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Antisémitisme: la mobilisation s’organise à Montréal contre une définition controversée

Denis Kosseim, de la Fondation canado-palestinienne du Québec, accompagné de Niall Clapham Ricardo, des Voix juives indépendantes Montréal, s'opposent à une définition controversée de l'antisémitisme.
Denis Kosseim, de la Fondation canado-palestinienne du Québec, accompagné de Niall Clapham Ricardo, des Voix juives indépendantes Montréal. Photo: Josie Desmarais | Métro

Des groupes juifs, palestiniens et syndicaux unissent leurs voix pour s’opposer à une motion de l’opposition officielle à Montréal, qui demande à l’administration de Valérie Plante d’adopter une définition controversée de l’antisémitisme.

«On va continuer [notre mobilisation] jusqu’à ce qu’on ait un signal fort de la Ville de Montréal comme quoi elle comprend que cette définition-là ne fait pas consensus au sein de la communauté juive», a déclaré jeudi matin Niall Clapham Ricardo, membre de l’organisme Voix juives indépendantes Montréal (VJI). Ce dernier a donné une conférence de presse au centre-ville en compagnie de représentants de la Fondation canado-palestinienne du Québec et de la FTQ.

Le parti Ensemble Montréal présentera lundi une motion qui demande à la Ville d’adopter la définition de l’antisémitisme proposée par L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, mieux connue sous l’acronyme anglais IHRA.

Cette définition, créée en 2016, a été endossée par plus d’une trentaine de pays, dont le Canada, les États-Unis et la France. Elle reçoit aussi l’aval de plusieurs organisations juives, qui estiment que celle-ci définit clairement les différentes formes que peut prendre la haine des Juifs.

Plusieurs autres groupes la critiquent toutefois, à commencer par VJI. L’organisme, qui a lancé la campagne noIHRA, soutient que cette définition a comme objectif de venir étouffer les mouvements d’opposition à certaines politiques d’Israël, notamment la colonisation des territoires palestiniens.

«Cette définition fait de la résistance palestinienne et de nos demandes légitimes une lutte qui n’est pas crédible, qui est [vue comme] antisémite, et donc immorale», a déploré Denis Kosseim, de la Fondation canado-palestinienne du Québec.

«C’est la définition la plus universellement acceptée. Elle bénéficie d’un grand consensus.» -Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal

Appui syndical

La définition de l’IHRA mentionne notamment que «l’antisémitisme peut se manifester par des attaques à l’encontre de l’État d’Israël lorsqu’il est perçu comme une collectivité juive», tout en précisant que ses politiques peuvent faire l’objet de critiques.

«Pour les organisations syndicales, [cette définition] a pour but de faire taire les critiques. Et ça ne fonctionnera pas», a pour sa part assuré le président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain, Marc-Édouard Joubert. Selon lui, «le danger est dans l’amalgame» entre les «critiques légitimes d’Israël» et l’antisémitisme.

Plusieurs organisations contactées plus tôt cette semaine par par Métro rejettent toutefois ces critiques.

«Ce n’est pas du tout une définition qui vient interdire les critiques légitimes de l’État d’Israël. […] Les nombreux pays qui ont adopté la définition de l’IHRA n’ont pas proscrit les mouvements de défense des droits des Palestiniens», a notamment souligné lundi le directeur à la recherche et aux affaires publiques du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) au Québec, David Ouellette.

Si ce dernier salue l’initiative du chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, de présenter cette motion, ce n’est pas le cas de la Ligue des droits et libertés, qui s’oppose à celle-ci.

«Si Montréal adoptait cette définition, cela pourrait faire en sorte que des organisations et des personnes qui critiquent les politiques de l’État d’Israël ou défendent les droits des Palestiniens se voient injustement accusées d’antisémitisme», a fait valoir l’organisme dans un courriel envoyé à Métro.

Crimes haineux

Les organismes présents à la conférence ont toutefois précisé qu’ils partagent les préoccupations d’Ensemble Montréal concernant la hausse du nombre de crimes haineux à l’égard des personnes de confession juive. Ils estiment toutefois que d’adopter cette définition controversée de l’antisémitisme ne représente pas le bon moyen de s’attaquer à cet enjeu social.

«C’est une instrumentalisation d’un problème réel, l’antisémitisme, à des fins politiques», a laissé tomber Niall Clapham Ricardo. Selon lui, il faut plutôt inclure l’antisémitisme dans la lutte plus large contre la xénophobie et le racisme.

Le cabinet de la mairesse de Montréal n’a pas commenté.

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