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Réfugiés: l’odyssée incroyable d’Ali Kharsa

Ali et ses parents après leur arrivée au Canada
Ali et ses parents après leur arrivée au Canada Photo: Gracieuseté

Rares sont ceux qui ont eu une vie comme celle d’Ali Kharsa. En quête d’une vie meilleure, il a dû laisser derrière famille et amis et passer des années d’agonie dans un centre de détention très controversé pour demandeurs d’asile.

Son histoire commence en 2011, alors qu’il n’a que 13 ans. À l’époque, il menait une vie tranquille et paisible à Aleppo, en Syrie, en compagnie de ses parents et ses cinq frères et sœurs. Les choses allaient bon train. Sa routine consistait à se tenir à jour dans ses devoirs, jouer avec ses amis et passer de bons moments avec sa famille.

«Nos vies étaient normales, se rappelle-t-il. C’était simple, mais nous étions heureux.»

Mais lorsque la guerre civile a éclaté, tout a changé.

Alors que la violence jaillissait de tous côtés, les Kharsa ont décidé de s’enfuir en Malaisie. Malheureusement, la situation n’était guère mieux là-bas. Ses parents ont eu du mal à trouver de l’emploi et ses frères et sœurs n’ont pas eu le droit d’aller à l’école.

Ne se sentant pas en sécurité, lui et son père ont décidé de demander l’asile en Australie. Ils pensaient qu’une fois qu’ils se seraient réinstallés, sa mère et ses frères et sœurs pourraient venir les rejoindre.

«Même si le périple était dangereux, j’étais excité, explique celui qui est aujourd’hui étudiant au Collège Vanier. Depuis que nous avions quitté la Syrie, nous avions connu des difficultés. Je pensais que d’aller en Australie serait une opportunité d’avoir un meilleur avenir.»

Toucher le fond

Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Son père avait payé des passeurs pour les aider à entrer au pays, mais après quatre jours en mer, leur bateau a été intercepté par une patrouille australienne. Ils ont été réacheminés vers un centre de détention sur l’Île de Nauru – où ils passeraient les deux années suivantes.

Alors qu’on en sait peu sur ce centre de détention, des organisations de droits humains ainsi que les Nations Unies y ont documenté des abus, de la misère et des taux élevés de suicide. Ali Kharsa se rappelle que le centre était surpeuplé, manquait des ressources de base comme des douches et était «rempli de gens qui viraient fous.»

Il a vu des femmes manger de la poudre à nettoyer et un homme qui s’était cousu les lèvres en guise de protestation.

«Rien ne semblait vrai sur l’île, explique-t-il. Personne ne mérite de se retrouver à un endroit comme ça et je me rappelle d’avoir été choqué de voir autant d’enfants, de femmes et de gens malades.»

«La musique a été une façon pour moi d’exprimer mes sentiments et de partager mon histoire.» – Ali Kharsa, étudiant au collège Vanier

L’espoir d’Ali

À ce moment-là, ayant senti avoir atteint le fond, il a commencé à faire du rap improvisé et à développer ses talents de parolier. À chaque fois qu’il se sentait dépassé, il retournait à sa tente pour écrire des paroles de rap pour aller avec les beats qu’il faisait jouer sur un petit haut-parleur.

Éventuellement, il a commencé à se produire en spectacle devant les autres réfugiés du camp et leurs applaudissements lui ont donné la motivation de continuer.

«J’ai commencé à écrire de la musique pour m’aider à faire face à ma situation. Ça m’a aidé à guérir.»

Pendant ce temps, sa mère ainsi que ses frères et sœurs étaient arrivés au Canada et, avec l’aide des Nations Unies, avaient appliqué pour le parrainer lui et son père en tant que réfugiés.

Ensemble, ils sont devenus les premiers à quitter ce centre de détention australien pour une nouvelle vie dans un pays occidental.

Vivant maintenant à Montréal, le jeune homme de 23 ans étudie les relations internationales au Collège Vanier pour pouvoir un jour aider d’autres réfugiés tombés eux aussi entre les mailles du filet. Il a également continué à parfaire ses talents de rappeur. Sa plus récente chanson, Motherland, a été vue plus de 30 000 fois sur Youtube.

Pour écouter la musique d’Ali Kharsa: chercher MC.AK sur Youtube

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