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Ville-Marie repousse l’adoption d’un projet immobilier controversé

projet immobilier controversé
Le projet immobilier controversé garderait les façades des immeubles 2105 à 2137, rue De Bleury, et construirait environ 290 petits logements. Photo: Josie Desmarais/Métro

L’arrondissement de Ville-Marie a repoussé l’adoption d’un projet immobilier controversé prévu dans un secteur patrimonial du centre-ville. Celui-ci a soulevé un fort mécontentement populaire ces dernières semaines.

«Les élus nous ont entendus et le promoteur serait en train de revoir ses plans», a indiqué à Métro Isabelle Clément. Cette résidante de la Coopérative d’habitation Jeanne-Mance est à l’origine la mobilisation populaire contre le projet immobilier du Groupe Canvar prévu sur la rue De Bleury, au nord de la place des Festivals. 

Le promoteur propose d’aménager 290 logements et des commerces dans un immeuble de huit ou neuf étages. Il serait situé sur un site culturel où l’on retrouve notamment cette coopérative qui comprend 16 maisons de style victorien dont les façades ont un statut patrimonial depuis 1975. Une centaine de personnes y demeurent.

«C’est un des secteurs patrimoniaux qui a été le plus préservé à Montréal», explique à Métro le directeur général de l’organisme Héritage Montréal, Dinu Bumbaru. Inquiet, il redoute que ce projet immobilier vienne nuire à la protection du patrimoine du centre-ville.

Mobilisation populaire

Lors d’une consultation publique sur ce projet, le 29 janvier, des résidants du secteur ont déposé une pétition comptant près de 700 signatures. Ils demandent à l’arrondissement de ne pas accorder de dérogation au promoteur dont le projet prévoit la construction d’un immeuble de 25 mètres, alors que la hauteur des bâtiments est limitée à 16 mètres dans ce secteur.

«C’est un espèce de monstre qui va se dresser devant nous», déplore Solange Guilbert, une autre résidente de la coopérative. Comme les autres résidants, elle craint une diminution de l’ensoleillement à cause de ce projet. Une étude menée par le promoteur fait état d’une perte quotidienne de deux heures de lumière naturelle si l’édifice prenait forme.

De plus, les résidants ont exprimé leur crainte de voir augmenter la circulation routière près de la coopérative. Ils ont envoyé une lettre à l’arrondissement  à cet égard, que Métro a pu lire. 

«Avec un immeuble de 300 logements, la circulation risque d’accroitre exponentiellement.» -Extrait de la lettre datée du 24 janvier 2020

Manque de logements familiaux

Parmi les logements prévus dans ce projet, 82% seront des studios ou des logements doté d’une seule chambre. Les 18% restants disposeront de deux chambres à coucher. Cela équivaut à une cinquantaine de logements au total.

Ainsi, des résidants de la Coopérative d’habitation Jeanne-Mance dénoncent le manque de logements familiaux, de trois chambres ou plus, dans ce projet.

«Dans l’état de la crise actuelle du logement à Montréal, ça nous paraît complètement inconséquent d’y aller avec un projet comme ça», déplore Mme Clément. 

Selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, seulement 0,7% des appartements de trois chambres et plus étaient disponibles l’an dernier dans le Grand Montréal.

«Ce n’est pas par manque de volonté politique. C’est parce que je n’ai pas d’outils juridiques [pour exiger plus de logements familiaux]», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Cette dernière a répondu aux questions de plusieurs citoyens inquiets lors de la séance du conseil d’arrondissement, mardi soir.

À partir de 2021, la Ville entend hausser les seuils minimaux de logements sociaux, familiaux et abordables dans les projets immobiliers de la métropole par le biais d’un nouveau règlement d’inclusion.

Pas à l’ordre du jour

Les documents décisionnels de la séance du conseil d’arrondissement du 10 décembre prévoyaient l’adoption le 11 février du deuxième projet de résolution en lien avec ce dossier. Or, ce point était absent de l’ordre du jour de la séance de mardi soir, a constaté Métro.

«On voulait s’assurer de ne pas prendre une décision sur le coin d’une table […]. On va prendre le temps d’avoir une discussion en bonne et due forme», a indiqué Mme Plante.

Une rencontre aura lieu prochainement entre les membres de cette coopérative et des élus de l’arrondissement. Ceux-ci devraient préciser leur position «au courant des prochaines semaines», a indiqué l’attachée de presse du cabinet de la mairesse, Catherine Cadotte.

Le Groupe Canvar n’avait pas encore répondu aux questions de Métro, mardi.

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