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La communauté noire peu représentée dans la toponymie de Montréal 

Illustration montrant des visages de la communauté noire.
Photo: Montage Métro

À ce jour, Montréal ne compte qu’une trentaine de toponymes – noms de rues, de parcs, de places – qui commémorent l’histoire de la communauté noire. Peu nombreux dans la métropole, leur répartition dans les différents arrondissements demeure très inégale. Zoom sur un processus historique et social. 

Le site Web de la Ville de Montréal précise que «la toponymie exprime par des noms des aspects de notre culture et fait partie du patrimoine collectif», traduisant ainsi «une reconnaissance publique d’une cause, de la mémoire d’un personnage ou d’un événement». Elle doit aussi contribuer «au sentiment d’appartenance à la collectivité».  

Or, sur plus de 6000 voies, parcs et édifices publics qui sont déjà nommés à Montréal, les noms de personnalités noires ne sont attribués qu’à seulement 29 représentations dans toute la ville.

Montréal-Nord ne compte qu’un seul toponyme faisant référence à une personnalité historique issue de la communauté noire. Pourtant, celle-ci représente 22% de la population de l’arrondissement. Les secteurs de Saint-Léonard, de Rosemont–La Petite-Patrie ou encore de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension n’en possèdent quant à eux aucun.  

Une intégration qui a pris du temps  

C’est en 1961 que la communauté noire intègre pour la première fois la toponymie montréalaise. L’arrondissement Pierrefonds-Roxboro nomme alors une rue en hommage au célèbre écrivain français Alexandre Dumas.   

Mais ce n’est qu’à partir de 1987 que les personnes noires sont régulièrement incluses dans la toponymie, alors que cinq noms sont attribués à des lieux cette même année.  

Selon la Ville, ce serait la création de la Commission de toponymie de Montréal en 1987 qui aurait conduit à la volonté d’augmenter la visibilité des communautés minoritaires dans la toponymie.  

L’année 1987 aura par ailleurs été marquée par la mort d’Anthony Griffin, un jeune Noir tué par un policier à Montréal. La communauté noire s’était alors fortement mobilisée afin de dénoncer un acte raciste, engendrant une prise de conscience institutionnelle et une restructuration du service de police.  

La communauté noire a ensuite pris sa place dans la toponymie montréalaise au fil des ans, avec l’apparition de six toponymes dans les années 1980, quatre dans les années 1990, sept dans les années 2000 et dix depuis 2011.  

Renforcer l’identité des Montréalais  

Selon Édouard Staco, de l’Observatoire des communautés noires du Québec, l’inclusion dans la toponymie permet de renforcer le sentiment d’appartenance à l’égard de l’espace urbain dans lequel on vit.  

Édouard Staco; Photo: Archives Métro

C’est également un moyen de représenter au mieux l’ensemble des communautés qui composent l’identité montréalaise.  

«Ça fait partie du vivre-ensemble; plus la toponymie est inclusive, mieux c’est. Elle appartient à tout le monde, et reflète notre passé et notre héritage. Il est donc important que tout le monde s’y retrouve.»  

L’inclusion de la communauté noire dans la toponymie est d’une importance capitale pour ses membres, mais aussi pour l’ensemble des Montréalais.

Édouard Staco, président du Sommet socio-économique pour le développement des jeunes des communautés noires.  

Conseillère en développement communautaire du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à Saint-Léonard, Arianne Justafort affirme qu’il serait grand temps de mettre en valeur l’identité de la communauté noire à Montréal.  

«Ça fait depuis longtemps que nous sommes bien établis dans la ville. Aujourd’hui, c’est vrai qu’il y a très peu de noms de lieux publics associés à notre communauté. Il en existe pourtant beaucoup qui pourraient l’être, et qui renforceraient le sentiment d’appartenance de bon nombre de Montréalais.»  

Rito Joseph œuvre à faire découvrir l’histoire de la communauté à travers des ateliers historiques dans la Petite- Bourgogne. Pour lui, cette représentation dans l’espace urbain a une grande importance pour la culture commune.  

«C’est une compréhension globale de la culture locale. Quand on fait fi de certaines communautés dans la représentation dans la ville, on se prive d’une certaine culture, et donc d’une cohésion sociale.»   

L’importance va au-delà de la population; c’est pour la société entière.

Rito Joseph, Guide culturel et fondateur de Black Montreal Experiences. 

Pour le directeur général de Never Was Average, Harry Julmice, donner le nom d’une personne noire à un toponyme permet de «préserver l’héritage» de ces personnes qui ont eu un impact dans la société.  

Le directeur général de Never was average , Harry Julmice ; Photo: Kitra Cahana 

«Des rues qui sont nommées en l’honneur de ces personnes permettent de s’assurer que leur essence est encore en vie, car elle est célébrée à chaque fois que l’on prononcera leur nom», rappelle-t-il.

En collaboration avec David Flotat

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