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Des excuses publiques demandées à la mairesse Plante et à Fady Dagher

Valérie Plante, accompagnée de Fady Dagher et de Martin Prud'homme, directeur adjoint à la sécurité urbaine de la Ville de Montréal. Photo: Nicolas Monet/Métro

Les manifestants ayant fait l’objet d’arrestations de masse entre 2011 et 2015 par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) demandent à ce que la mairesse de la Ville de Montréal, Valérie Plante, et le chef du SPVM, Fady Dagher, reconnaissent publiquement leurs torts.

Les représentants des manifestants dénoncent les excuses timides de la Ville de Montréal. On retrouve celles-ci dans une déclaration publiée sur le site du service des affaires juridiques de la Ville, au bas d’une page, sans contexte.

«Nous ne voulons pas d’excuses au rabais!, clame le représentant des arrestations de masse du 7 juin 2012, Marcel Sévigny. Étant donné les faits accablants, nous persistons et demandons que la mairesse Valérie Plante et le chef du SPVM, Fady Dagher, reconnaissent publiquement les torts causés aux milliers de manifestants que nous représentons.»

Dans sa déclaration, la Ville «reconnaît que certains gestes posés par les forces policières et l’administration municipale à l’égard des participantes et participants aux manifestations visées par les présentes actions collectives ont porté atteinte à certains de leurs droits fondamentaux, leur causant ainsi des dommages». Elle adresse ensuite ses excuses à ces personnes. 

Mais pour les représentants des manifestants, cela ne suffit pas. Ils souhaitent une prise de parole comparable à celle de l’ancien maire Denis Coderre en 2017 à l’égard de la communauté 2SLGBTQ+ pour la répression policière qu’iels avaient subie entre les années 1960 et les années 1990. 

En février dernier, la cour a approuvé le versement de 6 M$ par la Ville de Montréal aux milliers de manifestants concernés. Cette entente permet à ceux-ci de recevoir entre 1500 $ et 2000 $ chacun. 

«L’objectif des recours collectifs n’était pas de réduire nos droits fondamentaux à une somme d’argent, mais d’amener la Ville à assumer pleinement les conséquences de sa gestion antidémocratique des manifestations», ajoute Marcel Sévigny. 

Entre 2011 et 2015, des mouvements de contestation sociale ont poussé des milliers de personnes à manifester dans les rues de Montréal. Le SPVM avait alors procédé, notamment par l’application de l’ancien règlement P6, à des arrestations de masse. La police avait alors employé des pratiques ayant causé des dommages physiques et moraux aux manifestants. L’actuel chef du SPVM, Fady Dagher, était le directeur adjoint du service de police au moment des faits. 

«Ce soir-là, j’ai craint pour ma sécurité»

La représentante des personnes arrêtées et détenues le 20 mai 2012, Isabel Matton, se rappelle avec émotions le déroulement de cette soirée qui a marqué à jamais sa mémoire. Il est important pour elle que la population ait conscience des histoires qu’ont vécues ces milliers de manifestants. 

«Ce soir-là, j’ai craint pour ma sécurité, dit-elle d’une voix tremblante. J’ai été aveuglée par le poivre de Cayenne, j’ai respiré des gaz lacrymogènes pour la première fois, j’ai entendu une bombe assourdissante exploser juste à côté de moi. J’avais peur.»

Elle raconte avoir dû par la suite être traitée pour un choc post-traumatique et faire encore des cauchemars en lien avec les événements. 

J’ai eu peur de sortir manifester et j’ai encore peur de manifester.

Isabel Matton, représentante des personnes arrêtées et détenues le 20 mai 2012

«J’ai eu des ecchymoses aux côtes, aux bras, aux jambes pendant des semaines, raconte Isabel Matton. Ce soir-là, c’est entre autres mon droit à la sûreté et mon droit à l’intégrité qui ont été bafoués, mais aussi notre droit à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association qui a été brimé.» 

La mairesse Plante réitère ses excuses

À la suite de la prise de parole des différents représentants, la mairesse Plante a réitéré ses excuses sur son compte Twitter. 

«L’entente qui a été conclue avec les victimes de l’ancien règlement P6 témoigne de notre engagement à défendre leurs droits fondamentaux», a-t-elle poursuivi dans un autre gazouillis.

Au moment où ces lignes étaient écrites, le SPVM n’avait pas répondu aux demandes de Métro à propos des excuses publiques de Fady Dagher. 

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