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Un camp d’itinérants prend de l’ampleur dans Hochelaga

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Des tentes abritant des itinérants sont présentes depuis plusieurs semaines près de la rue Notre-Dame Est, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Photo: Josie Desmarais/Métro

Plus d’une dizaine d’itinérants occupent un campement improvisé dans le quartier Hochelaga, notamment en raison de la fermeture progressive de plusieurs foyers d’accueil temporaires.

Visible depuis la rue Notre-Dame Est, ce camp de fortune a été érigé à la mi-juillet. On y compte une dizaine de tentes, ainsi que quelques meubles d’extérieur.

Durant la journée, les occupants se rassemblent en grande partie dans le Square Dézéry, situé à quelques mètres de là. Ils ont alors accès à une toilette chimique portative et un point d’eau avec du savon.

«J’ai perdu mon toit le mois dernier et aucune place ne veut bien m’accueillir, je n’ai juste pas pas le choix d’être là», dit l’un d’eux.

Les itinérants bénéficient des services de la Croix-Rouge, qui distribue des denrées alimentaires quotidiennement, et du soutien social de l’organisme communautaire CAP St-Barnabé.

Lors du passage de Métro, aux alentours de 11h, mercredi, une distribution de sandwichs était en cours. Une file d’une vingtaine de personnes s’improvise dans le calme. Chacun reçoit de quoi manger. «Ce n’est pas tous les jours comme ça, il n’y a pas toujours assez de nourriture», explique Nina, intervenante du CAP St-Barnabé.

Les intervenants de ces organismes se relayent sur place 7 jours sur 7. Ils assurent que la situation demeure pacifique et que le voisinage se montre tolérant. Métro a constaté la propreté des lieux.

Pas de places dans les foyers d’accueil

«Il y a toutes sortes de personnes ici, dit Nina. Certaines n’ont pas pu se reloger à la fin de leur bail en juillet, d’autres ne trouvent pas de place en foyer d’accueil, d’autres enfin fuient les foyers car ils redoutent leur promiscuité.»

Elle explique que la fermeture de certains lieux d’accueil, établis dans l’urgence du confinement, a augmenté l’effectif de ce campement. Arénas, gymnases ou salles municipales: ces lieux reprennent progressivement leurs activités initiales.

Le peu de places disponibles dans les foyers encore ouverts créé la colère de ceux qui n’en bénéficient pas. «À l’Arena Francis-Bouillon, on nous dit que y’a pas de place pour nous, que d’autres personnes sont soi-disant prioritaires, et ils nous laissent sans solutions, comme de la marde», dit un itinérant.

Les intervenants croient que de nouvelles personnes risquent de venir chercher de l’aide dans les prochaines semaines. La Croix-Rouge, partenaire de la Ville de Montréal, indique qu’elle pourrait évaluer à la hausse la quantité de denrées distribuées si le camp venait à s’agrandir.

Campement toléré

Depuis le début de la crise de la COVID-19, plusieurs camps de ce type ont été érigés à Montréal.

Le 1er juin, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a démantelé des campements qui avaient été formés autour du square Cabot, du parc Émilie-Gamelin et du parc Morgan. Ces interventions avaient soulevé l’ire de plusieurs organismes œuvrant auprès de personnes en situation d’itinérance.

Le camp de fortune actuellement érigé à Hochelaga est toujours toléré par les forces policières, mais les hommes qui l’occupent craignent une intervention.

«On était installés dans le [Square Dézéry] pendant un temps, mais la police nous a délogés alors on est allés plus loin, explique le propriétaire d’un hamac, dénonçant au passage la rudesse avec laquelle il aurait été déplacé. J’avais une tente mais ils me l’ont arrachée.»

De son côté, le SPVM assure que le délogement des personnes qui dormaient dans le Square Dézéry a été fait avec leur collaboration, à la suite de plaintes de citoyens.

Depuis la fin du confinement, le CAP St-Barnabé reçoit moins de financements. Sur son site internet, un appel aux dons rappelle que les personnes les plus vulnérables ont toujours besoin d’aide face à la progression de la COVID-19.

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