Royalmount: levée de boucliers contre du financement public
Alors que le promoteur du Royalmount, Carbonleo, demande de l’aide gouvernementale pour mener à terme son complexe multifonctionnel, des organismes et des élus pressent Québec d’affirmer haut et fort qu’aucune somme publique n’y sera investie. Ils soutiennent que l’occasion est belle pour revoir plusieurs éléments de ce projet «digne d’une autre époque».
«On est en droit de savoir ce que comptent faire les autorités avec ça. Financer ce projet, ça voudrait dire réparer des problèmes privés avec de l’argent public. On privatiserait les profits pour rendre les dépenses publiques», dénonce le porte-parole du regroupement Royalement contre Royalmount, Pierre Avignon, en entrevue avec Métro.
Il affirme que le gouvernement a aujourd’hui «l’opportunité d’exiger davantage» dans l’encadrement du projet, qui est en pause pour au moins six mois dans la foulée de la COVID-19. «Clairement, le promoteur a des doutes sur l’avenir de son projet. C’est le moment ou jamais de se requestionner sur la pertinence d’un centre commercial, à l’heure où le commerce en ligne explose», ajoute M. Avignon.
Chez Vivre en ville, Christian Savard abonde dans le même sens.
«D’aucune manière le gouvernement ne doit mettre le doigt là-dedans. Les intervenants ont accepté ce projet-là, parce que d’un point de vue légal, il n’y a aucun moyen de l’arrêter.» -Christian Savard, de Vivre en ville
QS se positionne
Chez Québec solidaire, la députée de Mercier Ruba Ghazal demande elle aussi à Québec de se positionner. «Il faut garantir qu’aucun argent public ne va être investi dans ce projet dépassé. Cet argent-là devrait plutôt aller à nos commerçants qui souffrent et qui ont du mal à même payer leur loyer en ce moment, avec la pandémie», raisonne-t-elle.
«Peu importe le projet qu’ils vont nous proposer, ça n’aura jamais de sens, surtout que le promoteur s’est tellement vanté de payer ça au privé.» -Ruba Ghazal, de Québec solidaire
Même son de cloche pour la résidente de Ville Mont-Royal, Françoise Legris, qui se dit «soulagée» par le fait que le projet soit à l’arrêt, même temporaire.
«On est très contents que finalement, il y ait une vraie réflexion sur ce que doit être ce développement urbain, et à qui ça doit profiter. Pour l’instant, ça ne profite qu’au promoteur, et non aux résidents de Montréal. C’est une opération entièrement financière qu’on ne peut se permettre», dit-elle.
Royalmount au Registre des lobbyistes
Vendredi dernier, Carbonleo inscrivait un avis au Registre des lobbyistes pour demander aux autorités provinciales et municipales «leur participation financière au projet, notamment sous forme de subventions, prêts et cautionnements». L’exercice aurait pour but de couvrir certaines dépenses «reliées à la passerelle piétonnière et les aménagements aux axes routiers».
Dans un article de La Presse, qui avait d’abord révélé la nouvelle samedi, un cadre de Carbonleo affirme, sous le couvert de l’anonymat, que l’inscription au Registre découlait des recommandations du rapport du groupe de travail Namur-De la Savane.
Contactée par Métro, la présidente de ce groupe de travail, Florence Junca-Adenot, s’explique. «Ce que dit le rapport, c’est qu’il faut que les parties impliquées s’entendent sur qui paie quoi en matière de transport collectif. On n’a jamais dit que Carbonleo devrait demander de l’argent au gouvernement», rétorque-t-elle.
«Quand on a fait l’évaluation, c’était clair que Carbonleo ouvrait la porte pour payer l’accès au transport collectif et faciliter l’accès à son site, donc la passerelle», ajoute-t-elle.