Élan de solidarité envers les campeurs de Notre-Dame
Tentes neuves, couvertures, manteaux : les dons affluent au campement de fortune de la rue Notre-Dame Est. Un mystérieux donateur a même offert une génératrice d’électricité neuve à 1200 dollars aux personnes en situation d’itinérance qui y résident.
Alors que la température a frôlé le point de congélation pendant la nuit du 20 septembre, de nombreux habitants du quartier Hochelaga-Maisonneuve s’organisent entre eux pour venir en aide aux campeurs.
Non seulement ces anonymes n’hésitent pas à faire don de produits de haute qualité incluant une dizaine de sacs de couchage neufs et une quarantaine de lampes à piles, mais ils offrent aussi des denrées alimentaires aux occupants des 80 tentes dressées non loin du square Dézéry – un nombre en constante augmentation.
«Tout récemment, trois femmes dans la trentaine sont venues au campement et ont distribué des fruits – pommes, bananes, oranges et bleuets – à tout le monde », raconte à Métro Raïs Zaidi, collaborateur régulier de CARE Montréal, à l’origine d’un appel aux dons sur Facebook.
Les six derniers samedi, l’homme de 52 ans a même cuisiné pour tout le campement.
«On cuisine en fonction des dons, le plus souvent des plats consistants, récemment on a fait un ragoût de boulettes, du riz, des pâtes, de la soupe, des macaronis à la viande.»
Une fois, le plat du jour était même un ragoût indien végétalien.
Des besoins urgents
L’urgence en ce moment, « ce sont les tentes », comme l’explique le directeur général de CARE Montréal, Michel Monette. À date, ils en ont reçu quatre ou cinq mais il en faudrait plus.
«Beaucoup de tentes prennent l’eau, alors si on pouvait en recevoir davantage, ce serait génial, dit-il à Métro. Les vêtements aussi, ce sont une denrée rare.»
Si Raïs est celui qui se charge de récupérer les dons directement chez les gens, c’est plutôt Guylain, le propriétaire de la roulette servant de point de chute aux campeurs qui distribue la récolte sur le terrain.
«Au début, c’était les plus forts qui ramassaient tout le contenu des sacs et les plus faibles n’avaient rien», indique Guylain à Métro. Plus maintenant.
Un problème que souligne également Raïs.
«Tout le monde disait «je le veux, je le veux», mais parfois ils n’en avaient pas vraiment besoin, et certains se retrouvaient avec une ou deux tentes en extras. Guylain se charge donc de distribuer les dons aux bonnes personnes.»
La semaine passée, une personne anonyme a fait une épicerie de 800 dollars. Un homme a même embarqué Guylain dans sa voiture pour l’amener au magasin et lui acheter une génératrice d’électricité neuve à 1200 dollars!
Dans sa roulotte, Guylain peut désormais conserver la nourriture dans un frigidaire qui fonctionne.
«Tous ces dons… c’est vraiment spécial… je suis très heureux. La génératrice va même pouvoir servir à d’autre monde l’été prochain. On a eu des sleeping bags aussi, je crois que jusqu’à -10 degrés, on ne va entendre personne chialer.»
Quelques critiques
Même si l’atmosphère générale est à la générosité et à l’entraide, certaines voix discordantes ont déploré sur les réseaux sociaux qu’il ne s’agisse que d’une solution à court terme qui ne répond pas adéquatement à la situation de l’itinérance.
Pour Michel Monette de CARE Montréal, ce point de vue témoigne d’une méconnaissance de la réalité du terrain.
«La question n’est pas de faire des plans pour le futur ou de monter un plan d’affaires pour s’assurer la pérennité du camp! Ces gens-là vivent au jour le jour, dit-il, il s’agit d’une simple question de survie au quotidien. Demain, leurs besoins seront encore différents.»
Il termine en encourageant tout le monde, et pas seulement les gens du quartier, à contribuer et à aider par des dons.
Interrogé sur les besoins du campement, Guylain parle de manque en sucre, pains à hot-dog, essence pour le générateur et propane.