Calendrier révisé de Pfizer: la vaccination des sans-abri pourrait être ralentie
Le nouveau calendrier de livraison du vaccin Pfizer/BioNTech a des répercussions sur le milieu de l’itinérance. La vaccination de 2500 sans-abri d’ici un mois à Montréal pourrait très bien être ralentie.
C’est ce qu’a confirmé à Métro un porte-parole de la Santé publique, mercredi.
«La campagne pourrait s’étendre sur plus d’un mois compte tenu que le nombre de vaccins livrés est prévu à la baisse», a soutenu le relationniste de la Direction régionale de santé publique (DRSP), Eric Forest.
La semaine dernière, la tête d’affiche principale de la DRSP, Dre Mylène Drouin, annonçait la vaccination à venir d’une frange de la population itinérante à Montréal. «On va commencer par un groupe prioritaire, des organismes qu’on a identifié en priorité», avait-elle souligné.
Le lendemain, en entrevue avec Métro, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, confirmait les objectifs du gouvernement provincial: 2500 sans-abri et 1000 employés en un mois.
Sauf que, depuis, les mauvaises nouvelles en provenance du manufacturier tombent jour après jour. Vendredi dernier, Pfizer/BioNTech, qui produit l’un des vaccins disponibles au Québec, annonçait une diminution de sa capacité de production. La semaine prochaine, le Canada ne recevra aucune dose du remède.
Mardi, Québec confirmait les modifications à son calendrier de vaccination. Dans les trois prochaines semaines, le réseau vaccinera 25 000 personnes de moins que prévu.
Trois phases
Comme dans la population générale, la Santé publique régionale a fixé un ordre de priorité chez les personnes en situation d’itinérance.
«La vaccination a bien débuté avec la priorité un», souligne Eric Forest. Mardi, plus de 200 personnes ont reçu une dose au Grand Quai du Port de Montréal. Le président-directeur général de la Mission Bon Accueil, Sam Watts, a accueilli la nouvelle avec réjouissance.
«Pour moi, c’était quelque chose. C’est le temps de protéger les personnes itinérantes avec le vaccin. Elles sont parmi nos citoyens les plus vulnérables», lance-t-il au bout du fil.
La vaccination de la «priorité deux» doit s’entamer mercredi. On parle notamment de certaines ressources régulières, comme les centres de jour.
«Le calendrier n’est toujours pas connu pour la troisième vague et dépendra de la dose de vaccins disponibles pour la région de Montréal.» – Eric Forest, porte-parole de la Santé publique
«La situation ne va pas s’améliorer»
Sam Watts surveille avec appréhension le déroulement de la campagne. Il souhaite de tout coeur qu’elle se déroule à peu près comme prévu.
«C’est certain que ça va ralentir. C’est une question de: à quel rythme?», souligne-t-il.
Au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), on croise les doigts pour qu’il y ait le moins d’accrocs possible à l’opération. Surtout dans un contexte de transmission rapide chez les sans-abri.
«On est aux prises avec des grandes éclosions. La transmission ne va pas diminuer», souligne l’organisatrice communautaire au RAPSIM Mariana Racine Méndez.
«On ne peut pas demander au gouvernement de nous offrir des vaccins qu’ils n’ont pas, mais on espère que la priorisation va être la même dès qu’ils vont se mettre à rentrer à nouveau», ajoute-t-elle.
Depuis le début du mois de janvier, plusieurs organismes sonnent l’alarme sur la transmission de la COVID-19 dans les ressources en itinérance.
«Il y a eu de fortes éclosions dans les milieux autochtones. On a des taux de positivité qui tournent autour des 80%. Et il y a certains milieux très importants en nombre de personnes où, s’il y a des éclosions, rendu là, c’est quasiment de la prière.» – Mariana Racine Méndez, organisatrice communautaire au RAPSIM