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Laval: l’administration de Marc Demers montrée du doigt pour son style «directif»

Laval Marc Demers
Le maire Marc Demers Photo: MARTIN OUELLET-DIOTTE/AFP

La banlieue nord a-t-elle réellement tourné la page sur l’ère Vaillancourt? S’ils reconnaissent la tendance de l’administration de Marc Demers, à Laval, à écouter «davantage» que par le passé, plusieurs organismes dénoncent que la mairie détourne trop souvent le débat pour servir ses propres intérêts. Au-delà des engagements politiques, c’est le leadership «trop directif» du Mouvement Lavallois qui causerait problème, selon certains.

Pour Huguette Larochelle, la présidente-fondatrice du mouvement Sauvons nos trois grandes îlesqui milite depuis plusieurs années pour la préservation des îles Saint-Joseph, aux Vaches et Saint-Pierre –, un sérieux coup de barre doit être donné en matière de dialogue, et de transparence.

«La dernière fois qu’on a rencontré le maire pour faire avancer notre cause, c’était il y a trois ans, avance-t-elle. Depuis, on a demandé à s’asseoir avec eux à au moins trois reprises. On nous dit à chaque fois qu’il n’y a rien à dire, qu’il faut faire confiance à l’administration. C’est quand même honteux.»

«On a constamment l’impression de se faire tromper par toutes sortes de ruses qui consistent à annoncer de belles nouvelles. Mais une fois le capital politique obtenu, il n’y a plus rien qui bouge et on ne peut plus rien dire.» – Huguette Larochelle, fondatrice de Sauvons nos trois grandes îles

Un dossier complexe

À la Ville de Laval, la porte-parole au cabinet du maire Demers, Valérie Sauvé, affirme qu’il est «faux de prétendre que nous manquons de transparence dans le dossier des grandes îles». «Il s’agit d’un dossier complexe qui nécessite un accord tripartite. Nous tentons depuis des années de faire avancer ce dossier», affirme-t-elle, soulignant que la Ville rend l’ensemble de ses démarches publiques.

Deux autres organismes rejoints par Métro, qui préfèrent garder l’anonymat, disent toutefois vivre les mêmes réalités.

«Laval organise beaucoup de consultations, mais elles sont très dirigées, très orchestrées. On ne peut jamais vraiment déroger au cadre politique. Si jamais tu poses trop de questions, on te pousse vers l’extérieur. C’est quasiment une dictature de l’image», martèle l’un d’eux.

Au mois de novembre, plusieurs conseillers de l’opposition à Laval avaient également reproché à l’administration de Marc Demers son manque de transparence. Ils accusaient la Ville d’avoir dissimulé les résultats d’un sondage sur la Politique du stationnement et le développement du centre-ville.

Laval dit faire des «pas de géants»

En entrevue, à Métro, l’administration Demers s’explique très mal cette position. «On a fait des pas de géants en matière d’éthique et de saine gouvernance depuis 2014», argue Valérie Sauvé à ce sujet.

Mise en place de mécanismes de reddition de comptes, révision des pouvoirs au comité exécutif, renforcement des pouvoirs de la vérificatrice générale, création d’un nouveau Code d’éthique pour les élus et mise sur pied du Bureau d’intégrité et d’éthique: Laval affirme s’être investie dans une refonte de ses institutions.

Depuis l’été 2015, la Ville s’est aussi dotée d’une plateforme en ligne pour gérer les consultations publiques. Plus de 9 000 personnes ont participé aux activités de démocratie citoyenne. Quelque 69 000 visites ont aussi été recensées sur le site. «On ne peut changer les règles d’une consultation à l’autre», illustre Mme Sauvé.

«Je vois mal comment on peut soutenir qu’on ne peut pas faire avancer de causes à la Ville. Avant 2014, des consultations citoyennes, il n’y en avait jamais.» -Valérie Sauvé, directrice au cabinet du maire Demers

Une tradition de consultation à bâtir?

«Il n’y a pas une longue tradition de consultation publique à Laval, explique la spécialiste en gestion municipale de l’UQAM, Danielle Pilette, en entrevue à Métro. C’est un peu comme si, au fil du temps, l’administration n’avait pas acquis ce réflexe de sonder la population, en partie parce que cela n’a pas toujours été nécessaire.»

Le cœur du problème résiderait dans le fait que la ville est encore dirigée «comme si elle était unidirectionnelle». «Dans un pôle urbain comme Laval, la population est rapidement appelée à se diversifier. En ce moment, on gouverne comme si tout le monde était pareil. Ce qui va à l’encontre de la post-modernité», note la spécialiste.

Si l’administration est «pleine de bonne volonté», elle n’est malheureusement pas à jour avec l’émergence de «nouvelles valeurs sociales», selon elle. Mme Pilette avance que le style de leadership de M. Demers est «peut-être trop directif». Malgré tout, le maire de Laval demeure «beaucoup plus transparent» que plusieurs autres élus municipaux à travers le Québec, nuance l’experte de l’UQAM.

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