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Accès au logement: la discrimination s’accentue à Montréal, disent des organismes

Une bâtisse de logements
Le dépôt de garantie demeure illégal au Québec. Photo: Josie Desmarais/Métro

Des organismes de protection des locataires sonnent l’alarme à Montréal. Ils s’inquiètent que la discrimination lors de la recherche d’un logement s’accentue dans le contexte de la COVID-19, surtout chez les plus pauvres. À moins de trois semaines du 1er juillet, date butoir des déménagements estivaux, un soutien financier du gouvernement Legault devient «essentiel» pour éviter que des ménages se retrouvent à la rue.

«Québec doit fournir de l’argent aux offices municipaux d’habitation pour octroyer une aide financière rapidement aux locataires. Ça peut prendre la forme d’hébergement temporaire, mais aussi d’investissements dans le Programme de suppléments au loyer (PSL)», explique à Métro la porte-parole du Regroupement des comités logements (RCLALQ), Marjolaine Deneault.

Un phénomène invisible

L’accès au logement dans la métropole est de plus en plus difficile pour les jeunes familles ainsi que les plus vulnérables, selon l’organisme.

«La discrimination au logement est un phénomène qui n’est pas vraiment visible, car ça se passe pendant la visite. Il faut en parler pour que les autorités réalisent que cette pratique illégale est bien installée.» -Marjolaine Deneault, du RCLALQ

Dans son enquête «Discrimination et logement: une pandémie qui conduit au mal-logement» publiée mercredi, le RCLALQ fournit plusieurs exemples de discrimination marquée sur les réseaux sociaux, captures d’écran à l’appui. On y recommande notamment que la Régie du logement «ait juridiction sur tout le processus de location d’un logement».

La porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme abonde dans le même sens. «Ça illustre une fois de plus l’importance d’investir en logement social. Avec la situation économique qui ne risque pas de s’améliorer, les préjugés vont augmenter. Le contexte laisse beaucoup de place à la discrimination», lâche-t-elle.

Au Collectif pour un Québec sans pauvreté (CQSP), la responsable Virginie Larivière affirme que le gouvernement a une mesure toute simple à sa portée. «On croit que le crédit d’impôt pour solidarité, un mécanisme fiscal déjà existant, pourrait aider les personnes mal prises, dont les assistés sociaux, mais aussi toutes les personnes échappées par la PCU», évoque-t-elle.

Les propriétaires se protègent, dit la CORPIQ

Interpellé par Métro, le directeur aux affaires publiques de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), Hans Brouillette, offre une toute autre version des faits.

«Ce n’est pas la discrimination elle-même qui est illégale, mais plutôt l’utilisation de critères qui n’auraient rien à voir avec un bail, dit-il. Par contre, le niveau de revenu par rapport au loyer, le dossier de crédit, la stabilité de la source de revenu et le fait que le revenu du candidat puisse être saisi ou pas sont des critères en lien direct avec le risque découlant d’un bail.»

«Les propriétaires vont désormais se protéger davantage. Il est grand temps que le gouvernement offre enfin un programme de cautionnement aux locataires à faible revenu qui ont pourtant de bonnes habitudes de paiement.» -Hans Brouillette, de la CORPIQ

Selon lui, la crise de la COVID-19 a surtout démontré «le risque financier énorme» pour un propriétaire de cumuler plusieurs loyers impayés, «alors que le gouvernement interdit toute expulsion».


Québec promet un plan cette semaine

Le cabinet de la ministre de l’Habitation et des Affaires municipales, Andrée Laforest, affirme que toutes les équipes sont déjà au travail pour préparer le 1er juillet.

«Nous allons faire connaître notre plan d’action cette semaine. Tout comme l’an dernier, nous allons nous assurer que tout le monde ait un toit à l’issue de la période de déménagement. Les municipalités et les Offices d’habitation auront les outils nécessaires.» -Bénédicte Trottier-Lavoie, porte-parole de la ministre Laforest

Pour ce qui est de la discrimination au logement, «cela relève de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ)», répond la relationniste. «La discrimination sous toutes ses formes est inacceptable et nous encourageons les personnes qui en sont victimes à dénoncer toute situation», conclut-elle.

Fin mai, l’administration Plante demandait à Québec de mettre sur pied un Fonds d’urgence de 5 M$ pour accompagner les locataires vulnérables qui peinent à trouver un logement abordable. Mais dans les documents du comité exécutif diffusés mercredi, on apprend que le gouvernement ne versera que 1,2 M$. Un financement jugé «insuffisant» par la Ville.

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