Après la baleine à bosse, un petit rorqual est à Montréal
Pour la deuxième fois en deux ans, une baleine fréquente actuellement les eaux du Saint-Laurent dans les environs de Montréal. Cette fois-ci, il s’agirait d’un petit rorqual.
Le mammifère marin pouvant atteindre une longueur de huit mètres dans le Saint-Laurent et même jusqu’à 10 mètres dans l’Antarctique a été aperçu près de la Biosphère dans la journée d’hier et d’aujourd’hui. Normalement, cette espèce se tient dans le golfe et dans l’estuaire du Saint-Laurent de mars à décembre… soit à plus de 450 kilomètres de la métropole. Sa présence en eau douce est préoccupante pour sa santé.
Selon le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), qui a dépêché sur place des observateurs et bénévoles du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM), l’animal «semble en bonne condition et paraît nager librement». Il est toutefois difficile de comprendre pourquoi celui-ci s’est rendu jusqu’à Montréal, comme l’indique le coordonnateur du RQUMM, Robert Michaud. «On ne sait pas pourquoi ces animaux-là s’aventurent comme ça dans le fleuve jusqu’à Montréal. Ce n’est pas la première fois qu’on retrouve un petit rorqual dans le coin. On a un rapport de deux petits rorquals dans le Vieux-Port de Montréal au début des années 1900», raconte-t-il en entrevue avec Métro.
«Ce sont souvent de jeunes explorateurs, des animaux affamés, désorientés ou inexpérimentés. Ça arrive à toutes sortes d’espèces et souvent, ces aventures-là sont assez malheureuses. Dans le cas du petit rorqual dont on parle, il se retrouve dans le coin de Montréal dans un environnement qui, physiologiquement, est un peu hostile pour lui. Il est exposé à toutes sortes de pathogènes, des algues, qu’il ne connaît pas. Il n’a probablement pas la nourriture qui lui convient également», ajoute M. Michaud, qui indique également «qu’on ne sait pas combien de temps» celui-ci peut vivre en eau douce. Cependant, il cite en exemple la visite du rorqual à bosse en 2020 qui avait passé une dizaine de jours dans la région. Celui-ci «avait développé une méga-flore d’algues sur son dos, ce qui a possiblement contribué à son décès», indique-t-il.
Parmi les mesures mises en place par le GREMM, un avis à la navigation «pour inciter les pilotes à être particulièrement vigilants à cette présence» a été publié à l’intention des pilotes du Saint-Laurent et des plaisanciers. Les autorités de la Ville de Montréal ainsi que celles de Pêches et Océans Canada ont également offert leur collaboration pour s’assurer que la population n’approche pas la bête sur le fleuve. D’ailleurs, le règlement sur les mammifères marins oblige la population à respecter une distance minimale de 100 mètres avec l’animal. De plus, le groupe documentera la condition physique de l’animal et récoltera des données sur celui-ci. Ces informations permettront de suivre plus facilement son état de santé si son séjour aux alentours de Montréal devait se prolonger.
En 2020, le rorqual à bosse qui avait passé plusieurs jours dans la région de Montréal avait notamment été aperçu au large de Pointe-aux-Trembles et près de la passerelle Cosmos entre la Biosphère et le circuit Gilles-Villeneuve avant de s’échouer près de Varennes. «Le petit rorqual qui nous intéresse aujourd’hui est considérablement plus petit que le rorqual à bosse qui nous a visités en 2020, et qui peut atteindre jusqu’à 15 mètres. Ce n’est pas le même volume non plus. Le petit rorqual, c’est une petite fusée effilée, alors que le rorqual à bosse, c’est une grosse baleine toute ronde», précise M. Michaud. Néanmoins, les citoyens qui souhaitent tenter de l’observer à partir des rives pourraient quand même assister à de spectaculaires acrobaties, comme ce fut le cas en 2020 lors de la visite d’un rorqual à bosse. «Le petit rorqual est connu pour faire des bonds hors de l’eau qui peuvent être assez spectaculaires, et parfois dans de longues séries. C’est un animal moins gros, donc c’est moins spectaculaire, mais il a des habiletés d’acrobate assez exceptionnelles. Cependant, pour l’instant, personne ne l’a vu avoir des comportements aussi énergiques que ça», résume le coordonnateur du RQUMM.
Malheureusement, le GREMM précise «qu’il n’existe à l’heure actuelle aucune technique connue ou expertise dans le monde pour déplacer ou repousser un animal marin de cette taille sur 400 km». Ainsi, outre qu’espérer pour le mieux, l’unique solution afin que le rorqual retourne dans son habitat naturel est qu’il choisisse lui-même de rebrousser chemin. «Il n’est pas question de capturer l’animal. Il est beaucoup trop gros», signale Robert Michaud.