Luis Miranda à nouveau dans l’eau chaude
Après avoir rabroué un adolescent lors d’un conseil d’arrondissement, la maire d’Anjou Luis Miranda se retrouve à nouveau sur la sellette. Des élus lui reprochent des propos par lesquels il aurait créé «des amalgames et stigmatisé» des minorités ethniques.
Une motion dénonçant «les propos discriminatoires tenus» par Luis Miranda était présentée par la mairesse Valérie Plante lors du conseil municipal, lundi après-midi. Ces propos avaient été adressés à un adolescent de 15 ans, lors d’un conseil d’arrondissement. La motion en question a été adoptée à l’unanimité.
En réaction à cette motion, Luis Miranda a pris la parole pour défendre sa collaboration avec les jeunes de la ville. Il s’est targué d’avoir rencontré des jeunes de la «communauté musulmane» l’hiver dernier, et d’avoir organisé un brunch avec des jeunes en 2018.
Mais, par la suite, pour justifier sa décision de fermer des terrains de soccer, il a rappelé que des jeunes refusaient parfois d’arrêter de jouer. Qu’en raison de leur présence, certains citoyens, dont des aînés qui jouent à la pétanque, «avaient peur».
«Nous ne serions pas où nous en sommes si la mairesse avait respecté ses engagements en sécurité», a-t-il ajouté.
Amalgames et stigmatisation
Ce lien évoqué par M. Miranda entre les rencontres avec la «communauté musulmane» et les enjeux de sécurité a fait grandement réagir certains élus, à commencer par Alia Hassan-Cournol, de Projet Montréal.
«Faire des amalgames sur des jeunes, sur des jeunes de communautés particulières, sur de jeunes musulmans, dans un conseil municipal quand on porte l’écusson de la Ville de Montréal sur notre veston, sur notre cœur, c’est inadmissible», a-t-elle dénoncé.
Couper la parole aux jeunes, c’est couper la démocratie.
Alia Hassan-Cournol, conseillère du district de Maisonneuve–Longue-Pointe
Le conseiller d’Ensemble Montréal Abdelhaq Sari lui a emboîté le pas. «Je suis sûr que ce que M. Miranda a dit, il ne le pensait pas. Mais quand il parle de soccer, de musulmans, de Maghrébins, si ce n’est pas de la stigmatisation, c’est quoi?», a-t-il dit.
Luis Miranda s’est défendu en précisant qu’en politique, les «propos pouvaient être déformés».
On essaie de me faire croire que je suis raciste. Du tout. Quand j’ai vu ces jeunes, ça m’a fait plaisir.
Luis Miranda
Excuses partielles
M. Miranda a commencé sa prise de parole en indiquant qu’il ne ferait «pas de déclaration, car ce n’était pas l’endroit». «C’est quelque chose qui s’est passé à l’arrondissement et ici, ce n’est pas le lieu», a-t-il estimé.
Il s’est tout de même excusé de sa réaction envers Hocine Ouendi, l’adolescent qu’il a rabroué au conseil d’arrondissement. «Je ne peux pas avoir un argumentaire comme ça avec un jeune, je dois faire attention», a-t-il admis.
Au début du mois, Hocine Ouendi, 15 ans, s’est présenté au conseil d’arrondissement d’Anjou. Il tenait à exprimer sa déception quant à l’interdiction de pratiquer le soccer libre sur certains terrains décrétée par l’arrondissement, il y a plus d’un mois. Calmement, le jeune de 15 ans demandait au maire de considérer l’ouverture des terrains synthétiques une fois par semaine.
M. Miranda a répondu vaguement à la question, puis s’est emporté. «À 15 ans, je ne serais pas venu affronter le maire comme vous le faites. Je ne sais pas pourquoi c’est vous, ça aurait dû être votre mère ou votre père», a indiqué le maire d’Anjou à l’adolescent.
Luis Miranda s’est finalement excusé à la télévision, la semaine dernière. Mais on l’accuse d’avoir minimisé sa faute. «Hocine Ouendi, ses parents, ainsi que de nombreuses personnes de la société civile, qui se sont exprimés sur différentes plateformes, se sont dits choqués par la réplique du maire et ont exigé des excuses, que le maire a offertes, par le biais des médias, ce qui n’a pas satisfait les principaux concernés», indique-t-on dans la motion déposée par la mairesse Plante.