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Surdoses à Montréal: «Tous nos indicateurs sont au rouge»

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Photo: John Moore/Getty Images

Le nombre de surdoses est en croissance depuis le début de la pandémie, constatent des organismes, qui pressent le gouvernement Legault de s’attaquer à cette crise, dont les impacts se font particulièrement sentir à Montréal.

L’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues (AQPSUD) a dévoilé lundi avant-midi les résultats d’une étude menée entre mars 2019 et octobre 2020 par des chercheurs de l’École de travail social de l’Université de Montréal. Celle-ci se base sur 340 rapports du coroner afin de dresser un portrait global des surdoses mortelles survenues au Québec en 2017, l’année la plus récente pour avoir des données officielles à cet égard.

Ainsi, il y a trois ans, 242 hommes ont perdu la vie en raison d’une surdose, contre 98 femmes. L’âge moyen des personnes décédées était de 46 ans, une donnée surprenante, selon la directrice de projet de recherche, André-Anne Parent.

«Pour nous, le profil était surprenant et va à l’encontre de l’image type qu’on a d’une personne qui décède d’une surdose», a souligné la professeure, qui avait anticipé que l’âge moyen des personnes ainsi décédées serait moins élevé.

Montréal écope

L’île de Montréal représente d’ailleurs la région la plus touchée au Québec, alors que celle-ci rapporte 96 décès liés à des surdoses en 2017, contre 36 dans la Capitale-Nationale. Par ailleurs, bien que la crise des opioïdes ait fait la manchette a plusieurs reprises dans les dernières années, ce qui a amené le gouvernement du Québec a développé en 2017 une stratégie nationale pour y faire face, l’étude démontre que 65% des décès étaient attribuables à une polyintoxication.

Ainsi, dans la majorité des cas analysés, les personnes intoxiquées avaient consommé entre 2 et 12 substances différentes avant de subir une surdose mortelle. Celles-ci comprennent des opioïdes, comme le fentanyl, mais aussi de la cocaïne, de l’alcool et de la méthamphétamine, entre autres.

«La majorité des surdoses ne sont pas nécessairement causées par des opioïdes […] C’est un cocktail de substances», a souligné la coordonnatrice générale de l’AQSPUD, Chantal Montmorency.

Le rapport recommande ainsi à Québec de «se préoccuper» de l’ensemble des décès par surdose, au lieu de limiter ses efforts à une seule famille de substances, comme les opioïdes. L’étude souligne également l’importance de sensibiliser davantage les proches à mieux réagir lorsqu’ils constatent qu’un membre de leur entourage a subi une surdose. Plusieurs d’entre eux ont tendance à interpeller un ami plutôt que le 911, réduisant ainsi les chances de survie, constate l’étude.

«Il y a plusieurs symptômes ou signes de surdoses qui sont banalisés, ou encore confondus avec une intoxication avec l’alcool dans les heures ou les jours précédents le décès. Il y a donc encore énormément de sensibilisation à faire», a soulevé Mme Parent.

«Tous nos indicateurs sont au rouge»

Selon de récentes données préliminaires compilées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ),  il y aurait eu 148 décès reliés à une intoxication suspectée aux opioïdes ou d’autres drogues dans la province entre les mois d’avril et de juin 2020. Il s’agit d’une augmentation d’environ 78% par rapport à la même période, l’an dernier.

«Il y a plus de surdoses maintenant qu’il n’y en a jamais eu», a laissé tomber Mme Montmorency. D’ailleurs, le rapport présenté lundi témoigne d’une surreprésentation des personnes ayant des troubles de santé mentale ou souffrant de détresse psychologique parmi les cas de surdoses. Or, la crise sanitaire a exacerbé la pression sur les services publics en santé mentale, allongeant les délais d’attente dans plusieurs régions du Québec.

Le directeur général du Centre Side Amitié, Hugo Bissonnet, a d’ailleurs déploré lundi «un manque d’accès systémique» au réseau de la santé pour les personnes ayant des problèmes de consommation.

«Tous nos indicateurs sont au rouge», a pour sa part lancé le directeur général de l’organisme Cactus Montréal, JeanFrançois Mary. 

Pour faire face à cette crise, ce dernier presse le gouvernement du Québec d’impliquer et de soutenir davantage les organismes communautaires qui interviennent auprès des personnes qui consomment de la drogue. Il affirme d’ailleurs que le ministre de la Santé, Christian Dubé, tarde à faire face à cette récente montée du nombre de surdoses. 

«À partir de quand le nombre de morts sera-t-il suffisant pour qu’on commence à agir?» -Jean-François Mary, directeur général de Cactus Montréal

M. Mary affirme que son organisme, qui gère un site d’injection supervisée au centre-ville, traite actuellement «une surdose par jour», contre «environ une aux deux semaines», avant la pandémie.

Des drogues «plus imprévisibles»

Contacté par Métro, le ministère de la Santé et des Services sociaux s’est dit sensible à cet enjeu. Celui-ci constate d’ailleurs que «le contenu des drogues est plus toxique et plus imprévisible qu’avant le début de la pandémie notamment en lien avec la fermeture des frontières».

«Par ailleurs, les usagers d’opioïdes confinés sont plus à risque de surdose mortelle puisqu’ils dépendent d’un proche pour leur administrer la naloxone, ce qui est un défi en contexte de distanciation», ajoute un porte-parole, Robert Maranda.

Ce dernier assure toutefois que le gouvernement du Québec a pris plusieurs mesures pour faire face à cette situation. Il accorde notamment plus de 5 M$ par année à des organismes communautaires «pour les aider à faire face à la problématique des surdoses», souligne-t-il.

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