterminer les ajustements au cours des dernières décennies, l’offre actuelle serait plus abondante et de meilleure qualité», dit le porte-parole du groupe, Hans Brouillette. Il dit y voir «une des absurdités de la méthode» de la Régie «qui utilise des chiffres qu’elle influence elle-même».
Québec ouvert à réviser
Jointe par Métro, l’attachée de presse au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, Bénédicte Trottier-Lavoie, ouvre quant à elle la porte à une révision du règlement sur les indices de fixation.
«Nous ne sommes pas contre une révision de ce règlement qui date de plusieurs dizaines d’années. La ministre Laforest souhaite voir s’il y a moyen de le moderniser. Nous allons poursuivre notre réflexion en ce sens», soutient-elle.
À la mi-janvier, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) révélait que le taux d’inoccupation des logements dans le Grand Montréal atteignait dorénavant 1,5%. Ce chiffre était d’environ 3,9% en 2016.