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Allégations de climat toxique dans une grande institution montréalaise

La présidente de l'OCPM, Isabelle Beaulieu lors du 20eme anniversaire de l'OCPM.
La présidente de l'OCPM, Isabelle Beaulieu, lors du 20e anniversaire de l'OCPM. Photo: Facebook / Office de consultation publique de Montréal

Plusieurs sources préférant demeurer anonymes ont rapporté à Métro qu’un climat toxique régnerait à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Des allégations font état d’intimidation, d’un rythme de travail inhabituel et de directives «déconnectées de la réalité», le tout rythmé par les humeurs de l’actuelle présidente Isabelle Beaulieu, depuis son entrée en poste en février 2022.

«C’est de l’intimidation, mais c’est surtout une gestion à deux vitesses. C’est du passif agressif, toujours [fait] dans le dos», allègue une des sources contactées par Métro.

Sa façon de gérer, c’est de rabaisser tout le monde ou d’être toxique avec les gens pour que les gens baissent la tête et suivent le chemin. Il n’y a pas moyen de parler avec elle, c’est impossible; c’est sa façon ou rien. 

Une source ayant travaillé sous la présidence d’Isabelle Beaulieu

Selon une personne déjà en poste au sein de l’OCPM à l’arrivée de Mme Beaulieu, le climat toxique se serait installé dès les premières rencontres avec la nouvelle présidente.

«Quelques semaines après son arrivée, elle a fait pleurer quelqu’un, elle était très agressive sur certains points avec certaines personnes. Dès qu’elle sentait que la personne pouvait avoir une faiblesse ou quoi que ce soit, elle attaquait de façon assez ouverte, affirme une source. Les gens autour d’elle sont de toute façon vus de façon médiocre; que ce soit les employés ou les citoyens, c’est pas mal de même niveau.»

En entrevue avec Métro, Mme Beaulieu soutient de son côté ne jamais avoir intimidé des employés de l’OCPM. Au contraire, elle souligne l’importance de «prendre soin» de ses employés.

«Si vous me parlez d’un climat toxique, je dois vous dire qu’il y a une erreur. Ça va très bien avec l’équipe, se défend Isabelle Beaulieu. Il y a vraiment une atmosphère intéressante et la majorité de l’équipe est enthousiaste.»

Elle explique que le retour en présentiel n’a pas été facilement accepté par certains employés, au sortir de la pandémie. Mme Beaulieu soutient cependant qu’aucune dispute n’a eu lieu entre elle et des employés.

«Il n’y a pas de climat toxique, réitère-t-elle. Il y a eu des employés qui ont trouvé ça très difficile de revenir travailler en présentiel. Quand je suis arrivée en février, il fallait se remettre au travail […]. La sortie de pandémie, ç’a été dur, ça, c’est clair.»

Congédiement surprise

L’ensemble des sources consultées par Métro a travaillé sous la présidence d’Isabelle Beaulieu. Certaines d’entre elles ne travaillent plus à l’OCPM tandis que d’autres sont encore présentes au sein de l’organisation.

Une d’entre elles affirme avoir été remerciée par la direction après avoir témoigné de son inconfort face au comportement de Mme Beaulieu. Quelques mois auparavant, cette source avait pourtant reçu une évaluation professionnelle qui se serait conclue de manière «très positive». On lui aurait même parlé de son avenir au sein de l’OCPM et de ses plans d’action pour l’année 2023.

Une «énième prise de bec» aurait éclaté entre Mme Beaulieu et cette personne peu de temps après son évaluation. L’employé se serait permis d’en parler à son supérieur, afin d’améliorer la situation et ses conditions de travail.

«En rabaissant tout le monde et en faisant paraître tout le monde comme des incompétents, ça lui permet de garder le dessus, soutient cette source. Je suis allé en parler à mon supérieur immédiat, qui était également responsable des ressources humaines. Le lendemain ou le surlendemain, son attitude à elle [Mme Beaulieu] a beaucoup changé […]. Il n’y avait pas de sincérité dans sa façon de communiquer avec moi, je sentais qu’il y avait quelque chose qui bouillait en dessous.»

De retour du congé des Fêtes et n’ayant pas vu Mme Beaulieu ou son supérieur depuis, c’est avec stupéfaction que l’employé a appris qu’il était remercié.

«On m’a juste dit que mes services n’étaient plus nécessaires, qu’on me libérait de mes fonctions, mais on n’a pas donné de raison à ce départ, explique l’ancien employé. J’ai demandé une raison, car j’essayais de comprendre ce qui se passait. Juste avant les vacances, on me disait que tout allait bien et on parlait de mon futur puis là, tout d’un coup, ça ne marchait plus…»

On lui aurait par la suite répondu que sa vision «cadrait mal avec les politiques de l’Office».

Questionnée à ce sujet par Métro, Mme Beaulieu a refusé de commenter des dossiers personnels de ressources humaines. «Il y a avait une personne en probation en effet sur un poste; ça n’a pas fait l’affaire, il n’est plus avec nous, c’est tout», a-t-elle cependant indiqué.

Des directives du tout au contraire

Plusieurs sources affirment à Métro avoir reçu des directives «déconnectées de la réalité» venant de la présidente de l’OCPM, alléguant devoir travailler à des rythmes inhabituels.

«Le premier jour, elle me disait quelque chose et le lendemain, elle me disait complètement autre chose, ajoute une source. J’ai compris que c’était une façon de saboter le travail des autres pour les faire paraître incompétents et garder le dessus. Elle n’accepte pas de ne pas être celle qui est au-dessus des choses.»

De son côté, Mme Beaulieu explique qu’avant son entrée en poste, l’Office tournait à faible régime, car la présidence était vacante depuis plusieurs mois.

«Sur des dossiers où j’étais responsable […], ils m’ont carrément tassée, ajoute une autre source. À partir de l’été, j’ai vu que mon poste était bancal et que ma santé mentale ne résisterait pas jusqu’à [la fin de mon contrat]. La journée de ma proposition de démission, je me suis fait dire par d’autres membres de la direction qu’ils avaient déjà engagé des gens dans mon dos pour remplacer mon poste.»

Une des sources allègue par ailleurs que certaines prises de décisions de la présidente ne sont pas en phase avec la réalité de l’institution, ces décisions favorisant des besoins matériels au détriment des besoins humains.

«C’est comme si elle n’était pas en contact avec ce que sont les besoins de l’Office, explique une des sources. Il y a des réalités au quotidien qui sont là et elle est complètement déconnectée de cette réalité-là. Les besoins humains n’existent pas pour elle. C’est comme si c’était superflu.»

Mme Beaulieu se défend en expliquant que les conditions des employés de l’OCPM ont été bonifiées depuis son entrée en poste, notamment par une bonification des assurances santé, par des promotions en interne et par des augmentations de salaire.

«J’ai augmenté les salaires, j’ai fait quatre promotions […]. Je ne vois pas pourquoi vous pourriez croire que je ne m’occupe pas des humains, dit la présidente de l’OCPM. Les humains, c’est ce qui fait la force de l’Office.»

D’autres allégations concerneraient de «grandes dépenses» engagées sous la présidence de Mme Beaulieu, effectuées avec les fonds publics alloués à l’OCPM. Métro n’a pas encore reçu les informations demandées à l’OCPM au sujet de ces dépenses.

Mme Beaulieu explique cependant que l’acquisition de mobilier et d’équipement technologique était nécessaire pour les consultations publiques au sein de l’Office et que le mobilier était désuet.

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