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Coronavirus: à Laval, des prisonniers en «grève de la faim»

Coronavirus: à Laval, des prisonniers en «grève de la faim»
Un groupe de 34 prisonniers déplore que le personnel de sécurité soit en contact «permanent» avec le monde extérieur sans pour autant passer de test médical. Photo: Archives Métro

Des prisonniers détenus par les services frontaliers, au Centre de surveillance de l’immigration de Laval (CSIL) entament une grève de la faim d’une durée indéterminée pour protester contre l’inaction des autorités. Disant faire l’objet d’un «haut risque de contamination», ils réclament leur libération, dans la foulée de la crise du coronavirus.

«Sans réponse sur notre situation de détention, nous avons décidé de passer à la deuxième phase de notre plan. Ça consiste à entamer une grève de la faim», écrit l’une des personnes incarcérées dans une déclaration transmise à Métro. Le tout «se fera dans la manière la plus pacifique», assure-t-elle. Aucune loi ne sera brisée, mais «toute aide sera la bienvenue» dans ce contexte.

Une pétition pour la libération des détenus avait été publiée jeudi dernier par le groupe Solidarité sans frontière (SSF).

«Nous vivons dans un espace restreint où tous les jours nous voyons l’arrivée de nouvelles personnes. Elles viennent d’un peu partout et n’ont passé ni de visite médicale, ni de dépistage.» -Extrait de la pétition

Pour la porte-parole de la Ligue des droits et libertés (LDL), Lucie Lemonde, il faudra continuer d’exercer «beaucoup de pression» sur les autorités. «C’est un dossier difficile, parce qu’il n’a pas de soutien populaire. Mais on doit continuer à se faire entendre, tranche-t-elle. Imaginez la situation de confinement dans des établissements comme la prison Leclerc, où il n’y a pas d’eau potable et de la vermine.»

Faut-il réduire la quantité de prisonniers?

Le groupe de 34 prisonniers du CSIL – un centre pouvant accueillir jusqu’à 109 immigrants au statut irrégulier et dont la construction avait fait grand bruit l’an dernier – déplore que le personnel de sécurité soit en contact «permanent» avec le monde extérieur sans pour autant passer de test médical. Les détenus dénoncent également qu’ils n’aient pas accès à des conseils légaux actuellement, même par voie électronique.

Leur situation relance le débat sur la nécessité de diminuer le nombre de prisonniers dans les lieux de détention.

«C’est une question d’humanité, dit Mme Lemonde. On ferme des écoles, on ferme des commerces. Mais réduire la distanciation physique et restreindre le virus, ça passe aussi par une réduction de la population carcérale.»

«Les agents correctionnels peuvent facilement devenir des vecteurs de transmission, tout comme les prisonniers quand ils sont libérés. Les services de santé en prison ne sont pas outillés contre la pandémie.» -Lucie Lemonde, porte-parole de la LDL

«Le problème est beaucoup plus aigu dans les prisons provinciales, qui sont plus surpeuplées», affirme Mme Lemonde. Dans les prisons au Québec, près de 78% des personnes seraient incarcérées en attente d’un procès parce qu’ils sont incapables de payer les frais de cautionnement, et non en raison de la gravité du délit.

Visites suspendues, peines révisées

Joint par Métro, le ministère de la Sécurité publique du Québec (MSP) assure qu’il met tout en œuvre pour «assurer la sécurité» des employés et des prisonniers. «Toutes les visites aux personnes incarcérées, les groupes de soutien AA et NA, ainsi que les activités bénévoles sont suspendues depuis le 14 mars dernier», confirme-t-on. Le ministère ajoute que les personnes incarcérées qui présentent des symptômes ou qui reviennent de voyage «sont placées en isolement et suivies» au quotidien.

«Les agents des service correctionnels qui travaillent dans les secteurs de mise en isolement ou de quarantaine ont accès à des équipements de protection individuels appropriés.» -Le Ministère de la Sécurité publique du Québec

En matière de dépistage, toutes les recommandations de la santé publique sont suivies, jure le MSP.

«Si l’évaluation de la santé d’un détenu commande un dépistage, il est conduit dans un établissement de santé», explique-t-il. Québec a aussi suspendu la semaine dernière l’exécution des peines discontinues pendant l’état d’urgence sanitaire.

Au niveau fédéral, l’agence Service correctionnel Canada affirme prendre «des mesures sans précédents» pour lutter contre la COVID-19. En plus des visites du public, toutes les permissions de sortie ont été suspendues, sauf pour raisons médicales.

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