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Crise climatique: 6000 étudiants ont déjà voté pour la grève au Québec

Des étudiants en grève manifestent pour le climat, le 15 mars.
Les jeunes n’avaient pas été aussi nombreux à s’unir depuis la grève de 2012 et la géante manifestation pour la planète qui a eu lieu à l’automne dernier. Photo: Archives Métro
Henri Ouellette-Vézina et François Carabin - Métro

Près de 6000 étudiants à travers la province ont déjà voté un mandat de grève climatique en vue d’une manifestation qui se tiendra le 3 avril prochain, afin de dénoncer l’impact environnemental de projets comme l’usine de liquéfaction de gaz naturel GNL Québec. Plusieurs votes pour tenir une semaine de grève complète doivent aussi se tenir dans les prochains jours, a appris Métro.

En date de lundi, six regroupements départementaux de l’Université Laval (UL) avaient voté leur entrée en grève. À Québec, des étudiants en physique, ainsi qu’en anthropologie, en foresterie, en archéologie et en musique ont déjà parlé. Aux cycles supérieurs, l’association des étudiants en géographie s’est également prononcée pour une semaine d’interruption.

Idem pour les étudiants des cégeps de Saint-Félicien et de Marie-Victorin, respectivement situés au Saguenay et à Montréal.

Selon la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES), qui dirige une semaine de grève climatique à partir du 30 mars, la mobilisation ne fait que commencer. «On s’attend à ce que plusieurs autres associations rejoignent le mouvement dans les prochains jours», explique à Métro l’attaché de presse de la CEVES, Léonard Leclerc.

En plus du centre collégial du Mont-Tremblant, les cégeps de Saint-Laurent, du Vieux-Montréal et de Maisonneuve seraient sur le point de voter pour la grève. À Montréal, «la mobilisation va bien» en vue de votes qui auront lieu après la semaine de relâche.

«Il y a eu 150 000 personnes dans les rues en mars, puis 500 000 en septembre. Mais aujourd’hui, on réalise que ce n’est pas tant le nombre qui nous importe. C’est surtout le poids qu’on peut avoir qui nous motive.» -Léonard Leclerc, attaché de presse de la CEVES

À Québec en premier

L’UL est le premier établissement universitaire à s’être prononcé, du moins en partie, sur la semaine de grève.

Président de l’Association des étudiant(e)s gradué(e)s en géographie (ALEGG), Samuel Yergeau estime qu’il s’agit d’un pas supplémentaire à franchir, particulièrement après les journées de grèves votées le 27 septembre et le 15 mars 2019.

«Une semaine de grève, ça frappe un peu plus, surtout quand c’est trois semaines avant la fin de session», avance l’étudiant à la maîtrise en sciences géographiques.

«Ça devient important. On a eu la preuve que les grèves d’une journée n’ont aucun impact sur les gouvernements en place.» – Samuel Yergeau, président de l’ALEGG-UL.

À l’Université Laval, un vote important des étudiants aux 2e et 3e cycles doit se tenir cette semaine. «Il y a un vote électronique qui s’en vient», explique Samuel Yergeau. Dans le cas d’un appui à la grève, environ 11 000 personnes de plus manqueraient des cours à la fin mars pour appuyer la lutte contre la crise climatique.

Des 6000 étudiants qui ont voté jusqu’à maintenant, 4500 seront en grève tout au long de la semaine. Certaines associations, comme celle du Cégep de Saint-Félicien, ont pour leur part opté pour une seule journée de grève, à temps pour la manifestation du 3 avril.

L’une des membres du comité environnement du Cégep Marie-Victorin, Camille Thibaudeau, voit pour sa part les choses d’un bon oeil après un vote favorable à la grève dans son établissement.

«Petit à petit, il semble que le combat fait partie de la culture même de l’établissement et nous travaillons à ce que cela reste ainsi», indique-t-elle.

Éducation populaire d’abord

Du 30 mars au 3 avril, la CEVES coordonnera une série d’activités «d’éducation populaire» sur plusieurs campus à travers la province.

«Notre but est de mettre des solutions sur la table, dit Léonard Leclerc. On veut que plusieurs institutions organisent des conférences, des ateliers et des discussions. Elles doivent voir comment changer elles-mêmes leur milieu, sans attendre les gouvernements.»

Autant locale que nationale, la mobilisation aura pour principal objectif de faire prendre conscience aux décideurs que les jeunes ont besoin de gestes concrets.

«On ne peut plus étudier dans un contexte où on ne sait pas si notre avenir est garanti», résume l’attaché de presse de la CEVES.

La «Semaine de la transition» constitue le premier grand projet de l’organisation. L’an dernier, une importante journée de manifestations avait eu lieu le 15 mars. L’expérience organisée par le collectif La Planète s’invite à l’université s’était ensuite répétée le 27 septembre, en compagnie d’un important pan de la société civile et de la militante suédoise Greta Thunberg.

Le gouvernement suivra la mobilisation

S’il dit «saluer» la mobilisation des étudiants, le ministère provincial de l’Environnement demeure toutefois prudent quant à l’impact d’une grève généralisée. Il invite l’ensemble de la population estudiantine à ne pas «manquer l’école», d’abord et avant tout.

«Ce sera l’année de l’environnement. Nous sommes déjà en action et nous avons posé un premier geste concret avec l’élargissement de la consigne», a précisé il y a quelques semaines Louis-Julien Dufresne, le porte-parole du ministre Benoit Charette.

D’autres mesures «structurantes» seront d’ailleurs bientôt annoncées, promet Québec.

Le Plan d’électrification et de changements climatiques, qui a fait l’objet d’une tournée de consultations depuis août, sera notamment dévoilé dans les prochaines semaines.

En chiffres

Les associations étudiantes déjà en grève

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