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Île des Sœurs: des ponts faits avec des bouteilles d’alcool recyclées

Rendu 3D des deux ponts d'étagement
Rendu 3D des deux ponts d'étagement Photo: Gracieuseté/Ville de Montréal

La Ville de Montréal œuvre à compléter la mise sur pied de deux ponts partiellement faits de poudre de verre, une première mondiale. Ce projet pilote, qui récupérera l’équivalent de 70 000 bouteilles de vin, pourrait servir d’exemple pour de futures constructions d’envergure.

Ce sont les ponts Darwin, deux installations vieilles de plus de cinquante ans, que la Ville a sélectionnés pour l’occasion. Situés à l’Île des Sœurs, ils devaient tous deux faire l’objet d’une réfection cet été.

Chaque structure intégrera une quantité de 10% de poudre de verre. Ce matériau prend origine dans les bouteilles d’alcool qu’on trouve à la SAQ, mais aussi dans les bocaux utilisés pour contenir des aliments comme des cornichons ou de la confiture.

Réduits à une très fine poudre, ces contenants deviennent ensuite un substitut pour le ciment utilisé dans la plupart des constructions qu’on connaît. Indiscernable à l’œil nu, le matériau a d’énormes avantages environnementaux, selon le concepteur principal du projet, Étienne Cantin Bellemare.

«La poudre de verre, c’est autant ce que les gens vont mettre dans leur bac de recyclage, mais aussi des bouteilles avec des défauts qui iraient se faire broyer de toute façon. Bref, on valorise le verre au lieu qu’il soit envoyé dans des sites d’enfouissement», constate-t-il

À terme, l’utilisation de verre recyclé doit «engendrer une économie de 40 000 kg de ciment» dans les ponts Darwin. «Le ciment est très énergivore et polluant à fabriquer. Ça représente beaucoup de tonnes de CO2 à l’échelle de la planète», ajoute M. Cantin Bellemare.

Des avantages de «durabilité»

Une fois intégré à une structure, la poudre de verre recyclé devient particulièrement résistant aux éléments, selon William Wilson, assistant professeur à l’Université de Sherbrooke et partenaire de la Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux.

«Non seulement on remplace du ciment, mais aussi, on obtient un béton qui a des meilleures performances de durabilité. À long terme, surtout dans les conditions climatiques québécoises, c’est très avantageux», signale l’expert.

La Ville de Montréal fait déjà appel à la poudre de verre depuis 2011. Certains segments de trottoir l’incluent d’ailleurs, illustre le conseiller de ville Sylvain Ouellet, responsable des infrastructures au Comité exécutif.

«Les résultats sont probants», lance-t-il.

Mais jamais le matériau n’a-t-il servi à une structure aussi importante qu’un pont, fait remarquer M. Wilson. «Ça serait la première infrastructure au monde qui inclurait la poudre de verre», analyse l’expert.

Assez de verre?

La SAQ, partenaire du projet, évalue que les ponts Darwin utiliseront l’équivalent en verre des ventes annuelles de «trois à quatre SAQ Sélection», ses plus grandes succursales.

C’est très peu, selon Étienne Cantin Bellemare, qui voit dans le verre une occasion en or pour la métropole.

«La ressource est quasiment illimitée. À l’échelle où on produit du verre, on n’en manquera jamais», affirme-t-il.

En 2018, 78 000 tonnes de verre ont atterri dans des sites d’enfouissement, selon Recyc-Québec. «C’est un très bon potentiel de valorisation», convient M. Wilson.

Au total, le projet coûtera 11 M$ à la Ville. À peine retardé par la pandémie, son échéancier doit s’étirer jusqu’à novembre 2021. Le premier de deux ponts doit d’ailleurs aboutir dès cet automne.

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