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Vaccination: un premier pas, mais la route demeure longue

Normand Doyon, 85 ans, a été le premier résident du CHSLD Jeanne-Le Ber à se faire vacciner
Photo: Courtoisie/CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal.

La campagne de vaccination qui s’intensifiera progressivement en 2021 est une lueur d’espoir après une année pénible marquée par la pandémie. S’il y a bel et bien une lumière au bout du tunnel, il faudra attendre encore un bon bout de temps avant de retrouver une certaine normalité, tempèrent des experts consultés par Métro, lesquels estiment que la nouvelle année en sera une de transition.

L’arrivée du vaccin est encourageante, mais le nombre de doses disponibles n’est pour le moment qu’une goutte d’eau dans l’océan. En date du 23 décembre, 7229 personnes ont été vaccinées au Québec. Sur ce nombre, 2908 doses ont été administrées à Montréal.

«Avant qu’on arrive à atteindre un taux de vaccination de la population qui soit assez grand, ça va prendre beaucoup de temps.» – Roxane Borgès Da Silva, École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM)

Les vaccins Pfizer et Moderna, les deux premiers approuvés par Santé Canada, permettraient la vaccination de 675 000 Québécois d’ici le 31 mars. Cela représente environ 8% de la population. Or, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), il faudrait qu’environ 75% de la population soit vaccinée pour enrayer presque totalement la propagation du virus.

Il faudra être patient

Les Québécois peuvent-ils espérer se réunir à nouveau au printemps? Selon les experts consultés, ils doivent plutôt s’attendre à ce que des mesures sanitaires se prolongent encore plusieurs mois.

Si le virus n’est pas contenu rapidement en janvier, le professeur Pierre Talbot de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) croit même qu’il faudra prolonger les mesures de confinement, comme la fermeture des écoles et des commerces.

«On peut espérer un retour à la normale pour l’été, mais ce sera très progressif», selon son collègue de l’INRS, le professeur Laurent Chatel-Chaix.

C’est un scénario optimiste concède-t-il, mais «réaliste».

Du son côté, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) se fait discret quant à l’ampleur de la campagne de vaccination au-delà de l’hiver.

«Nous sommes confiants que l’arrivée des vaccins s’accélérera au cours de l’année 2021 et que nous atteindrons les couvertures vaccinales nécessaires», indique la direction des communications du MSSS.

Optimisme prudent

Si la lenteur relative de la campagne de vaccination peut décevoir les Québécois pressés de retrouver leur vie d’avant-pandémie, l’efficacité du vaccin devrait être source de réjouissance.

L’un des objectifs de la vaccination est d’atténuer les symptômes chez les personnes à risque, limitant ainsi le nombre d’hospitalisations et de décès.

«Les données cliniques du vaccin sont honnêtement très impressionnantes», affirme Laurent Chatel-Chaix.

Reste à voir si le vaccin empêche la transmission. S’il réduit la gravité des symptômes, il est possible que les personnes vaccinées contractent la maladie et soient des vecteurs asymptomatiques.

Le professeur Chatel-Chaix n’écarte pas cette éventualité, mais affirme qu’il est encore trop tôt pour le savoir puisque les gens qui ont participé aux essais cliniques ont reçu leur première dose il y a à peine trois mois.

Le professeur Talbot affirme de son côté que la vaccination va protéger la population de l’infection et réduire la transmission, du moins pendant quelques mois.

«On pense que la vaccination sera effective plusieurs mois, au moins six mois. Et les coronavirus ne sont pas reconnus comme des virus qui mutent beaucoup», explique-t-il.

Priorités

Pour le moment, les rares vaccins disponibles sont réservés aux personnes vulnérables vivant en CHSLD et aux travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux en contact avec des usagers.

Suivront les personnes de 60 ans et plus, puis les moins de 60 ans ayant des maladies chroniques et enfin, le reste de la population adulte.

La vaccination des enfants et des femmes enceintes sera déterminée en fonction d’études à venir sur la sécurité et l’efficacité des vaccins chez ces personnes.

Approvisionnement pour le Canada et le Québec

Outre Pfizer et Moderna, le gouvernement du Canada a signé des accords d’achats anticipés pour cinq vaccins contre la COVID‑19 auprès des compagnies suivantes :

  • AstraZeneca;
  • Johnson & Johnson;
  • Medicago;
  • Novavax;
  • SanofiPasteur/GlaxoSmithKline.

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