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Une baisse du financement du SPVM augmenterait la criminalité, selon la Fraternité des policiers

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Des policiers du SPVM. Photo: Josie Desmarais/Métro

Une réduction du financement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) nuirait à la sécurité publique, argue le syndicat représentant ses membres dans un rapport déposé dans le cadre des consultations prébudgétaires de la Ville.

Dans les dernières semaines, les appels populaires se sont multipliés pour demander à la Ville de retirer le financement du SPVM au profit d’organismes communautaires. Dans un sondage mis en ligne dans le cadre de ses consultations prébudgétaires, la Ville a d’ailleurs inclus le SPVM parmi la liste des services qui pourraient subir une baisse de leur financement pour permettre à la métropole d’équilibrer ses finances.

Un coup de sonde que critique d’ailleurs vivement la Fraternité des policiers et policières de Montréal dans un mémoire de sept pages diffusé lundi.

«Ses questions et ses choix de réponse sont manifestement tendancieux, plaçant la police en premier de seulement trois choix explicites pour couper dans les services tout en omettant de placer la sécurité publique dans les choix d’investissement», déplore le syndicat. Ce sondage essaie ainsi de «justifier une diminution des ressources policières», ajoute-t-il.

Hausse de la criminalité

Or, le syndicat estime que le budget du SPVM est «incompressible», à mois de mettre de nombreux agents à pied. De telles coupures risqueraient alors d’accélérer la fermeture de postes de quartier en plus d’augmenter les délais de réponse aux appels reçus par le corps de police et le recours au temps supplémentaire. Cela pourrait alors engendrer une «usure des troupes» et une hausse des arrêts de travail.

«La situation devrait ensuite être redressée, mais les effets auraient eu le temps d’augmenter le nombre de victimes d’une criminalité que nous aurions échoué à prévenir», prévient la Fraternité.

Ce dernier souligne par ailleurs qu’une baisse du budget du SPVM serait incompatible avec l’implantation de caméras portatives auprès des quelque 3000 patrouilleurs du corps de police. Dans les derniers mois, l’administration Plante s’est montrée favorable à un tel projet, que l’opposition officielle presse la Ville de réaliser.

Un tel projet entraînerait toutefois une charge de travail additionnelle pour le corps de police, notamment en raison du temps important que des employés devraient consacrer au visionnement et au classement des vidéos captées par ces caméras. Un tel projet nécessiterait ainsi l’ajout de 46 patrouilleurs additionnels, 25 enquêteurs et 117 policiers et civils, analyse le syndicat.

«À moins d’augmenter le budget du SPVM, il est impossible d’équiper les patrouilleurs de caméras personnelles sans baisser les services.» -Extrait du mémoire de la Fraternité des policiers et policières de Montréal

Pas assez de financement au SPVM, selon le syndicat

Le syndicat presse d’autre part la Ville d’augmenter le nombre de travailleurs sociaux, de travailleurs de rue et de soutien en santé mentale au sein du corps de police. Chaque année, le SPVM reçoit plus de 33 000 appels par année concernant des personnes «en crise de santé mentale», peut-on lire. Or, seulement six policiers et quatre intervenants sociaux font partie d’une équipe de soutien dédiée à ces interventions.

«Leur nombre est nettement insuffisant et le financement pour l’augmenter n’est jamais venu», déplore la Fraternité.

Au cours des dix dernières années, le budget du SPVM a augmenté de 33% , passant d’environ 500 M$ à 665 M$. Une situation qui a incité le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, a demandé à la Ville d’envisager une réduction du nombre de policiers à Montréal.

Le syndicat rétorque toutefois que le nombre de policiers au SPVM est stable depuis 20 ans, à environ 4500 agents, alors que plus de 200 000 personnes se sont ajoutées à la population de la métropole. Il souligne aussi que 20 des 25 plus gros services de police municipaux du Canada «accaparent un proportion du budget municipal supérieure à ce que l’on retrouve à Montréal», soit 10,8% en 2020.

Ne pas imiter Toronto

Parmi les grandes villes canadiennes qui utilisent une proportion moins grande de leur budget pour financer leur corps de police, on compte Toronto. Or, les compressions budgétaires imposées au corps de police de la Ville Reine dans les dernières années coïncident avec «une grave crise de violence urbaine avec multiplication des fusillades», conclut le syndicat.

Interpellé par Métro, le cabinet de Mme Plante s’est fait évasif sur la possibilité de réduire le financement du SPVM dans le cadre de son budget 2021, attendu en novembre.

«Le budget est en préparation. Nous ne commenterons pas sur des objectifs spécifiques par service. Mais tout le monde devra faire sa juste part», indique son attachée de presse, Geneviève Jutras.

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